La France, précurseur sur la question de la sécurité
Journal Le Cheval : Un outil incroyable d’accompagnement par sa richesse et ses angles de vue votre nouveau manuel ?
S. Dubourg : « C’est le fruit d’une grande concertation. Nous souhaitions asseoir des connaissances que nous avions de façon empirique, offrir un socle commun à tous les acteurs du sport. Pas juste de la compétition, du sport. Avec une volonté d’apporter un « outil concerté ». Sur des interprétations différentes, il est fondamental que la fédération prenne la parole. C’est toujours un travail de longue haleine parce que le nombre d’intervenants est toujours conséquent. C’est un travail que nous avons initié il y a dix ans lorsque nous avons réformé les règlements. Nous avons dissocié le cadre juridique de notre sport et avons extrait toutes préconisations d’accompagnement pour les intégrer dans une collection qui s’appelle « guides de la discipline ».
LC : Il faut que le cheval comprenne la question, l’une des lignes directrices ?
S. Dubourg : « Il y a des sports comme ça où l’on peut parler d’osmose. Souvent des sports mécaniques. Nous c’est de l’ordre du vivant, c’est d’autant plus renforcé que le cheval ne parle pas. Il ne s’agit pas que de codes, mais c’est bien le connaître pour lui proposer ce qu’il est capable de faire. Qu’il puisse également se substituer aussi à nos compétences et réflexes, et ce, en tant qu’athlète lui aussi. Ce qui signifie également qu’il faut l’y préparer. Il s’agit de connaissances, de compréhension, d’accompagnement et de préparation jusqu’au jour J. Nous avons un sport d’extérieur, avec des obstacles fixes, il ne faut pas s’en cacher, ni mentir, mais amener à cette discipline-là des cavaliers qui ont envie de la pratiquer et qui recherchent cette adrénaline ».
M. Asseray  « Acheter un cheval qui est fait pour cette discipline, qui aime ça, qui a une bonne technique. Il y a une sélection de chevaux aussi qui est importante. Un cavalier qui soit adapté, que le couple soit harmonieux. Construire ensuite, selon programmes et sessions. Après chaque compétition, revoir sa saison, peut-être continuer sur le programme, ou y apporter des adaptations. Le coach dans son accompagnement doit orienter le cavalier. Le bon cheval, dans la bonne épreuve, à la bonne vitesse et progressivement, c’est mettre toutes les chances de son côté pour que cela se passe bien ».
LC : L’approche par la dimension équine, la vision du cheval, la gestion des profondeurs, des ombres, de la colorimétrie, les angles, les distances, le moins qu’on puisse dire c’est que c’est multi-dimensionnel …
M. Asseray « Il existe même une application qui permet de visionner l’obstacle avec votre vue puis avec celle du cheval. C’est déroutant parce que vous préparez l’obstacle qui vous paraît clair, vous prenez l’obstacle avec votre téléphone, et là vous pouvez parfaitement vous rendre compte que ça manque encore de clarté, et qu’il faut rajouter de la couleur ou du sable. C’est Alain Ponsot qui a beaucoup travaillé avec nous à la fédération pour créer ce système. J’ai été invité plusieurs fois à des réunions de sécurité France Galop, à la commission de sécurité en courses, et ils sont aussi là -dessus, on voit maintenant des obstacles orange, c’est aussi pour la vue du cheval. Le cheval doit freiner, voir le pied comme le haut de l’obstacle. Nous avons aussi mis en place la règle des 45% sur la partie haute au cas où le cheval est un peu pris dans ses genoux pour qu’il puisse passer ».Â
LC : Les « Pourquoi et Comment » de la mise en place d’Alerteurs ?
M. Asseray : « Il est essentiel que nous puissions tous rester vigilants. Certains diront que les commissaires aux obstacles sont déjà là , certes, mais il faut connaître le quotidien des terrains, enjeux, ou personnalités, pour savoir qu’il n’est jamais anodin de décider d’arrêter un concurrent sur un parcours. Parfois le nombre d’intervenants ne permet pas une supervision directe de chaque progression. Ce groupe d’alerteurs composés de cavaliers et de coachs, pourra ainsi sur tous types de compétitions, participer au « Tous responsables ».
Nous faisons partie des grandes nations qui travaillent sur la sécurité, nous sommes par ailleurs qualifiés de précurseurs en la matière. C’est Laurent Bousquet qui préside le comité de la sécurité et un expert en parachutisme qui nous oriente dans la mise en place des procédures.  Nous avons également mis en place un système d’alerte qui m’arrive directement post-compétitions. Dès lors qu’on a plus de 3 % de chutes et 10% d’éliminés, je reçois une alerte avec les niveaux, les chiffres. Le but est de me mettre en rapport avec le chef de piste pour comprendre ce qui s’est passé, regrouper les informations, mener les études et prendre des directives qui peuvent nous amener à supprimer des profils d’obstacles qui sont mal sautés.Â
Le message est de défendre la place du sport en ce moment au milieu de cette crise sanitaire ».Â
S. Dubourg : « Je suis cadre d’Etat, Ministère des Sports. Sans faire de grandes phrases philosophiques, je suis personnellement persuadée que la meilleure des préventions, c’est le sport. Les gens en bonne santé sont quand même moins impactés quand ils sont touchés. Et puis nous réunissons toutes les conditions optimales, l’extérieur, le partage avec un animal. En intérieur, nous pratiquons en manège, toujours aéré, hyper ventilé. Le grand public l’a compris, nous sommes 3e fédération en France en termes de licenciés, mais nous sommes la seule fédération avec une rentrée positive. Ces indices redonnent confiance en la place du cheval dans les familles. Comme avec le golf ou la course d’orientation, nous sommes en plein air, mais nous avons en plus ce binôme vivant.
Continuons à bouger, faire du sport, à profiter de la nature et de ce lien avec l’animal ».Â
Le manuel du Chef de Piste CCEÂ : www.ffe.com/officiel/Cursus/Officiels-de-competition-CCE/Manuel-du-chef-de-piste-de-concours-complet
Melanie Guillamot
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