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La politique de l’étalonnage HN face aux associations nationales de race

(en ligne le 16 avril 2008) Par Yves Chauvin, président de l'ANSF. - « Depuis le début de mon mandat à la tête de l’ANSF, je me suis entretenu souvent avec la direction des HN pour lui faire part de faits qui m’ont interpellé venant des services chargés de Photo 1 sur 1
l’acquisition d’étalons (confirmation d’achat d’étalons non approuvés, politique de réservation de poulains au sevrage non adaptée à l’évolution du marché, tarif discriminatoire de mise en place – 80 € de plus pour les SF par rapport aux AAR, AR, poneys, etc.).
Mon discours a eu l’écoute attentive de la nouvelle direction des HN et on m’a fait savoir que les choses allaient évoluer positivement dans l’avenir avec une réelle concertation entre les associations nationales de race et les Haras nationaux dans le domaine de l’étalonnage.
Un an après, force est de constater que si nous avons évolué de manière très positive sur de nombreux sujets avec les HN, rien n’a évolué, rien n’a bougé, aucune concertation ne s’est établie entre le tout puissant service de l’étalonnage et l’ANSF.

Achat de Conterno Grande

L’achat par les HN de l’étalon Conterno Grande a été au contraire l’occasion pour l’institution de réaffirmer et de montrer sa toute puissance en revendiquant, affirmant, défendant bec et ongle sa liberté d’acquisition sans concertation avec des arguments frôlant l’intolérable (l’ANSF a été traitée comme dirigée par l’étalonnage privé et donc jugée de ce fait comme un interlocuteur indigne et non fiable par Bernard Dumont St Priest dans un article paru dans le journal ‘‘le cheval’’).

Il est temps de rétablir une certaine vérité :

1. Le conseil d’administration de l’ANSF est composé principalement d’éleveurs, tous élus dans chacune de leurs régions respectives. Ils sont tous unanimement reconnus par leur qualité, leurs connaissances et leur professionnalisme. Ils apportent leur pierre à l’édifice.
Certains sont devenus étalonniers par leur production, faisant naître un étalon, ce qui est le rêve d’une majorité. Non seulement cela n’est pas ‘‘péché’’ comme le sous entend Bernard Dumont St Priest, mais je les en félicite et les encourage à continuer dans ce sens. La présence comme vice-président de Bernard Le Courtois, par ailleurs président des étalonniers privés, n’est que la reconnaissance justifiée par ces pairs de sa réussite d’étalonnier et aussi de sa grande réussite d’éleveur.

2. Concernant notre honnêteté : la sortie du ‘‘Guide ANSF des étalons 2008’’ est le plus beau démenti par des actes et non par des paroles, de notre volonté d’intégrité et de transparence; le catalogue des étalons HN me semble lui très similaire à un catalogue d’étalons privés vantant la qualité commerciale de chacun.

3. La non concertation sur l’acquisition de l’étalon Conterno Grande avec l’ANSF, les associations régionales concernées (ADECLOR et conseil d’administration de l’ARDCP) est une vérité non discutable; dire le contraire est un mensonge.

4. Si votre métier est d’être ‘‘acheteur’’, vous devez connaître ‘‘l’argus’’ du marché pour un cheval de l’âge de Conterno Grande. Le prix payé (330 000 €) se passe de commentaire pour un cheval de 13 ans. (Sportivement, son avenir est plutôt derrière lui; quant à la qualité de sa production, elle n’éclate pas au grand jour). Alors quelle conclusion faut-il en tirer ?

5. De plus, pourquoi acheter un étalon allemand déjà diffusé au même tarif par des étalonniers privés sur notre territoire ?
Pourquoi placer l’étalon dans la région où il avait été le plus valorisé par son représentant privé habituel ?
Pourquoi toutes ces actions qui ne font qu’attiser les rancoeurs ?
Quelle utilité pour la race SF de cette acquisition; son oncle faisant déjà la monte sur le territoire et Controe (fils de Contender aussi) déjà acheté par les HN (pas au même prix heureusement) ?
Problème de fond

La situation ambiguë actuelle est malsaine car elle ne montre pas la volonté politique de l’Etat de libérer les associations nationales de race et leurs éleveurs du carcan institutionnel qui les handicape pour prendre en charge leur destinée en leur donnant enfin les moyens de devenir autonome (moyens propres captés par les institutions).
L’Etat aurait tout à y gagner, les éleveurs aussi, mais on comprend que certains dirigeants, acteurs de la filière ne voient pas d’un bon Å“il ces évolutions irréversibles qui devraient au contraire nous obliger tous à avancer dans le sens d’économies substantielles, faciles à réaliser, garantes d’une coopération bilatérale réelle et non ‘‘alibi’’ comme elle l’est encore trop souvent.

En conclusion, j’espère que cette acquisition pour le moins discutable mais très révélatrice d’un certain état d’esprit, marque la fin d’une période révolue et ouvre une nouvelle ère où les associations nationales de race et leurs éleveurs montreront leur détermination à se faire entendre, se faire respecter comme n’importe quel client face à ses fournisseurs.
Je souhaite que les nombreux travaux réalisés avec les Haras nationaux et qui montrent une collaboration positive sur des sujets importants (indices, site d’engagement, coopérations multiples, etc.) soient un exemple pour l’étalonnage HN et que ce cas singulier qui perturbe fortement notre milieu (il n’en avait vraiment pas besoin) ne se reproduise plus. »

Yves Chauvin, président de l’ANSF

10/04/2008

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