La Normandie à la rencontre des éleveurs polonais
Le samedi 5 et dimanche 6 mars dernier, se tenait à Dolsk, près de Poznan une conférence sur les nouvelles technologies d'élevage et de reproduction, actuelles et futures. Trois vétérinaires, professeurs à l'université de Varsovie mais également praticiens avaient pour mission d'animer ce colloque.
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Tout d'abord le Docteur Sylvester Zajac a développé le thème de l'insémination des juments et le diagnostic de la gestation. Le Docteur Maciek Witvowski avait pour sujet le suivi gynécologique, le poulinage et les premiers jours de vie du poulain. Le Professeur Marian Tischner a parlé de la biotechnologie dans la reproduction des chevaux, des transferts d'embryons et du clonage.
Il faut rappeler que le professeur Tischener a travaillé en étroite collaboration avec le professeur Palmer sur ce dernier sujet.
Pour mettre en pratique toutes ces techniques, il faut bien évidemment des étalons et des juments appartenant forcément à un Stud Book. Le Stud Book du Selle Français était l'invité d'honneur par l'intermédiaire de M. Raphaël Dulin, éleveur et propriétaire de l'élevage de Coquerie dans la Manche.
Nous avons rencontré Raphaël à son retour. Explications et conclusions.
Le Cheval : Quelle était la raison de votre présence en Pologne ?
R. Dulin : Tout d'abord, j'avais à retracer l'historique des Haras Royaux, du temps de Colbert à nos jours en insistant sur les grandes lignes et les moments forts de leur évolution. Et puis il y a la naissance des Haras Nationaux en 1874 que le Maréchal de Mac-Mahon a créés en faisant voter la loi Bocher. J'ai pris un peu de temps pour expliquer leur structure et leur mode de fonctionnement. Bien évidemment, le point important était la naissance du Selle Français en 1958, puis celle de l'ANSF avec son rôle et son pouvoir. J'ai conclu le premier jour par la fonction actuelle des haras nationaux qui se résume aujourd'hui à des prestations de service auprès des éleveurs, des organisations socio-professionnelles et collectivités territoriales. Il était très important de parler des souches et des lignées de chevaux qui ont fait et qui font encore la gloire du Selle Français sans oublier les souches et les lignées des hommes qui les ont mis en valeur. Le deuxième jour était plus technique, avec la description du modèle, de la locomotion et du comportement du cheval destiné à la compétition.
L.C. : Quel sentiment avez-vous ressenti auprès de l'assistance pendant votre exposé ?
R. D. : « Tout simplement par leurs interrogations et leur curiosité, j'ai ressenti leur envie de mieux connaître cette race. Il y a peu de SF en Pologne mais les Polonais ont le désir de connaître cette race et de l'utiliser. Comme vous le savez la Pologne est voisine de l'Allemagne, il est donc plus facile pour eux d'acquérir des chevaux allemands. En visitant une écurie de compétition le dimanche matin, on s'est aperçu que l'équitation polonaise était très germanique, dans les chevaux et dans le travail quotidien où il est interdit à sa monture de « penser ».Tous les cavaliers ne sont pas en mesure de faire cela. Je me suis donc efforcé de démontrer que le Selle Français n'exige pas cette méthode et qu'il s'adapte plus naturellement à un grand nombre de cavaliers. »
L.C. : Pensez-vous qu'un marché puisse se développer vers ce pays ?
R. D. : « Je ne suis pas sûr qu'il devienne actif très rapidement. Ce que je sais, c'est qu'il y a des gens intentionnés et motivés. Il est donc logique que nous apportions notre contribution. J'ai rappelé que pour faire naître et élever de bons chevaux, il faut de bonnes souches, et que si besoin était, nous en avions ! ».
L.C. : Quelle conclusion tirez-vous de ce voyage ?
R.D. : « Humblement, je dirais qu'il faut que les Polonais se structurent et qu'ils établissent une feuille de route en matière de politique d'élevage, par exemple. Cela devrait être le travail de l'administration des Haras Polonais, mais elle est moribonde. En revanche, il y a dans le privé des gens motivés, décidés et capables de prendre leur destin en main. Je pense qu'ils sont prêts à recevoir notre aide et nos conseils.Â
La porte vers la Pologne est ouverte depuis longtemps. Simplement, il n'y avait pas de Français derrière. J'espère que cette rencontre débouchera sur des actions concrètes. En ce qui nous concerne, le GFE est prêt à collaborer de manière forte avec les éleveurs polonais mais il faut que d'autres institutions se mobilisent. Je pense que l'ANSF a son rôle à jouer pendant les journées SF, que les centres de congélations de semences doivent convaincre les centres de mise en place polonais sur la qualité et le sérieux de leur travail. Oui il y a des choses intéressantes à faire ».
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