Le coût de la valorisation
Le coût de la valorisation d’un jeune cheval de 3 à 6 ans diffère selon l’objectif, l’écurie et la région dans laquelle il se trouve et bien sûr la date à laquelle il arrive aux écuries. Témoignages d’éleveurs et de cavaliersUn
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trois ans débourré issu d’une saillie correcte a un prix de revient de 15 000 €. Chaque année en restant raisonnable il faut ajouter 10 000 € pour l’exploiter et le valoriser sur les épreuves de jeunes chevaux. Cela fait un prix de revient moyen de 45 000 € à 6 ans. En ajoutant quelques imprévus on peut atteindre facilement la somme de 50 à 60 000 €. Guillaume Foutrier cavalier au Haras des Princes voit tous les jours au contact de son employeur, Marius Huchin le coût de la valorisation des jeunes chevaux : « Des poulains à la naissance issue d’une saillie à la mode et d’un transfert d’embryon coûte déjà 15 000 €. Je pense qu’un six ans correct c’est un cheval de B1 et le tarif moyen pour ces chevaux tourne autour de 35 à 45 000 €. Il faut pour cela qu’il soit qualifié et qu’il ait fait une bonne saison mais malheureusement à ce prix là il n’y a pas une foule d’amateurs pour mettre autant d’argent. Néanmoins pour vendre correctement un 6 ans il faudrait le vendre à 50 000 €. Il faut aussi faire la différence entre les prix parfois exorbitants qui sont jetés à la sortie d’un tour et les ventes réelles effectives car le chemin est long. Ces prix sont souvent des prix d’appels mais après il faut que le cheval passe la visite vétérinaire et surtout qu’il corresponde bien au futur client. Quand on arrive à l’âge de 7 et 8 ans on ne court plus dans la même sphère. Il faut valoriser ces 7 ans sur les CSI et le budget n’est plus le même. Une saison de concours pour un 7 ans coûte environ 20 000 €. »
8000 à 10 000 € à 4 ans
Une saison de 4 ans coûte de 8 à 10 000 €. Il faut sortir un budget de 800 à 1 000 € par mois pour payer la pension, le maréchal, les engagements, les boxes en concours, les frais de route, et frais vétérinaire. « Pour moi, estime Guillaume, une bonne écurie qui travaille correctement les chevaux doit faire un prix de pension de 600 € minimum. Il faut ensuite ajouter à cela tous les frais annexes. Pour qu’une écurie tourne correctement il faut travailler avec des stagiaires et avoir un cavalier-maison. Nous sommes obligés de rationnaliser. La préparation des chevaux se fait à la maison et le boulot se fait en concours. Aller en concours coûte cher mais c’est primordial pour valoriser un cheval. Avec la crise économique il y a moins de débouchés. S’il y a surproduction, les prix baissent. Les éleveurs vendent à perte. Ils vendent souvent leurs 2 ou 3 ans en-dessous de leur prix de revient. Une preuve : on peut de plus en plus acheter au marché Fences de bons 3 ans à des prix attractifs. Chez un cheval ce n’est pas spécialement le prix d’achat qui coûte cher mais plutôt le coût de la valorisation. Je pense qu’à l’avenir la baisse des prix de poulains de 0 à 3 ans va continuer sur la même pente; par contre le prix d’un cheval de 3 à 6 ans va se maintenir. »
Pour décider de valoriser un cheval il faut qu’il ait une qualité de base suffisante pour amortir son coût de travail à la vente. Cela passe par le travail de sélection. « Certains sortent leurs 4 et 5 ans sur 7 ou 8 parcours. Puis à 6 ans leur carrière commence vraiment. Mais on ne fait pas de miracle en un an. Les éleveurs qui s’en sortent sont ceux qui montent eux-mêmes leurs produits. S’il leur arrive de vendre à perte, ils auront de toute façon sorti moins d’argent que les autres. Pour arriver à vivre de ce métier, il faut être multi-activités car la compétition reste un luxe. Un cavalier comme Nicolas Duhamel a réussi à rationaliser. Il réussit a en vivre à son échelle. Sa très bonne qualité de cavalier aurait dû le conduire au plus haut niveau, mais il ne peut pas se permette de raisonner comme un sportif, il raisonne comme un vrai chef d’entreprise. Pour ma part je suis dans un système idéal au haras des Princes, je n’ai pas tous ces soucis de gestions à gérer. L’idéal serait que les gains de compétitions nourrissent et paient le travail des chevaux, comme chez les trotteurs » Conclut Guillaume.
5 000 €/an pour valoriser chaque cheval de Ste Hermelle
« Une saison pour nos jeunes chevaux de 3 à 6 ans nous coûte au minimum 5 000 € hors amortissement, ferrures et soins vétérinaires. Nous povons arriver à ce chiffre car nous avons nos propres cavaliers, Adeline et Aurélien Bigault et notre propre installation. Pour gagner sa vie il faut vendre un 3 ans entre 15 et 20 000 €. Pour nous c’est encore plus difficile : bien que nous élevions en grande majorité du Selle Français nous ne touchons qu’un tiers des gains car nos chevaux sont nés chez nous en Belgique. La SHF et les HN ont changé la réglementation cette année sans même nous avertir, si on avait su on aurait fait tourner moins de chevaux en France cette année. Aujourd’hui tout le monde parle de l’uniformité de l’Europe mais on voit qu’il y a encore de grandes irrégularités surtout que l’élevage de Ste Hermelle et l’un des meilleurs promoteurs du SF en Europe ! » Affirme Raymond Lefèvre exaspéré. L’élevage de Ste Hermelle se trouve une nouvelle fois cette année dans les meilleurs éleveurs de France en prenant la 2e place derrière les HN avec quasiment la même somme de gains, mais effectué avec moitié moins de chevaux que les HN qui utilise des fonds publics pour acheter des 3 ans. (Environ 20 chevaux de Ste Hermelle contre 40 aux HN).
Denis Brohier change sa façon de produire avec la crise économique
Eleveur en Normandie Denis Brohier sait lui aussi gérer ses coûts de valorisation au mieux. « Avant je faisais débourrer tous mes 3 ans chez Renaud Limerac, un vrai professionnel spécialisé pour ça. Cela coûtait ?28 € par jour donc le prix d’un cheval au travail dans une bonne écurie. Le débourrage prenait un mois, mais l’an prochain pour des raisons économiques nous allons procéder autrement. Nous allons le faire à la maison avec mon cavalier. Je fais un pré-débourrage à quinze mois et un débourrage à 2 ans et demi afin qu’il soit prêt pour les concours locaux et régionaux de modèle et allures qui coûtent 50 € par engagement. Si j’ai un étalon qui vaut le coup, je vais le préparer au concours étalons et il aura un coût fixe de 250 € par mois en restant dans le boxe et en étant manipulé doucement. Il sera entretenu déjà comme un 4 ans. Quand je prends des 3 ans pour la préparation au ventes c’est le même prix qu’un 4 ans, 500 € par mois. Ils arrivent souvent la dernière semaine de juillet pour avoir le temps de les préparer pour les ventes de Nash car ils mettent déjà quinze jours à perdre leur ventre. Pour ma part un cheval qui m’appartient et que je souhaite présenter aux ventes me côute entre 250 et 300 € par mois. A 4 ans je les rentre juste après la grande semaine de Fontainebleau. Après les ventes Nash leur boulot commence vraiment. J’essaie de pousser leurs ferrures à deux mois pour un coût de 50 à 60 €. En ce qui concerne les vermifuges, je ne le fais qu’une fois par an à la sonde avec un mélange de cinq vermifuges. La sonde envoie le produit par le nez directement dans l’estomac. Cela coute 40 € mais c’est très pratique et je n’ai jamais eu de soucis. Nous faisons de l’élevage extensif alors je n’ai pas de problème dû au surpâturage. En concours il faut calculer l’amortissement du camion. Pour le mien je rembourse 15 000 € par an. Les engagements reviennent à une moyenne de 30 € par parcours multiplié par douze pour les 4 ans par exemple. Il faut aussi prévoir l’amortissement de la sellerie…
Mes 4 et 5 ans sont travaillés par mon cavalier-maison qui touche le smic pour son premier emploi de 35 h. C’est Benjamin Devulder ou Stéphane Dufour qui les montent en piste. Je paie Benjamin à la monte ?15 € par parcours ou quand il vient les monter à la maison et je lui donne 20 % sur les gains de concours. En ce qui concerne Stéphane qui s’installera à son compte l’an prochain chez moi, je ne le paie pas mais il a 50 % des gains de concours.
Le coût de la valorisation d’un jeune cheval peut varier du simple au triple selon l’écurie dans laquelle il se trouve. Pour ma part une saison me coûte 5 000 €. C’est à partir de 7 ans que cela commence à être très cher mais j’essaie toujours de trouver un deal avec un bon cavalier qui me prendra mon cheval contre un pourcentage sur le cheval. De plus le cavalier se sentira beaucoup plus impliqué. Si on a un cheval moyen il faut le vendre dès 3 ans autour de 6 000 à 10 000 €. Ma politique est maintenant de brader à 3 ans les chevaux que je ne veux pas garder. Et vendre les très bons à Nash. J’en aurai d’ailleurs huit cette année. Pour finir je ne garderai que deux 3 ans. Il faut mieux perdre un peu d’argent tout de suite que beaucoup plus tard. Malheureusement on ne vend pas nos chevaux en fonction de ce qu’il nous ont coûté, mais en fonction du marché ».
Jennifer Decamp
8000 à 10 000 € à 4 ans
Une saison de 4 ans coûte de 8 à 10 000 €. Il faut sortir un budget de 800 à 1 000 € par mois pour payer la pension, le maréchal, les engagements, les boxes en concours, les frais de route, et frais vétérinaire. « Pour moi, estime Guillaume, une bonne écurie qui travaille correctement les chevaux doit faire un prix de pension de 600 € minimum. Il faut ensuite ajouter à cela tous les frais annexes. Pour qu’une écurie tourne correctement il faut travailler avec des stagiaires et avoir un cavalier-maison. Nous sommes obligés de rationnaliser. La préparation des chevaux se fait à la maison et le boulot se fait en concours. Aller en concours coûte cher mais c’est primordial pour valoriser un cheval. Avec la crise économique il y a moins de débouchés. S’il y a surproduction, les prix baissent. Les éleveurs vendent à perte. Ils vendent souvent leurs 2 ou 3 ans en-dessous de leur prix de revient. Une preuve : on peut de plus en plus acheter au marché Fences de bons 3 ans à des prix attractifs. Chez un cheval ce n’est pas spécialement le prix d’achat qui coûte cher mais plutôt le coût de la valorisation. Je pense qu’à l’avenir la baisse des prix de poulains de 0 à 3 ans va continuer sur la même pente; par contre le prix d’un cheval de 3 à 6 ans va se maintenir. »
Pour décider de valoriser un cheval il faut qu’il ait une qualité de base suffisante pour amortir son coût de travail à la vente. Cela passe par le travail de sélection. « Certains sortent leurs 4 et 5 ans sur 7 ou 8 parcours. Puis à 6 ans leur carrière commence vraiment. Mais on ne fait pas de miracle en un an. Les éleveurs qui s’en sortent sont ceux qui montent eux-mêmes leurs produits. S’il leur arrive de vendre à perte, ils auront de toute façon sorti moins d’argent que les autres. Pour arriver à vivre de ce métier, il faut être multi-activités car la compétition reste un luxe. Un cavalier comme Nicolas Duhamel a réussi à rationaliser. Il réussit a en vivre à son échelle. Sa très bonne qualité de cavalier aurait dû le conduire au plus haut niveau, mais il ne peut pas se permette de raisonner comme un sportif, il raisonne comme un vrai chef d’entreprise. Pour ma part je suis dans un système idéal au haras des Princes, je n’ai pas tous ces soucis de gestions à gérer. L’idéal serait que les gains de compétitions nourrissent et paient le travail des chevaux, comme chez les trotteurs » Conclut Guillaume.
5 000 €/an pour valoriser chaque cheval de Ste Hermelle
« Une saison pour nos jeunes chevaux de 3 à 6 ans nous coûte au minimum 5 000 € hors amortissement, ferrures et soins vétérinaires. Nous povons arriver à ce chiffre car nous avons nos propres cavaliers, Adeline et Aurélien Bigault et notre propre installation. Pour gagner sa vie il faut vendre un 3 ans entre 15 et 20 000 €. Pour nous c’est encore plus difficile : bien que nous élevions en grande majorité du Selle Français nous ne touchons qu’un tiers des gains car nos chevaux sont nés chez nous en Belgique. La SHF et les HN ont changé la réglementation cette année sans même nous avertir, si on avait su on aurait fait tourner moins de chevaux en France cette année. Aujourd’hui tout le monde parle de l’uniformité de l’Europe mais on voit qu’il y a encore de grandes irrégularités surtout que l’élevage de Ste Hermelle et l’un des meilleurs promoteurs du SF en Europe ! » Affirme Raymond Lefèvre exaspéré. L’élevage de Ste Hermelle se trouve une nouvelle fois cette année dans les meilleurs éleveurs de France en prenant la 2e place derrière les HN avec quasiment la même somme de gains, mais effectué avec moitié moins de chevaux que les HN qui utilise des fonds publics pour acheter des 3 ans. (Environ 20 chevaux de Ste Hermelle contre 40 aux HN).
Denis Brohier change sa façon de produire avec la crise économique
Eleveur en Normandie Denis Brohier sait lui aussi gérer ses coûts de valorisation au mieux. « Avant je faisais débourrer tous mes 3 ans chez Renaud Limerac, un vrai professionnel spécialisé pour ça. Cela coûtait ?28 € par jour donc le prix d’un cheval au travail dans une bonne écurie. Le débourrage prenait un mois, mais l’an prochain pour des raisons économiques nous allons procéder autrement. Nous allons le faire à la maison avec mon cavalier. Je fais un pré-débourrage à quinze mois et un débourrage à 2 ans et demi afin qu’il soit prêt pour les concours locaux et régionaux de modèle et allures qui coûtent 50 € par engagement. Si j’ai un étalon qui vaut le coup, je vais le préparer au concours étalons et il aura un coût fixe de 250 € par mois en restant dans le boxe et en étant manipulé doucement. Il sera entretenu déjà comme un 4 ans. Quand je prends des 3 ans pour la préparation au ventes c’est le même prix qu’un 4 ans, 500 € par mois. Ils arrivent souvent la dernière semaine de juillet pour avoir le temps de les préparer pour les ventes de Nash car ils mettent déjà quinze jours à perdre leur ventre. Pour ma part un cheval qui m’appartient et que je souhaite présenter aux ventes me côute entre 250 et 300 € par mois. A 4 ans je les rentre juste après la grande semaine de Fontainebleau. Après les ventes Nash leur boulot commence vraiment. J’essaie de pousser leurs ferrures à deux mois pour un coût de 50 à 60 €. En ce qui concerne les vermifuges, je ne le fais qu’une fois par an à la sonde avec un mélange de cinq vermifuges. La sonde envoie le produit par le nez directement dans l’estomac. Cela coute 40 € mais c’est très pratique et je n’ai jamais eu de soucis. Nous faisons de l’élevage extensif alors je n’ai pas de problème dû au surpâturage. En concours il faut calculer l’amortissement du camion. Pour le mien je rembourse 15 000 € par an. Les engagements reviennent à une moyenne de 30 € par parcours multiplié par douze pour les 4 ans par exemple. Il faut aussi prévoir l’amortissement de la sellerie…
Mes 4 et 5 ans sont travaillés par mon cavalier-maison qui touche le smic pour son premier emploi de 35 h. C’est Benjamin Devulder ou Stéphane Dufour qui les montent en piste. Je paie Benjamin à la monte ?15 € par parcours ou quand il vient les monter à la maison et je lui donne 20 % sur les gains de concours. En ce qui concerne Stéphane qui s’installera à son compte l’an prochain chez moi, je ne le paie pas mais il a 50 % des gains de concours.
Le coût de la valorisation d’un jeune cheval peut varier du simple au triple selon l’écurie dans laquelle il se trouve. Pour ma part une saison me coûte 5 000 €. C’est à partir de 7 ans que cela commence à être très cher mais j’essaie toujours de trouver un deal avec un bon cavalier qui me prendra mon cheval contre un pourcentage sur le cheval. De plus le cavalier se sentira beaucoup plus impliqué. Si on a un cheval moyen il faut le vendre dès 3 ans autour de 6 000 à 10 000 €. Ma politique est maintenant de brader à 3 ans les chevaux que je ne veux pas garder. Et vendre les très bons à Nash. J’en aurai d’ailleurs huit cette année. Pour finir je ne garderai que deux 3 ans. Il faut mieux perdre un peu d’argent tout de suite que beaucoup plus tard. Malheureusement on ne vend pas nos chevaux en fonction de ce qu’il nous ont coûté, mais en fonction du marché ».
Jennifer Decamp
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