Le grand Todd avec un cheval gris

Le dressage a été remporté de belle façon par la locale Ruth Edge, dont l'expérience en dressage pur a parlé avec Two Thyme. Dans le camp tricolore il n'y avait pas de quoi pavoiser. Seul deux couples parvenaient à se hisser de justesse dans la première moitié du classement : Pascal Leroy et Minos de Petra dont la prestation en progrès a été diversement appréciée par les juges et Karim Laghouag/Havenir d'Azac pénalisés pour un oubli difficilement pardonnable dans le travail au galop. Hélène Vattier et Jubal pointaient à la 46e place après un travail « propre malgré un contexte impressionnant pour le cheval et sa cavalière ». En queue de peloton on trouvait Jean Teulère et Gwendolen Fer qui ont dû composer pour éviter une libération de pression trop explosive de la part de Matelot du Grand Val et de Leria du Ter. Souffrante, Ismène du Temple a déroulé une reprise très en deçà de son potentiel et a contraint Didier Dhennin à l'abandon. La jument va aujourd'hui très bien et devrait courir le CCI*** de Saumur. Bref Badminton n'est, on le sait, jamais une compétition de dressage. Travaillée pour compenser les effets de la sécheresse, la piste du cross s'est avéré être rapide, permettant à 7 couples de rentrer dans le temps imparti, dont le toujours véloce Andrew Nicholson avec ses deux chevaux. Pour d'autres ce fut l'occasion de se permettre de prendre des options comme sur le difficile double de pointe en milieu de tour où les Français furent quasiment les seuls à opter pour la voie directe. Des Français qui se sont très bien comportés sur le cross. Aucun ne fut maxi, avec des dépassement de temps allant de 2 s (Pascal Leroy) à 47 s (Hélène Vattier). Seule Gwendolen Fer n'ira pas au bout. Après un gros sursis sur le premier gué, Gwendolen et Leria n'ont semble-t-il pas vu la même foulée sur le fameux Quarry et se sont retrouvées à terre... Plus de peur que de mal, mais leur première participation à la classique anglaise ne sera pas allée à son terme. Peu d'incidents malgré tout cette année avec les deux tiers des participants qui sont arrivés à bon port sans souci. Pour les autres ce sont surtout les obstacles de fin de parcours qui ont posé problème car la fatigue commençait à se faire sentir. Ce fut le cas des leaders du dressage, contraints à l'abandon sur les haies décalées du Huntsmans Close. Land Vision, le gris de Mark Todd, fut lui aussi à la peine en fin de cross mais le savoir-faire du crack néozélandais a fait la différence. Quatrième du dressage, le couple était en tête d'un classement provisoire extrêmement serré avant le CSO. De fait, avec les 2/3 des concurrents encore en lisse pénalisés sur le CSO, notamment sur l'ultime et redoutable oxer, le classement a changé. Avec deux barres chacun, les Français ont encore reculé dans le classement. Aucun ne sera à la remise des prix même si Pascal Leroy s'en rapproche de plus en plus d'une année sur l'autre. Là, il s'en est fallu d'une seconde de temps dépassé sur le CSO ! En tête, le grand Mark Todd assurait le sans-faute pour une quatrième victoire à Badminton 31 ans après la première. Son cheval qui n'a que 10 ans et qu'il ne monte que depuis l'année dernière est selon lui le meilleur qu'il ait jamais monté. Son objectif est aussi clair que réalisable : un troisième titre olympique l'an prochain à Londres.

Guillaume Grégoire