Le décompte olympique lancé pour l'équipe de France de dressage
Les trois jours de stage orchestrés par le duo Jean Morel, sélectionneur national, et Laurent Gallice, conseiller technique national pour le dressage, ont sonné comme une réussite pour l’équipe de France. Elle repart du Parc équestre fédéral avec un élan supplémentaire en vue d’une saison de compétition dense.
“Les cavaliers étaient très contents d’être reçus à Lamotte. Les nouvelles écuries juste à côté du grand manège venaient juste d’être mises en service pour les accueillir dans les meilleures conditions. Ils ont trouvé le lieu spacieux et calme, idéal pour travailler en toute sérénité”, explique le sélectionneur national. “Il y avait deux pistes installées dans le manège, et de l’espace supplémentaire pour faire travailler les chevaux. Pour ceux qui avaient plusieurs chevaux, c’est un grand confort de disposer de telles infrastructures.”
Un avis visiblement partagé par les cavaliers présents, en témoignent les sourires sur les visages. “On a été très bien reçus au Parc équestre, les pistes sont superbes et l’organisation impeccable. Je suis super contente d’être de retour en équipe de France”, réagissait en fin stage Stéphanie Brieussel, membre de l’équipe de France à Rio (BRA) en 2016.
“L’endroit est vraiment incroyable. J’étais venu au Parc équestre une fois il y a au moins 15 ans, mais c’est la première fois avec l’équipe de France et ça n’a plus rien à voir”, confirmait Alexandre Ayache.
Une dynamique nouvelle
Une dizaine de cavaliers étaient présents, avec 14 chevaux, accompagnés par leurs entraîneurs privés et les propriétaires de chevaux, pour ces trois jours de stage du 8 au 10 avril. Seule Morgan Barbançon Mestre n’avait pu se joindre au regroupement, excusée en raison de sa participation ce même week-end à la finale Coupe du monde FEI aux États-Unis.
“On avait des cavaliers avec des profils différents, des profils assez jeunes qui performent actuellement et font preuve d’une grande régularité et des cavaliers plus expérimentés qui font leur retour avec des chevaux en devenir. Ce mélange des générations m’a semblé très riche et dynamique. On commence à construire un vrai groupe, ce qui est essentiel si on veut performer à Paris en 2024”, précisait Jean Morel.
Marc Boblet, membre de l’équipe de France aux JO 2008 et aux Jeux équestres mondiaux en 2014, confirme les propos du sélectionneur : “Le premier feeling c’est qu’on a à faire à une organisation très professionnelle et tournée vers le sport. Je pense que c’est une des premières fois où j’ai pu ressentir ça. C'est très intéressant, avec des gens vraiment compétents, et tout le monde est très investi. On se sent bien entourés pour faire du sport de haut niveau.”
“J’ai trouvé la construction du groupe très intelligente. Il y avait des chevaux en place sur le circuit international, mais aussi des jeunes chevaux d’avenir. Je pense que c’est très malin car on est à la fois très proche des Jeux et à la fois encore à 15 mois de l’échéance. Il peut se passer encore beaucoup de choses”, déclarait Alexandre Ayache, membre de l’équipe de France à Tokyo en 2021 et réserviste à Rio en 2016.
L’engagement fédéral salué
Le président de la FFE Serge Lecomte était présent pour échanger avec les cavaliers, les propriétaires et le staff. L’occasion de détailler à nouveau l’ampleur exceptionnelle du dispositif fédéral mis en place depuis quelques mois en vue des JO 2024, qui propose aux cavaliers un accompagnement sur le plan technique, mais aussi sur le plan humain.
Une opportunité pour le sélectionneur de mettre l'emphase sur la volonté forte de la Fédération d’accompagner les cavaliers dans la durée : “Nous avons beaucoup échangé avec les cavaliers pour nous assurer que notre stratégie remportait l’adhésion de tous. L’intervention de Jan Nivelle comme consultant technique, en collaboration étroite avec les entraîneurs privés de chacun, fait l’unanimité chez les cavaliers. Certains avaient déjà travaillé avec lui et d’autres le rencontraient pour la première fois, mais tout le monde a déjà bien progressé au cours de ces trois jours. Nous allons donc finaliser les choses pour pérenniser sa venue aux côtés de l’équipe de France. Nous avions aussi fait venir deux juges étrangers qui font référence sur la scène internationale. Ils ont pu évaluer les couples en condition de compétition le dernier jour puis débriefer de leurs prestations individuellement, toujours en présence des entraîneurs. Ils ont été agréablement surpris par la qualité des chevaux et le sérieux des cavaliers. Un check avec le maréchal ferrant et le vétérinaire a également été réalisé avec chaque cheval et le protocole de transmission des informations entre les vétérinaires traitants et le vétérinaire fédéral a été rappelé à chacun afin de travailler en toute transparence.”
L’accent à moins de 500 jours des jeux a également été mis sur le volet humain et l’accompagnement des athlètes cavaliers. “ Nous avons également souhaité intégrer la préparation physique, la préparation mentale et des outils de posturologie et podologie à ce stage. Ces outils sont également mis à disposition des cavaliers dans les autres disciplines olympiques et paralympiques avec succès. Je pense que c’est important pour mieux se connaître soi-même et mieux connaître les autres. C’est indispensable pour espérer former un groupe solide. Nous voulons tous atteindre le même objectif, mais il faut savoir prendre en compte les sensibilités de chacun pour adapter au mieux le chemin à parcourir. On demande beaucoup aux cavaliers, et par ricochet à leurs grooms et entraîneurs privés. La pression est grande, le rôle du staff est de les accompagner au mieux et de manière personnalisée”, précisait Jean Morel.
Jessica Michel, cavalière olympique en 2012 à Londres (GBR), abonde : “Il y a beaucoup d'ouverture d’esprit dans cette nouvelle équipe fédérale. Les interactions en préparation mentale, préparation physique et avec le posturologue étaient vraiment très intéressantes. J'apprécie beaucoup que ce temps pour nous nous soit offert. On vient en stage avec seulement un ou deux chevaux, on a vraiment eu le temps d’échanger avec ces intervenants. Quand on est à la maison, pris dans notre quotidien, on pense d’abord aux chevaux et on s’oublie parfois. La fédération nous donne vraiment la possibilité de nous améliorer dans notre système. Et puis il y avait un axe très fort de travail sur la cohésion de groupe. J’ai le sentiment qu’on passe un cap, avec une vraie volonté qu’un collectif solide se forme.”
Même réaction enthousiaste du côté d’Alexandre Ayache : “La grosse surprise, c’est le discours du staff qui est encore plus axé sur le sport. En clair, on doit marcher en équipe pour réussir et celui qui pense qu’il peut le faire seul n’y arrivera pas. C’est un discours qui me parle et cet esprit sportif me motive. En France, on a la chance d’être accompagné par de nombreux intervenants très qualifiés et cette saison, ça intervient plus tôt que les années passées. Ma femme est estonnienne et également cavalière de dressage, elle n’a pas un accompagnement de la sorte avec sa fédération. Nous avons beaucoup de chance et nous devons saluer notre fédération et la remercier pour tout ça.”
La saison est lancée
À peine le stage terminé, les cavaliers ont déjà pris la route en direction du Mans (72) pour un CDI 4* cette semaine. La semaine suivante, quatre cavaliers seront en piste à Fontainebleau (77) pour le CDI 5*, organisé en parallèle des Master Pro de saut d’obstacles.
“Ce sera pour nous l’occasion de retrouver Morgan Barbançon Mestre, de retour de la finale Coupe du monde et qui a passé plusieurs semaines sur les compétitions d’hiver en Floride. Nous aurons aussi Pauline Basquin et Corentin Pottier qui font preuve d’une belle régularité depuis plusieurs mois, et Alexandre Ayache qui a lui aussi montré de belles choses depuis le début de l’année”, détaille le sélectionneur des Bleus. “Ensuite, on retrouvera tout le monde au CDIO de Compiègne début mai. Après quoi, nous établirons la suite du programme avec chacun, avec comme autres grands rendez-vous la Coupe de nations de Rotterdam (NED) et, on l’espère, celle du CHIO d’Aix-la-Chapelle (GER) pour laquelle nous négocions actuellement avec l’organisateur une place pour l’équipe de France. Ensuite, il y aura les Master Pro à Vierzon en juillet et il sera temps d’affiner encore les dernières compétitions de chacun en vue des sélections pour les championnats d’Europe à Riesenbeck (GER) en septembre.”
Un programme de compétition dense qui continuera sur le circuit Coupe du monde. “Tout va aller très vite maintenant. L’adhésion des cavaliers et propriétaires au projet doit être totale et l’engagement de la FFE à leurs côtés est, je le crois, à la hauteur de nos ambitions olympiques” conclut le chef d’équipe tricolore.
LC
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