Le cycle Å“strien de la jument
Avant de parler des traitements hormonaux, il faut d'abord comprendre le cycle œstrien chez la jument. Petit aparté : les comportements de chaleurs dépendent de l'individu au point que certaines chaleurs chez des juments timides ou nerveuses peuvent être « silencieuses ». Il faut donc bien connaître individuellement les juments pour reconnaître les signes d'une chaleur. Son cycle est très atypique comparé aux autres espèces domestiques.
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Le cycle dure de 14 à 32 jours avec une moyenne de 21 jours et une durée de chaleur de 3 à 15 jours... Pratique, non ? Le meilleur est à venir : l'ovulation a lieu entre 36 et 48 heures avant la fin de cette période, on ne peut donc savoir qu'a posteriori la date de l'ovulation ! Un suivi individuel de la jument est donc nécessaire.
Le schéma suivant est simplifié à l'extrême mais il est suffisant pour comprendre le cycle hormonal.
Comme la jument semble spécialisée pour faire s'arracher les cheveux des éleveurs, contrairement aux autres espèces, l'ovulation n'est pas déclenchée par un pic de LH et le maximum de LH n'est atteint que 24 à 48 h après l'ovulation. Ce n'est donc pas un bon marqueur de l'ovulation.
Dans un cycle normal, on a donc une ovulation accompagnée d'un comportement de chaleur. Ensuite, un corps jaune se met en place sur l'ovaire. Il a pour rôle théorique d'empêcher tout retour en chaleur par la production de progestérone. Si l'ovule est fécondé, il persistera pendant toute la gestation. Si l'ovule n'est pas fécondé, le corps jaune sera détruit par la prostaglandine et la jument reviendra en chaleur.
Mais la jument a une particularité intéressante. Régulièrement, il arrive qu'un second follicule soit produit et partant qu'un ovule soit pondu entre deux cycles « normaux », donc entre deux chaleurs (30-60 % des juments de selle, rarement les ponettes). On a donc une ovulation « silencieuse » qui passe souvent inaperçue car la production de progestérone du corps jaune du cycle « normal » précédent entraîne un refus du mâle. Cette ovulation silencieuse entraînera bien sûr son propre corps jaune.
Si la jument n'est pas gestante, la prostaglandine secrétée par l'endomètre entraînera la disparition du corps jaune « normal ». Mais, si le corps jaune correspondant à l'ovulation « silencieuse » a moins de 6 jours, il ne sera pas détruit et persistera.
Ce corps jaune persistant peut induire en erreur sur une possible gestation chez la jument saillie car elle ne revient pas en chaleur, l'utérus est ferme à la palpation et le taux de progestérone est élevé. Cette hormone a pour but, en théorie, d'empêcher la production de d'autres follicules mûrs par inhibition de la sécrétion de FSH, hormone de la maturation.
Le traitement sera vu plus tard mais il faut savoir tout de suite que ce traitement peut provoquer un avortement, ainsi il faut bien vérifier la non gestation (l'ovule précédent a pu être fécondé) de la jument avant le traitement.
Résumons-nous : la fin des chaleurs, l'ovulation a déjà eu lieu; pas de pic de LH et la concentration maximale est 24 à 48 h après l'ovulation ; la progestérone ne permet pas d'être sûr de la gestation à cause du risque important de corps jaune persistant, ce qui élimine aussi la palpation de l'utérus et le non-retour en chaleur.
Donc l'ovulation ne peut être déterminée que lorsque l'on connaît la jument (et on peut se tromper) et la gestation ne peut être certaine que lors d'une échographie... Réjouissant !
François Kaeffer
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