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Laurent Vincent, l’éleveur aux deux chevaux 5*

  • Laurent Vincent entre Steve Guerdat et Edward Lévy
    Laurent Vincent entre Steve Guerdat et Edward Lévy
Deux chevaux 5* sont sortis des écuries de Laurent Vincent, l’éleveur normand de Cerisy-la-Forêt (50) : Venard de Cerisy qui évolue sous la selle de Steve Guerdat, le N°1 mondial et Uno de Cerisy chez l’étoile montante normande, Edward Lévy.

Cavalier puis éleveur, associé Nash de la première heure, Laurent perpétue à sa manière le souvenir  et les souches de Jules Mesnildrey, l’ancêtre des Semilly. Venard et Uno ont le même père, Open Up Semilly et la même origine maternelle : Kaline de Cavilly x l’anglo Siego. Elle est la mère de Uno et la grand-mère de Venard.  Laurent retrace pour nous le parcours de ces deux chevaux d’exception au caractère très particulier.

Le vie de cavalier-éleveur de Laurent, elle a commencé quand ?

« J’ai monté à cheval pendant 20 ans, de 25 ans à 45 ans et j’ai arrêté il y a 11 ans quand j’ai repris la ferme familiale. Je faisais un tout petit peu d’élevage avec des juments de mes parents que je n’ai pas gardées très longtemps. Au tout début j’avais deux juments dont Kaline de Cavilly, la mère de Uno que j’avais achetée à Nash. J’ai eu 3 ou 4 produits d’elle, dont Uno de Cerisy avec Open Up Semilly et une fille, Rosée de Cerisy (Djalisco du Guet) qui s’est blessée et que j’ai fait saillir par Open Up. C’est ainsi que Venard est né. Kaline de Cavilly, je l’ai redonnée à son naisseur parce que c’était une petite jument et je venais d’acheter les trois juments de Jules Mesnildrey, l’élevage de Semilly. Je me suis alors séparé des autres poulinières sans me douter que j’allais avoir deux chevaux qui feraient du CSI 5* ». 

Quelle fut l’enfance de ce Venard ?

« Venard est né tard et un peu à la « sauvage » : sa mère, blessée à un jarret était boiteuse et très particulière. Je les ai laissés 6 mois dans le champ sans trop m’en occuper. Le sevrage a été très compliqué, c’était une furie avec un caractère d’enragé. On l’a castré à 2 ans, couché, après l’avoir tranquillisé à plusieurs reprises. J’ai commencé à le faire sauter vers 3 ans et là j’ai vu qu’il avait quelque chose de particulier. J’ai cru tout de suite au potentiel de ce cheval. Uno que j’avais vendu à 3 ans à Nash sautait très, très bien et comme c’était la même lignée je me suis dit que Venard pouvait faire aussi bien. Mais c’étaient deux chevaux très différents. Je l’ai confié à un ami dans le Sud de la France. Il a eu beaucoup de mal avec et je l’ai récupéré au bout de 2 ans. Plusieurs cavaliers locaux l’ont essayé mais sans succès car trop compliqué. J’aurais voulu trouver un arrangement pour le faire vieillir car j’y croyais vraiment. C’est alors qu’une amie me met en contact avec une cavalière de Toulouse  à qui elle a parlé du cheval et qui se dit prête à faire un essai. Je lui amène le cheval et au bout de deux mois elle me fait une proposition de (petit) prix que j’accepte. Elle l’a travaillé pendant un an puis l’a confié à Axel van Colen. Et là, c’est parti. Il avait 7 ans. Steve Guerdat l’a acheté en fin d’année de 7 ans ». 

Pensais-tu qu’il ferait cette carrière-là ?

« Non, du tout. Je savais qu’il avait des moyens mais de là à le voir en 5*, je n’y pensais pas. A un moment j’espérais le mettre à Nash. Niet d’Alain Hinard qui me dit « t’es gentil, il n’est pas très beau, on ne va pas te le prendre pour Nash, ce n’est pas possible. » Donc amicalement refusé… Je fais partie de l’agence mais il faut que l’on soit tous d’accord pour accepter un cheval, c’est la règle que j’ai évidemment respectée. Mais à aucun moment je n’ai douté du potentiel du cheval. Je l’ai vu sauter plein de fois et chaque fois j’y croyais un peu plus. Axel a fait un super travail avec lui. Il avait une très mauvaise technique devant mais une très bonne propulsion. Mais c’est quand même à une grosse partie de chance qu’il doit le fait d’en être arrivé là, ça il faut le savoir. Pas « Venard » pour rien… Il est tombé chez un crack  cavalier qui a su l’exploiter au plus haut niveau ». 

Quel fut le parcours de son tonton Uno ?

« J’ai mis Uno à Nash, à 3 ans. Il a été pris directement et c’était un des meilleurs chevaux de la vente.

 Il a été vendu dans les 20 000 € à un monsieur avec qui je suis devenu ami, Olivier Nogier, qui me met des poulinières à la maison. J’ai discuté ce week-end avec beaucoup de cavaliers qui l’ont monté, tous l’ont apprécié. Guillaume Blin-Lebreton  dit que c’est un très, très bon cheval. Il a encore été très brillant le week-end dernier à St Lô dans les grosses épreuves du Grand National et à Grimaud.

Guillaume l’a très bien exploité mais Edward lui a fait franchir une autre étape ».

Combien de poulinières maintenant ?

« J’ai une dizaine de poulinières. Je garde de temps en temps une bonne pouliche et je viens de faire une association avec Edward Lévy sur une très bonne 6 ans de la souche de M. Mesnildrey. J’en garde un peu pour les faire vieillir mais j’en mets beaucoup à Nash. Mes bons chevaux j’en garde au moins un par année et je fais des arrangements. Je travaille beaucoup avec le Haras d’Authuit ».

Qu’est-ce qui a fait que tu es passé de 3 à 10 ?

« Nash facilite la tâche pour vendre des poulains et puis c’est ma passion. J’ai récupéré pas mal de terres et j’ai une fille qui s’intéresse à l’élevage et qui je pense continuera.

Il y aura encore de belles histoires à vivre avec Elite de Cerisy, une fille de Narthago et de Lady de Semilly (Quick Star) la souche de Le Tot. Lady a fait 5e avec Thomas Rousseau. Elle vient de l’élevage de Jules Mesnildrey. C’est une très bonne jument qui me fait de bons poulains.

Il y a aussi un 3 ans (Nervoso-Quick Star) qu’on a coupé en 3, une partie à Philippe Berthold, à Guillaume Blin-Lebreton et moi. C’est Guillaume qui va le monter.

J’ai aussi un entier de 2 ans, Idéal de Cerisy (Nervoso-Quick Star) que je vais présenter au concours des étalons. Il saute très très bien. C’est un SF originel, comme je les aime ».

Tu es dans Nash depuis le début ?

« Depuis 25 ans. J’étais dans les premiers associés. J’ai appris beaucoup. C’est un outil formidable pour voir les chevaux sauter, pour la génétique, pour les étalons, pour les poulains. On voit comment les jeunes étalons produisent. C’est plus de 200 chevaux par an qu’on observe pour les ventes. Commercialement parlant j’ai appris beaucoup, ça me permet aussi de faire investir des copains  qui veulent acheter des chevaux ».  

Le fait que Alain Hinard quitte le fouet, ça va changer quelque chose ?

« Non, c’est une étape. Ce qu’il faut surtout c’est qu’il reste avec nous parce que c’est notre « père » et puis c’est un homme de cœur et un super pote ». 

Recueilli par ER

13/11/2020

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