Le journal d’un cheval sans papiers
Un nouveau livre de Odile Reynaud
Les amateurs d'art et de sports équestres la connaissent bien : elle a fondé en 2005 une sympathique institution, l'Académie Astley, destinée à la promotion du Dressage et de ceux - hommes ou chevaux - qui le pratiquent, attribuant chaque année, sous les ors des salons du Palais du Luxembourg (autrement dit : le Sénat) des prix d'encouragement.Également créatrice du Haras de la Ferrandière, Odile Reynaud est une cavalière aux multiples talents : éleveuse, elle est aussi peintre et - romancière.
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Dans son tout dernier (et tout récent) ouvrage, elle fait preuve d'un atout supplémentaire : sa capacité à parler cheval. Toute l'histoire - celle d'un excellent cheval de Dressage dont les papiers d'origine ont été égarés, ce qui va bouleverser sa vie -, en effet, est racontée par l'animal lui-même. Avec verve. Et même parfois gouaille. Avec humour toujours. Voilà déjà une première qualité pour un écrivain, fut-il quadrupède : son livre se lit très facilement. Mieux encore : avec plaisir.
Le cheval, dont le vrai nom, Sir Jonny Boy, constitue le titre du roman (on préfère le sous titre : « journal d'un sans-papiers »), affuble dans son récit les humains qui l'entourent de noms construits sur des jeux de mots souvent drolatiques. Sa description des milieux sociaux gravitant autour du club équestre qui l'abrite, comme celle de l'univers du Dressage, est peu flatteuse, mais sonne juste : la caricature est ressemblante. Bravo l'artiste !
L'histoire ? C'est celle de Jonny (diminutif : Jo) et de sa jeune cavalière, de nationalité polonaise, qui, après avoir tourné à haut niveau avec Jo dans des épreuves internationales, souhaite arrêter la compétition, et même l'équitation - et cherche à vendre son cheval. Hélas, elle a égaré les papiers qui en prouvent les bonnes origines.
Autour de Jo, on suit toute la vie de l'écurie, dirigée par Marc Balourd, un entraîneur célèbre, soucieux uniquement de renommée et d'argent. Son épouse, Virginie, à force d'être méprisée et trompée, s'adonne à l'alcool. C'est une épave - mais elle comprend le langage équin, et compatit au malheur de Jo qui, du fait de l'abandon de sa cavalière, ne sort presque plus et commence à déprimer lui aussi. Le cheval est essayé par de nombreux éventuels acheteurs, qui renoncent tous au dernier moment : que faire en effet d'un cheval sans papiers, et donc exclu des compétitions officielles ?
Décidée à redonner une existence digne de ce nom à ce grand cheval dont personne ne veut, Virginie se ressaisit, reprend goût à la vie, se défait de l'envoutement néfaste de son mari. Et finit par trouver une nouvelle propriétaire qui saura faire refaire ses fameux papiers et lui redonner un statut et une carrière à la hauteur de ses qualités sportives. On est soulagé.
Voilà un livre à la fois réjouissant et instructif. Dans le petit monde du Dressage, ce n'est pas si fréquent. Il faudrait donc songer à le récompenser. Odile Reynaud ne pourrait-elle pas accorder à ce Sir Jonny Boy le prochain prix de l'Académie Astley ?
Antoine de Morges
Sir Jonny Boy (Le journal d'un sans papiers) roman de Odile Reynaud (Les éditions des étoiles, 2012) 236 pages 18.90 €. www.harasdelaferrandiere.com
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