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La WBFSH : son fonctionnement, ses actions

Les aspects événementiels de l’AG de la WBFSH, organisée à Lyon en novembre dernier par l’ANSF avec le soutien des HN, ont été largement médiatisés. Le moment est venu de rappeler l’historique et le fonctionnement de cette organisation Photo 1 sur 1
encore jeune mais déjà bien utile au niveau international.

Dans les années 1980, les gestionnaires de stud-books de chevaux de sport constataient une augmentation forte des échanges entre les pays d’Europe eux-mêmes et de leurs exportations vers les Amériques, et l’accroissement exponentiel du travail administratif associé.

Les Français eurent rapidement une autre préoccupation de transparence et de politique commerciale : un véritable « pillage » du stud-book Selle Français par des concurrents européens, déjà établis ou en phase de croissance. Par exemple en 1987, l’étalon « Le cru d’la cour » faisait la monte au Brésil en tant qu’« étalon allemand », sous prétexte qu’il avait été vendu dans ce pays avant d’être exporté à Sao Paulo. De même de nombreux chevaux français étaient exportés sur le continent américain après un bref passage aux Pays Bas où ils subissaient un véritable « blanchiment » préalable ! Dans les pedigrees des compétiteurs internationaux, nos meilleurs reproducteurs passaient inaperçus puisqu’ils avaient changé de nom lors de leur enregistrement au stud-book d’accueil. Il suffit de citer Furioso II, Futuro, Zeus, Inschallah, Matcho II, Tiro... Autant de noms inconnus des registres français et pourtant célèbres sur la place internationale où ils faisaient la publicité de leurs Stud-books d’adoption, autant de noms de bons serviteurs nés et élevés en France avant cette carrière mondiale incognito ! Certains portaient d’ailleurs autant de noms que de stud-books où ils avaient procréé : Gordios, né en France, devenait Zeus en Allemagne, Nurzeus aux Pays Bas ! Il était temps de marquer notre territoire, en commençant par nos chevaux.

Les débuts de l’insémination artificielle

Par ailleurs l’insémination artificielle faisait son apparition en France avec l’avènement du phénoménal Galoubet A. Avec le transport de la semence, cette technique allait remettre en question les règes « territoriales » et révolutionner le commerce de la génétique du cheval de sport. Il devenait urgent de légiférer ou tout au moins de s’entendre pour préserver les intérêts des naisseurs et assurer la promotion de nos races. Or aucune organisation internationale ne rassemblait tous ces “stud-books “orientés vers les sports olympiques.

A Auteuil, en décembre 1988, nous avions donc convié tous nos collègues pour constater ensemble qu’une franche coopération technique n’entraverait pas une saine concurrence entre les différents élevages nationaux, mais la placerait dans le cadre de règles communes concernant l’identification des chevaux au delà des frontières, tant sur le terrain que dans les bases de données. Notre Directeur Général d’alors, François CLOS, rédigea lui-même un projet d’agrément, sur le modèle de l’accord sur l’élevage et les courses des stud-books de pur sang, l’ensemble constituant une charte de bonne conduite qui n’empêche pas une saine concurrence.

Las, nos collègues des autres pays n’étaient pas du tout préparés à une telle démarche, restée sans suite immédiate.

Présidence danoise

Aujourd’hui, la WBFSH est présidée par le Danemark, dont l’image paraît suffisamment impartiale et dont le représentant Jan Pedersen fait figure de sage.

Elle est structurée autour de deux organes :

- le « bureau », constitué d’élus des 5 pays fondateurs, et plus grands contributeurs, et

- le « comité exécutif », constitué de permanents des dits pays. Le comité exécutif se réunit quatre fois par an, le bureau deux fois .

Selon 5 axes : relations extérieures (Allemagne), Elevage (France), Communication (Hollande), Finances (Belgique), Développement (Irlande).

On peut mettre à l’actif de la WBFSH les actions concrètes suivantes :

- le recensement des stud-books de chevaux de sport, selon un protocole assurant un minimum de crédibilité aux membres.

- l’organisation annuelle d’un séminaire et d’une assemblée générale : une occasion de rencontre régulière au cours de laquelle peuvent se tisser des liens utiles et se former des opinions sur des sujets transversaux (le clonage par exemple).

- le parrainage des championnats de Verden, Lanaken et Le Lion d’Angers, en association avec la FEI.

- la tenue d’un site internet qui publie les classements des chevaux et des stud-books en partenariat avec la FEI.

- l’appui offert à la France sur le projet UELN d’immatriculation mondiale des chevaux (Universal Equine Life Number), destiné à assurer la traçabilité des chevaux dans les bases de données.

- le co-financement avec la France du projet d’automatisation des échanges de données entre les stud-books eux mêmes et entre la FEI et les stud-books (projet « XML HDE »).

Cette année, le bureau poursuit le développement d’un nouveau plan stratégique selon 5 axes de travail :

- Stimuler le développement de l’élevage du cheval de sport

- Coordonner et stimuler la coopération entre les stud-books membres

- Représenter au plan international les intérêts communs des éleveurs de chevaux de sport

- Coopérer avec les autres organisations représentatives à la promotion de l’élevage en général, à une meilleure intégration entre sport et élevage, à la défense des intérêts des stud books et de leurs adhérents

- Agir dans un cadre financier bien contrôlé et avec les meilleures pratiques de gouvernance !

On n’atteint pas encore les grandes ambitions que nous avions en 1988, mais quand on sait les difficultés rencontrées dans chaque pays à faire travailler ensemble les partenaires de l’industrie du cheval, on peut se dire que ce n’est pas négligeable de réunir déjà 60 stud-books membres du monde entier chaque année. Cependant, force est de constater que tous n’ont pas la même motivation : certains cherchent vraiment à établir des liens efficaces pour simplifier les échanges et en faciliter la « traçabilité », d’autres semblent plus en poste d’observation pour éviter tout empiètement sur leur développement commercial....

Vers un Conseil européen du cheval

Sans perdre de vue la fonction prioritaire de promotion de ses races, au patrimoine historique et génétique reconnus dans le monde entier, la France poursuit également la défense des intérêts des éleveurs au travers des frontières, avec un message commun au sein de l’ensemble des fédérations et organismes internationaux (dont la WBFSH) qu’elle a réunis à Royaumont en 2006 avec l’aide de France Galop, et à Lyon en 2008 en partenariat ANSF-HN : elle travaille à créer et animer un comité mondial de l’identification, de l’enregistrement et des échanges de données (WHIRDEC). Dans ce domaine, elle a pu faire passer le principe du maintien de l’identité des chevaux, grâce à l’UELN.

Avec la Fédération Equestre Internationale, point de passage obligatoire, elle participe à jeter les fondements d’une coopération sport-élevage permettant à cette dernière de disposer d’informations exactes concernant les chevaux et aux stud-books de suivre en retour les performances internationales de leurs représentants. Mais pour gagner toujours en force de persuasion, il est clair que l’exemple doit venir du prédicateur. Connecter sport, élevage et marketing reste également un chantier urgent et majeur au sein de l’hexagone qui tarde à connecter statutairement les races françaises, la SHF et la FFE au risque de régresser à côté d’autres pays tels l’Irlande qui adoptent aujourd’hui ce modèle, dit germanique.

La France œuvre également à l’émergence d’un « Conseil Européen du Cheval » qui rassemblerait lorsque nécessaire les élus de tous les organismes de la filière cheval (élevage et utilisation), sous la bannière de parlementaires européens, pour porter un message commun à Bruxelles.

Ce peut être très utile face à des textes tels que ceux sur les transports d’animaux il y a deux ans, ou sur les aides d’Etat aux entreprises agricoles l’an passé, ou sur le commerce des biens de consommation cette année, par exemple. La WBFSH est un maillon indispensable de cette action « transversale » et notre rôle est de poursuivre au sein de cette institution, la défense du secteur sport de la filière cheval française.

Xavier Guibert et Paul Hubert

30/01/2009

Actualités régionales