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La génétique des chevaux d’endurance

Un important projet « GenEndurance » permettra bientôt de déterminer les caractères préjudiciables à un cheval pour la pratique de l'endurance à haut niveau et d'apporter des critères de sélection aux éleveurs grâce à différents indices : morphologie, comportement, métabolisme, génétique.Ces résultats seront le fruit d'une collaboration entre les équipes de l'INRA (département de biologie intégrative et de génomique équine), représentée par le docteur Eric Barrey, et celle de l'école vétérinaire d'Alfort avec le docteur Céline Robert. Photo 1 sur 1

En 2011, cinq à six cent chevaux d'endurance participeront à ce projet, 250 l'avaient déjà fait à la fin juillet sur les courses de Fontainebleau, Sommant, Castelsagrat et Compiègne. La moitié d'entre eux étaient engagés sur des épreuves de 120 à 130 km, les autres sur 90 et 160. Sur les 17 chevaux sélectionnés pour les championnats d'Europe, 14 ont participé au programme GenEndurance, 7 avant les courses de sélection et 7 à l'arrivée de ces mêmes courses. Les docteurs Barrey et Robert remercient leurs cavaliers : « Avoir accès aux résultats de ces chevaux est à la fois une chance et une nécessité pour la poursuite de notre étude ».

Conditions de participation
Pour être inclus dans l'étude, les chevaux doivent :
- avoir au moins un ascendant direct (père ou mère) de race Arabe pour des raisons d'homogénéité,
- courir en France (performances indexées par le SIRE),
- participer à des épreuves de 90 km ou plus à vitesse libre.

Déroulement des tests
Les tests durent une dizaine de minutes et sont généralement effectués sur les temps morts des courses ou la veille de l'épreuve. Trois ateliers de mesures sont proposés à tous les cavaliers/propriétaires :
- le morphotype : mesures garrot, périmètre thoracique, longueur des rayons osseux, complété par des photographies,
- test d'allures en main au pas et au trot de leur cheval (phénotypage, caractères visibles à l'œil nu) grâce à la pose d'un boîtier enregistreur muni de capteurs (accéléromètres) pour mesurer scientifiquement les mouvements verticaux et horizontaux du cheval,
- prélèvement sanguin (pour génotypage et étude du métabolome). Mesures des enzymes musculaires, du taux de protéïnes dans le sang, du glucose, de l'acide lactique et des acides aminés et gras.
Sur les épreuves de 160 km, les plus sollicitantes pour l'organisme, le prélèvement sanguin a lieu après le passage du contrôle final pour étudier les modifications biochimiques du métabolome et du transcriptome à l'effort.
Les cavaliers reçoivent par mail le résultat du test d'allures de leur cheval ainsi que les résultats de la biochimie sanguine post-course pour les chevaux de 160 km.

Résultats des premières mesures
D'après les résultats des premières mesures prises sur des chevaux ayant couru sur 90 à 160 km, le « cheval moyen d'endurance » toise 1m54 pour 400 kg et sa note d'état corporel est proche de l'idéal de 3 (échelle IFCE sur 5). L'ensemble tronc + membres s'inscrit dans un carré puisque, en moyenne, la longueur corporelle, de la pointe de l'épaule à la pointe de la fesse, est égale à la hauteur au garrot.
Le projet précise que ce « cheval moyen » n'est pas forcément le plus performant, cependant, dans les meilleurs chevaux français qui ont été mesurés certains associent ces deux qualités...
Les chevaux examinés avaient en moyenne 10 ans (écart type 2 ans). Les juments sont les plus représentées (47,4%) devant les hongres (43,8%) et les entiers (8,9%). Les chevaux arabes purs sont les plus nombreux (62%).
Seuls 15 étalons ont plus de 2 produits ayant participé à l'étude avec un maximum de 6 pour Dormane.
Côté mère, seules 8 juments ont 2 produits dans l'étude et 5 pères de mère sont autant représentés : Maklouf, Masan, Aster, Djourman et Fawzan.

A l'heure où était rédigé cet article le nombre de chevaux échantillonnés était encore insuffisant pour débuter des analyses de génotypage qui requièrent un minimum de 300 individus. Le projet GenEndurance se poursuivra, entre autres, à la finale nationale des jeunes chevaux d'endurance 2011 à Uzès.

Financement du projet GenEndurance

Un budget sur 4 ans a été voté incluant les analyses, les frais de déplacements et le matériel. Les frais de personnel sont assurés par le Ministère de l'Agriculture et l'INRA qui prend en charge 50% du salaire d'un étudiant vétérinaire.
Les principaux financeurs sont : le fonds Eperon (financé par France Galop) pour un montant de 300 000 euros et l'IFCE dans le cadre de son comité d'orientation scientifique et technique pour 80 000 €.
L'Association du Cheval Arabe soutient aussi le projet GenEndurance.

Composition de l'équipe GenEndurance

Une équipe permanente de 6 chercheurs a été constituée, à celle-ci s'ajoutent un minimum de 8 étudiants vétérinaires à chaque sortie sur le terrain. Ces derniers agissent dans le cadre d'une thèse, d'une unité d'enseignement ou de l'activité laboratoire de l'INRA.

Coût

« Une analyse du génome pour un cheval représente un coût de 200 € Hors Taxes. »

Stéphanie Chaouat

25/08/2011

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