Le cheval pour grandir, se construire et s’épanouir
La première intervention a été consacrée à la place du cheval dans l’histoire et la sociologie, Guillaume Henry et Seghir Lazri expliquant que chaque époque et chaque civilisation ont une approche différente des rapports entre l’homme et l’animal, par exemple les cruelles sanctions utilisées par Grisone au XIVe siècle étaient considérées comme « nécessaires » alors qu’aujourd’hui aucun cavalier de dressage n’envisagerait de châtier son cheval qui n’a pas réussi une figure en lui mettant sur les parties sensibles un chat sauvage toutes griffes dehors attaché au bout d’un bâton, le concept de maltraitance concernant aussi le matou ! Ensuite a été présentée une expérience d’équithérapie menée auprès de jeunes enfants placés à l’aide sociale à l’enfance. Les liens tissés avec le poney qui porte au sens littéral du terme ces enfants privés d’affection avec leur mère leur permet de découvrir ce sentiment indispensable pour se construire. L’intervention suivante a montré que le cheval a toute sa place dans le processus de guérison des personnes atteintes de cancers car la sortie au centre équestre permet de rompre avec l’univers hospitalier et d’avoir des parenthèses de vie agréables qui permettent aux malades de changer d’air et se sentir comme tout le monde en postant les souvenirs de ces moments sur leurs réseaux sociaux, ce qui les valorise et les mène vers la guérison.
Les congressistes ont aussi testé leur expression psycho-corporelle grâce à des exercices sur des gros ballons de Pilates qui permettent de travailler un équilibre analogue à celui que l’on peut avoir en selle.
Le cheval révélateur de compétences
Xavier de Moulins, journaliste à M6 et auteur, dont le dernier roman « La Nuit des pur-sang » évoque la reconstruction d’un homme brisé par la vie, grâce à la relation qu’il a avec les galopeurs qu’il monte le matin à l’entraînement, a ouvert la seconde journée de congrès, notamment en remerciant « les chevaux d’exister ». Par le truchement d’une vidéo, Marie-Amélie Le Fur, ne pouvant être présente à Lamotte, a fait part de son expérience d’équithérapie dans le cadre de  sa rééducation suite à son accident : « cela a été une révélation pour la réappropriation de mon schéma corporel », indique-t-elle.
Le cheval aide aussi les personnes victimes de violences conjugales comme le démontre une action menée conjointement avec le CRE Nouvelle Aquitaine et l’association l’Escale qui gère un foyer d’accueil. Il en est de même pour les allocataires du RSA pour qui le Centre communal d’action sociale d’Arras organise des séances avec un centre équestre local. Le cheval apprend à gérer ses émotions, à vivre dans l’instant présent et aide à se confier, permettant aux personnes victimes de violences et de difficultés sociales de reprendre confiance en elles tout en acquérant des compétences nouvelles.
La disponibilité psychique est un élément à travailler quand on fait du sport à haut niveau, ainsi que l’ont expliqué Céline Gerny et Anouck Canteloup. « Les chevaux nous offrent beaucoup de choses et nous sommes sans cesse dans la communication, souligne la dresseuse paralympique avant d’ajouter : « Je n’aurais pas pu faire du haut niveau dans un autre sport car mes chevaux m’accompagnent et m’aident à franchir des caps. » Pour la complétiste qui a passé les savoirs éthologiques afin d’affiner encore plus sa relation avec ses montures, « il est important de partager des moments avec nos chevaux en dehors des séances de travail afin de renforcer notre relation. C’est pour cette raison que je n’ai qu’un piquet de deux chevaux. »
Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé qui devait intervenir au congrès mais ayant été retenue pour un déplacement à Rodez avec Elisabeth Borne, première ministre, à la rencontre de professionnels de santé s’est exprimée par vidéo : « Il est évident que le contact avec les animaux dont le cheval permet à de nombreux publics de sentir mieux, par exemple en apportant des moments de sérénité à une personne traumatisée ou en apaisant un enfant agité, reconnait-elle, tout en mettant en garde : Cette activité complète les soins traditionnels sans les remplacer et doit se faire dans le cadre d’un encadrement sérieux dispensé par des personnes ayant reçu une formation certifiée. »
En conclusion, Serge Lecomte, président de la FFE a retenu qu’« il faut écouter mais surtout interpréter. Les discussions menées lors de ces deux jours montrent que vous savez le faire. Ce sujet dépasse le domaine des soins proprement dits et nous concerne tous qi sommes des éducateurs. Nous devons mener un travail global sur la qualité de la relation tissée entre enseignants et cavaliers dans nos centres équestres. »
Frédérique Monnier
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