Le Cadre noir Patrimoine Immatériel de l'Humanité
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Ce dossier, porté par l'Ecole Nationale d'Equitation, composante avec les Haras Nationaux de l'Institut Français du Cheval et de l'Equitation, soutenu par le Ministère de la culture, les Ministères de tutelle de l'lFCE et la délégation française à l'UNESCO, est le travail d'une équipe, rassemblée autour de Robert d'Artois, directeur de l'Ecole Nationale d'Equitation, directeur général adjoint de l'IFCE et du Colonel Jean-Michel Faure, Ecuyer en chef du Cadre Noir. Cette équipe composée d'anciens écuyers en chef, d'ancien directeur de l'Ecole, d'universitaires et de spécialistes de l'histoire de l'équitation remercie la Commission de l'UNESCO réunie à Bali, de l'intérêt porté à l'équitation de tradition française dont le Cadre Noir est le conservatoire vivant.Voici quelques chapitres du dossier fixant le cadre de cette inscription, marquant clairement la volonté d'inscrire ce patrimoine dans le cadre plus large de toute la filière équestre.
Domaine(s) représenté(s) par l'élément
Traditions et expressions orales : Vocabulaire technique particulier de la tradition française et anecdotes exemplaires.
Pratiques sociales, rituels, évènements festifs : les galas et carrousels sont une fête pour tous mais aussi un témoignage de compétence et comportent une part de rituel auquel le public est sensible.
Connaissances sur la nature : savoirs empiriques sur le cheval, son comportement, ses réactions aux indications et gestes de l'homme.
Savoir-faire liés à l'artisanat : techniques de dressage du cheval, sellerie, maréchalerie, soins et toilettage.
Techniques du corps : attitudes et gestes adaptés, gymnastique spécifique associant souplesse et tonicité.
Situation géographique et étendue de l'élément, et localisation des communautés, des groupes ou, le cas échéant, des individus concernés
La région de Saumur se trouve être un foyer particulièrement actif pour toute la filière puisqu'elle accueille enseignants, éleveurs, artisans (selliers, bottiers), services vétérinaires, maréchaux ferrants, etc.
Les enseignants d'équitation, notamment ceux formés à Saumur, et les anciens écuyers sont répartis aussi dans toute la France et plusieurs pays étrangers. On peut citer notamment des pays francophones comme la Belgique, le Luxembourg, la Suisse, mais aussi le Portugal, le Japon, la Hongrie, les Pays-Bas, les États-Unis d'Amérique, l'Amérique latine.
De plus, son « universalité » en termes de remonte ne réduit pas son périmètre d'adaptation. Le réseau des anciens élèves ou des admirateurs du Cadre Noir contribue aussi à sa diffusion sur tous les continents, ou presque.
Enfin, les présentations publiques et les galas que le Cadre Noir de Saumur donne plusieurs fois chaque année, tant en France qu'à l'étranger (surtout en Europe, quelque fois en Extrême Orient) contribuent à assurer la visibilité de l'équitation de tradition française auprès des néophytes ou de simples amateurs d'art équestre comme des professionnels. Ces galas visent plus à témoigner d'une compétence technique et pédagogique qu'à avoir une vocation de pur spectacle ou divertissement.
Contribution à la visibilité et à la prise de conscience, et encouragement au dialogue
a) inscrire l'équitation de tradition française au patrimoine culturel immatériel de l'humanité, c'est d'abord admettre la remarquable diversité de celui-ci.
Après la musique, les danses ou l'artisanat, l'équitation de tradition française va apporter une vision élargie et enrichie du patrimoine immatériel: culture du corps mais aussi d'un rapport particulier à l'animal, culture technique et mémoire incarnée des traditions autour de la pratique cavalière, elle dépasse le cadre d'une simple technique corporelle et sportive.
b) la renommée du Cadre Noir contribuera à la découverte et à la prise de conscience du patrimoine culturel immatériel.
Outre ses 20 000 visiteurs annuels sur le site de Saumur, les galas et présentations publiques touchent un public nombreux composé de Français et d'étrangers. Les élèves de l'ENE (dont les instructeurs appartiennent tous au Cadre Noir), les compétiteurs attirés par les rassemblements à Saumur et les invités des colloques sont aussi des vecteurs qui permettent de diffuser largement cette notion de patrimoine immatériel. En effet, tous réalisent que les traces ou souvenirs des manifestations et galas subsistent, soit fugacement dans l'esprit des témoins et spectateurs, soit imparfaitement sous forme de vidéos qui restituent mal la magie de ces moments.
c) c'est toute la filière équestre qui est visée.
Grâce à l'inscription, la prise de conscience de la dimension patrimoniale s'étendra à toute la filière. Le secteur de l'élevage, le monde vétérinaire, les enseignants de clubs et les amateurs, les compétiteurs et entraîneurs mais aussi les artisans associés (maréchaux ferrant, selliers, bottiers, etc) vont indubitablement se rendre compte de cette richesse et de leur rôle propre car ils en sont les acteurs, mais aussi les bénéficiaires.
d) des valeurs partagées.
L'esprit de la convention, axée sur des promotions de démarches intériorisée d'individus ou de communautés est en parfaite adéquation avec l'âme de cette équitation, fruit d'une démarche personnelle du cavalier. C'est aussi une façon de s'affirmer face à la déviation potentiellement dangereuse d'une forme "d'uniformisation" entraînée par les compétitions sportives et leur réglementations. La seule logique de la compétition peut en effet conduire à réduire les cultures équestres à la seule mesure qui compte: la victoire, souvent ramenée à une mesure de temps ou de hauteur. L'importance de « l'art et la manière » d'obtenir le résultat attirera l'attention sur d'autres valeurs que l'utilitarisme : l'élégance de l'animal et de son cavalier, la compréhension de l'animal, l'esthétique des mouvements, la bonne coopération entre animal et être humain... On est donc loin d'une utilisation mercantile d'un label à de seules fins de promotion.
e) un effet d'entraînement certain.
Il existe bien sûr dans le monde d'autres équitations qui correspondent à d'autres cultures et d'autres Histoires. L'inscription de l'équitation de tradition française conduira à une stimulation des relations existantes entre les communautés françaises et étrangères pour de meilleurs échanges non seulement de points de vue techniques mais aussi pour imaginer des projets de collaboration et de coopération. Cette reconnaissance permettra d'inciter d'autres écoles, académies ou communautés dans le monde à réfléchir sur leur doctrine, leur remonte, leur patrimoine et leurs pratiques et de développer ainsi l'apport de la tradition équestre dans le patrimoine culturel immatériel.
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