Lalla Amina au paradis des chevaux
Tandis qu'apparaissait ainsi au firmament des sports équestres une nouvelle étoile, une autre disparaissait, presque le même jour, privant la monarchie marocaine de l'une de ses personnalités les plus marquantes. Sœur de feu le roi Hassan II, et donc tante du souverain actuel, S.M. Mohamed VI, la princesse Lalla Amina a consacré sa vie entière à l'amélioration des races de chevaux au Maroc, et au développement de l'équitation sportive dans le royaume ... et au delà de ses frontières. Objectif qu'elle a fini par atteindre : le Maroc peut aligner aujourd'hui, en effet, plusieurs compétiteurs de classe internationale.
Il faut dire qu'elle avait de qui tenir. En 1889, déjà , l'écrivain voyageur Pierre Loti s'extasiait de la belle allure qu'avait à cheval le sultan Moulay Hassan, l'ancêtre du roi Hassan II, également très bon cavalier, qui fit beaucoup pour hisser le Maroc aux premiers rangs des pays éleveurs de chevaux arabes. Son fils Mohamed VI, en digne successeur, apporte lui aussi son soutien aux activités équestres : encouragement à l'élevage du cheval barbe et au maintien des traditions équestres marocaines, création d'un salon international (à el Jadida), etc.
La princesse Lalla Amina, elle, a complété l'action de ses frère et neveu en permettant le développement au Maroc des sports équestres dits olympiques : dressage, saut d'Obstacles et concours complet. Elle a créé pour cela les infrastructures nécessaires, organisé la Fédération, recruté les meilleurs entraineurs, suscité même la création d'une race de chevaux de sport typiquement marocaine.
Grâce à son action, le Maroc est aujourd'hui le seul pays arabe, à l'exception - très exceptionnelle en effet - de l'Arabie Saoudite (*) à pouvoir faire bonne figure dans les compétitions de niveau « cinq étoiles ». Sa mort plonge le monde équestre dans la consternation, atténuée un peu par les affirmations de vieux conteurs arabes selon lesquels il y aurait des chevaux au paradis, où Lalla Amina se trouve certainement.
(*) L'Arabie Saoudite a remporté aux Jeux Olympiques de Londres une médaille de bronze en Saut d'obstacles au classement par équipes. C'est en effet, un grand exploit. Mais, comme l'a souligné la presse spécialisée, qui « a laissé un goût amer » (Cheval Magazine) non seulement parce que l'équipe, entraînée en Belgique par un coach européen et disposant d'un piquet de chevaux « achetés à prix d'or » à l'étranger, a bénéficié de moyens financiers illimités pour se préparer à l'échéance olympique, mais surtout parce qu'un de ses membres, Abdullah Al Sharbatly « n'aurait peut-être pas dû participer à ces JO. Après le contrôle anti-dopage positif de l'un des ses chevaux à une substance anti inflammatoire, le cavalier avait en effet été suspendu pendant huit mois par la Fédération équestre internationale (deux mois avant les Jeux), avant qu'un ultime recours devant le tribunal arbitral du sport lui permette finalement de faire le voyage jusqu'à Londres. »
Jean-Louis Gouraud
Vous devez être membre pour ajouter des commentaires. Devenez membre ou connectez-vous