Le haut niveau en ébullition
« Mon ennemi c’est la finance », « Il faut combattre les forces de l’argent », autant de litanies qui nous rappellent que nous sommes en période électorale et que, une fois encore, ces promesses n’engageront que ceux qui y croient. S’il y en a un qui ne fait pas dans la palinodie à propos de l’argent, c’est bien Jan Tops. Le leader néerlandais du haut niveau, par ailleurs fournisseur de chevaux à des clients à très fort pouvoir d’achat et homme d’affaires avisé, vient de semer le trouble dans l’establishment des sports équestres mondiaux :
1, en gagnant le bras de fer que la FEI avait engagé contre son idée de Global Champions League et 2, en ralliant la même FEI à sa volonté de faire du haut niveau, un niveau supérieur dominé par l’argent.

Face à l’arrivée massive de l’argent dans le sport équestre, des voix se sont élevées pour mettre en garde. Je me souviens des réflexions de Florian et Raynald Angot l’année dernière lors du NHS, je me souviens aussi de René Lopez qui publiquement s’opposait à un système pervers l’obligeant à acheter une table VIP pour pouvoir pratiquer son sport.

Aujourd’hui, le rubicond est franchi : la FEI cautionne le système Tops qui conduit à aligner le prix des engagements en Europe sur celui, très élevé, pratiqué aux Etats-Unis. La sélection par l’argent, sous-jacente dans cette pratique sportive comme dans d’autres, est là , bien affirmée et sera encore plus impitoyable dans la participation des équipes à la Longines Global Champions League de Jan Tops. Il faudra d’abord être riche avant de savoir monter à cheval. Comme en F1, argent et sponsor sinon pas de volant.

Autres dommages collatéraux, l’augmentation des engagements pour les CSI 2,3,4*. Soit des droits d’entrée multipliés par 3 ou 4 avec pour conséquences, comme l’indique Clément Boulanger dans une lettre ouverte : la diminution du nombre de cavaliers, la dévaluation du commerce, la décroissance des naissances et pour finir, la décote du sport.

Des cavaliers de plus en plus nombreux sont montés au créneau, emboîtant les pas de Steve Guerdat et Kévin Staut. Les fédérations européennes s’insurgent contre de telles pratiques. Tout le microcosme européen est en ébullition contre une FEI servile qui, comme l’explique Kevin Staut, ne joue pas son rôle d’arbitre. Une réunion de concertation vient d’avoir lieu à Lausanne entre l’instance représentative des cavaliers internationaux et la FEI qui a décidé de revenir sur son intention de supprimer la « chasse » du CSO des Jeux Mondiaux. Piètre consolation.

Certains cavaliers qui n’ont ni le temps ni les moyens de faire du 2 ou 3* ont un avis qui ne manque pas de pertinence : c’est le moment, disent-ils, de revaloriser les concours nationaux largement concurrencés par les 2* et tombés en disgrâce. A suivre.

La filière qui sort tout juste du marasme économique n’avait pas besoin de cette nouvelle turpitude.

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Etienne Robert

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