La recherche génétique au service de la filière équine

Premier intervenant de la session spéciale de l'après-midi, Etienne Verrier chercheur à Agro Paris Tech a mis en avant l'amélioration génétique dans la filière bovine. Une organisation collective rigoureuse des socio-professionnels a permis une production de champions comme pour les vaches Prim'Holstein. « On constate que les vaches produisent un lait plus riche en protéines notamment. Leur morphologie (mamelles, physique) a changé au fur et à mesure de l'évolution des races ». Dans le top trente des taureaux, dix sont nés en France. Pour les chevaux, selon Etienne Verrier, il faudrait définir des objectifs, recueillir des informations zootechniques, faire des évaluations génétiques, choisir les reproducteurs afin de les utiliser au mieux.
Laurent Schibler chercheur à l'INRA a ensuite rapidement exposé (en vingt minutes seulement...) les méthodes et outils en génomique - discipline de la biologie qui étudie la structure, le fonctionnement et l'évolution des génomes (autrement dit l'ensemble des gènes de l'organisme) par des approches systématiques et à haut débit. Par exemple depuis 2005 « grâce à de nouvelles technologies appelées NGS on peut obtenir des séquençage de génomes en huit jours pour un coût d'environ ?1 000 ? ». Les objectifs de ces recherches génomiques sont à deux niveaux : individuels mais aussi collectifs : réduire certaines pathologies comme le syndrome létal du poulain blanc, l'hyperthermie maligne, ou l'hyperkaliémie périodique paralysante (observée chez les Quarter Horse), améliorer la performance, gérer la consanguinité. « Comme on connaît le gène responsable du syndrome du poulain lavande, on peut proposer un conseil en matière de génétique afin d'éviter les croisements à risque ».
« Deux projets majeurs sont en cours de réalisation, précise Anne Ricard de l'IFCE INRA. Le projet Genequin mené au pôle de compétitivité de Basse-Normandie est un programme de recherche impliquant 600 chevaux qui vise à déterminer les composantes génétiques de l'ostéochondrose et de la neuropathie laryngée récurrente ». Un projet de typage de 900 étalons de sport est en cours de réalisation. Il y a certes le BLUP, l'indice génétique des chevaux pour le dressage, le complet et le CSO, mais selon Anne Ricard il faut aller plus loin. « La génomique peut aider à l'amélioration génétique de la population. Il est aussi important de réduire l'intervalle entre les générations de trois ans, ce qui fera augmenter le progrès génétique. L'élevage est à un tournant. La question n'est pas d'être pour ou contre la génomique mais devra-t-on subir la génomique pratiquée par les pays étrangers ? ».

Projet de recherche génomique chez le cheval d'endurance

Les chercheurs de l'INRA et l'ACA (Association Nationale Française du Cheval Arabe) porteuse du programme d'élevage endurance se sont associés dans un projet de grande envergure. Le but affiché est l'amélioration génétique des chevaux d'endurance grâce aux dernières techniques telles que les puces ADN. « Les éleveurs sont pleinement associés au projet, précisent Nicolas Blot cavalier d'endurance et membre de l'ACA et Christian Depuille expert mis à la disposition de l'ACA par les Haras Nationaux. Les indices de carrière 2002-2008 correspondant aux valeurs perçues par les professionnels ont été revues car elles ont été surévaluées. Ces indices ont été recalculés en intégrant notamment les résultats en épreuves internationales courues en France des chevaux courant sous couleurs étrangère. Nous sommes la seule association de race à porter ce type de programme orienté vers la génétique. François Atger (vice président de l'ACA, ndlr) a su rapprocher les mondes socio professionnels et décisionnaires ».

Florence Robillard