Le Complet à cœur ouvert
Bien-être animal, bien-être humain, bien-être économique, bien-être sportif, le cycle de conférence a balayé un assez vaste champ des possibles avec à chaque fois des témoignages soit de cavaliers, de coachs ou d’organisateurs. Le physique humain abordé par Alexis Moreau, kiné-podologue, en a surpris plus d’un sur l’asymétrie du corps et la proprioception, cette sensibilité du système nerveux aux informations provenant des muscles et autres articulations. Travaillée, comme le font les athlètes du haut niveau à l’INSEP, cette faculté devient une alliée efficace.
Le mental fut l’affaire de Patricia Cohen. Relaxation totale en mode méditation sur ondes Alpha. La respiration a un rôle essentiel dans la gestion des émotions. Mme Cohen a fait circuler sa zenitude dans l’amphi. Relax totale.
Quel modèle économique ?
Opération « coup de poing » et brusque réveil avec Jean-Maurice Bonneau qui animait avec Edouard Legendre et Fabrice Saintemarie le module économique du « comment vivre de son sport ». Coaching et commerce semblent être le modèle le plus recherché. Chacun adapte la formule selon ses moyens, ses affinités, ses priorités, sa créativité. La compétition coûte très cher, ses revenus sont aléatoires et sans partenaire financier sérieux, le compétiteur « rêveur » ne s’en sort pas. Sauf à être dans le haut du panier où les dotations sont les plus fortes et très souvent accompagnées d’un bonus fédéral, précision apportée par Michel Asseray en prenant pour exemple le CCI de Lignières. Cela dit, le Complet comparé au CSO, fait toujours figure de parent pauvre au regard des dotations. « Il faut bosser » ont martelé les trois intervenants.
Jean-Maurice Bonneau, ancien sélectionneur de l’équipe de France de CSO, entraineur international à la riche expérience a parlé vrai. « Le grand public ? il ne nous aime pas. Nous pratiquons un sport de riches et nous maltraitons les chevaux, voilà comment il nous perçoit. Le seul qui a su bousculer cette perception du sport équestre fut Jean Rochefort lorsqu’il a commenté les JO d’Athènes à la télé ». Pour lui, le modèle économique qui fonctionne est celui de Simon Delestre. Il fabrique lui-même ses jeunes chevaux qui formeront son piquet de haut niveau. Il fait du commerce et n’a jamais manqué de performers, contrairement à beaucoup d’autres. Il est toujours au sommet de la hiérarchie. Son secret : « le travail et encore le travail ». Le cavalier lorrain est effectivement un gros bosseur. « La Belgique, dit-il encore, me fascine. Ce petit pays produit et vend des chevaux dans le monde entier et n’en manque jamais pour ses grands compétiteurs. La recette : les Belges chassent en meute à la différence des Français beaucoup trop individualistes ».
La règle d’or du modèle économique est encore à trouver.
Dynamiser le Complet
Organisation, dotation, incitation, coût d’un événement : des idées et des réalités ont été partagées. Certains chiffres sortis d’un sondage de France Complet ont été remis en perspective par Michel Asseray. Pour donner aux jeunes l’envie du Complet, quelques axes à développer : spring garden à proximité des terrains, faire découvrir le Complet à travers des derby-cross, à travers l’équitation d’extérieur, favoriser les inter-clubs.
Gros consommateurs de bénévoles, au moins 50 par organisation, le Complet siphonne vite ses forces vives. Emmanuel Feltesse prône la mutualisation et mise sur la force du collectif.
La syndication à visage humain
C’est la forme vision que pratique et cultive le Breton Jean-Pierre Texier (élevage de Banuel). L’association contractuelle d’investisseurs avec un cavalier « en l’occurrence Mathieu Lemoine » pour un objectif soit sportif, soit commercial soit les deux. À chaque étape du parcours, les résultats sont analysés, poursuivis ou révisés, en toute transparence et en toute amitié avec les associés et le cavalier. Exemple de syndication réussie.
Syndiquer un cheval passe par le statut juridique de l’indivision et la constitution d’une société. Dans tous les cas, il faut faire un contrat, ont précisé les conseillers juridiques pour éviter les conflits.
Une appli « Cheval bien-être »
De l’exposé des deux ingénieures R&D de l’IFCE, retenons cette annonce du lancement d’une appli « Cheval bien-être ». C’est une application mobile utilitaire, gratuite, conviviale et facile d’utilisation permettant d’évaluer le bien-être des chevaux, à partir d’indicateurs objectifs (physiques et émotionnels) validés scientifiquement. Elle est destinée à tous, professionnels de la filière équine et détenteurs particuliers. Il s’agit de la seule application aujourd’hui disponible pour évaluer les chevaux. Elle vient compléter les différents outils proposés par la filière en permettant aux détenteurs d’évaluer leurs bonnes pratiques dans le domaine du bien-être animal (Guide de bonnes pratiques de la Charte du bien-être équin, Equipass, labels…). Disponible pour Android sur Play Store et sur l’App Store pour les utilisateurs iOS. Comment ça fonctionne ? A l’aide de son mobile ou de sa tablette, l’utilisateur est invité à saisir, pour chacun de ses équidés, une trentaine d’indicateurs observés sur les équidés (comme la note d’état corporel, l’état émotionnel, les blessures…) ou dans leur environnement (comme les quantités journalières de fourrage, la propreté de l’eau…). Les résultats de l’évaluation sont fournis sous forme de graphiques en pourcentage, où chaque indicateur est classé parmi les quatre grands principes du bien-être animal scientifiquement reconnus : l’alimentation, l’hébergement, la santé et le comportement.
« Dans la peau d’un juge »
Excellent exercice pédagogique dirigé par Michel Asseray : comment se mettre dans la peau d’un juge de dressage. Situation dans le manège pour juger, protocole en mains, deux reprises. Debriefing en salle avec l’analyse des notes. « Le jugement évolue, explique le DTN, il faut savoir évoluer avec son sport. Quand on est juge, il faut récompenser la prise de risque et en cas de doute, mettre la note supérieure pour envoyer un message positif ».
Utile pour susciter des vocations.
E. R.
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