Le monde du dressage pleure Margit Otto-Crépin
La cavalière, originaire de Sarrebruck, prend la nationalité française en 1971 lorsqu’elle épouse Daniel Crepin.
Corlandus
Elle a réalisé ses meilleures performances avec le Holsteiner Corlandus. Elle l'a formé avec l'aide de Fritz Tempelmann et Norbert van Laak. Alors qu’elle participait avec le Selle Francais Caprici aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984, Corlandus devait faire ses débuts en championnat un an plus tard lors de sa première saison de Grand Prix : les Championnats d'Europe à Copenhague. Deux ans plus tard seulement, en 1987, le couple remporte la médaille d'or individuelle - le premier titre de champion d'Europe pour la France.
Corlandus et Margit Otto-Crépin ont fait leur plus belle apparition aux Jeux olympiques de Séoul en 1988 lorsqu’ils remportent la médaille d’argent derrière Nicole Uphoff et Rembrandt. La même année que la Madaille d’Or de Pierre Durand et Jappeloup. Puis c’est la victoire dans la finale Coupe du monde de Göteborg en 1989. Un an plus tard, le couple s’offre également l'argent aux Championnats d'Europe. Le couple a remporté sa cinquième et dernière médaille aux championnats d'Europe de Donaueschingen en 1991.
Ses Titres
Margit Otto-Crépin a participé pour la dernière fois aux Jeux olympiques en 1996, en selle de Lucky Lord by Lord à Atlanta. Elle a terminé quatrième avec l'équipe de France.
Elle a également participé à de nombreuses compétitions internationales, notamment avec les étalons du Holstein Loutano et Lebus et ses chevaux de Grand Prix Corlino, Whitney et Tornado.
Ses engagements
La dresseuse a toujours milité dans les instances les plus hautes pour la défense du dressage. Elle fut présidente de l'International Dressage Riders Club (IDRC) pendant douze ans, a été membre du comité de dressage de la FEI à trois reprises entre 1989 et 2011, vice-présidente de l'UEAA, membre du comité des athlètes et de la commission médicale de la FEI.
Ecuyer d’Honneur du Cadre Noir
Le Cadre Noir a honoré la cavalière de dressage la plus titrée de France et l'a nommée "Écuyer d'Honneur". C’est à l’initiative du Colonel Margot, Ecuyer en chef du Cadre Noir de Saumur de 1945 à 1958 que le tout premier « Ecuyer d’honneur » fut nommé. Cette distinction à caractère très exceptionnel fut remise pour la première fois à Reveroni Saint-Cyr, double médaille d’or pour la Suède dans la discipline du dressage aux Jeux Olympiques d’Helsinki en 1952 puis de Stockholm en 1956. Le Colonel Margot lui avait remis ce titre en 1950 pour honorer ses performances sportives et son attachement à la France ainsi qu’au Cadre Noir de Saumur.
Durant les vingt d’années, seules quelques personnalités du monde équestre ont été honorées de cette distinction par les écuyers en chef successifs. Parmi elles : Michel Robert, Albert Van Doorn, Filipe Graciosa, Georges Morris, Rafael Sotto, et Margit Otto Crepin.
Cavalière jusqu’au bout
Margit Otto-Crépin n’a cessé de se consacrer à ses chevaux au Holsteiner Verband à Elmshorn. Jusqu'à la fin, elle est venue quotidiennement de Hambourg pour les monter et s'en occuper - avec son palefrenier de longue date, Nathalie Kock - qui continuera désormais à s'occuper des chevaux dans l'esprit de cette grande dame du dressage.Â
L’hommage de Pierre Durand
« Je suis bouleversé par la mort de mon amie Margit Otto Crépin. C'est une femme d'une grande classe qui nous quitte dans la discrétion. Toujours digne, que ce soit à pied ou à cheval. Je veux ici témoigner ma sincère admiration pour cette grande cavalière de dressage. Elégante, intelligente, talentueuse et dotée d'un caractère de championne, elle nous a enchantés, notamment avec son célèbre Corlandus. Nés sous le même signe astrologique, ce qui nous a rendu très vite complices, nous avons connu lors des mêmes jeux olympiques, l'ivresse des podiums. Portés par les mêmes valeurs, nous avions oeuvré de concert pour que la reprise libre de dressage soit inscrite au programme des grands championnats et des jeux. Nos liens en ont été renforcés. Je m'incline devant celle qui a porté au plus haut le dressage français. »
...du Colonel Christian Carde, Ecuyer en Chef du Cadre Noir de 1991 Ã 1999
« Au revoir Margit,
Il est rare de rencontrer quelqu'un qui présente d'aussi heureuses dispositions. Et il est rare d'avoir la chance de côtoyer longtemps cette personne. J'ai eu cette chance.
Nous avons été concurrents, puis co-équipiers avant que je ne sois votre chef d'équipe. Mais surtout, nous étions amis.
Vous étiez l'élégance même, et nous partagions ce désir obsessionnel de montrer du Dressage de compétition le visage le plus brillant, le plus convaincant, sans tricher.
Vous étiez admirable de persévérance dans votre soif de vous perfectionner et de pousser toujours plus loin, plus haut, le dressage de vos chevaux.
Par votre intelligence, votre charisme, l'autorité souriante qui émanait de votre personne, vous étiez l'ambassadeur idéal de cette équitation que vous aviez adoptée en devenant française.
Merci, Margit, pour avoir montré sous nos couleurs tant de belles choses sur de nombreux terrains.
J'ai été tellement heureux d'avoir pu me présenter au botte à botte avec vous au Jumping de Bordeaux en 98. C'était la consécration de ce long parcours effectué ensemble dans la confiance et l'amitié.
Comme beaucoup ce soir je suis triste, très triste. Reposez en paix, vous l'avez bien mérité. »
L’équipe du Journal Le Cheval adresse ses condoléances attristées à sa famille et ses proches.
C. Robert
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