- Toute l’actualité du cheval et des sports équestres

Le pari du Bary

  • La ferme du Bary, un havre de paix (©ER)
    La ferme du Bary, un havre de paix (©ER)
  • Normande du Bary (Casallo Z) et sa mère Cachemire Belmanière (Salto de l’Isle-Muguet du Manoir née chez Claudie Blandamour). La jument est en co-propriété avec leur ami Franco Bissacco (©ER)
    Normande du Bary (Casallo Z) et sa mère Cachemire Belmanière (Salto de l’Isle-Muguet du Manoir née chez Claudie Blandamour). La jument est en co-propriété avec leur ami Franco Bissacco (©ER)
  • Magnifique lot de pouliches de 1 an (©ER)
    Magnifique lot de pouliches de 1 an (©ER)
En relativement peu de temps, l’élevage du Bary de Marina Storgato et Christian Gonsolin  s’est taillé une solide réputation. Situé dans le triangle d’or de l’élevage normand du nord Cotentin, tout près de la mer, aux Coeuries sur la commune de Montgardon, il a essaimé partout dans l’hexagone et bien au-delà comme en Irlande, en Angleterre, en Italie et aux USA. Avec ses poneys et ses chevaux de sport. Les croisements « à l’envers », c’était le pari du Bary. Gagné.

Une boule d’énergie, Marina Storgato. Arrivée en Normandie il y a tout juste 23 ans avec son compagnon Christian Gonsolin, cette Italienne empathique l’avoue humblement « j’aimais les chevaux mais je ne connaissais pas grand-chose à l’élevage ». Christian, lui, oui. Issu des Hautes-Alpes, d’une famille de maréchaux-ferrants, il a roulé sa forge un peu partout dans le monde et tissé un réseau impressionnant de relations. En Italie, il a rencontré Marina, ouvrière dans une usine textile. Le projet de créer un élevage en Normandie qu’il connaissait pour être venu acheter des chevaux à la foire de Gavray a grandi. Le 11 septembre 2000 très exactement, ils arrivaient aux Coeuries sur une ferme de 40 hectares dont ils sont maintenant propriétaires.

Pourquoi la Normandie ?  Christian ose la métaphore « Quand on veut faire du cinéma, on va à Hollywood, quand on veut faire de l’élevage on va en Normandie ». Bien vu.

Le petit pont du Bary qui les sépare de la route départementale a donné son nom à l’élevage. « Bary avec un seul R » précise Marina dans un impeccable français coloré par son délicieux accent italien.

L’adaptation s’est faite rapidement et simplement. Fernand Leredde et Georges Brohier sont devenus leurs amis. « Nous les avons beaucoup écoutés » précisent ceux pour qui l’amitié est la première des vertus cardinales.

Gozzilla, la sans-papier

« Nous sommes arrivés ici avec Gozzilla, ponette sans papier, un autre poney et un 5 ans. Gozzilla avait des aplombs moyens, elle tiquait et grattait mais elle avait un très bon coup de saut. Georges Brohier nous avait dit « C’est pas grave, elle vous fera des cracks », se souvient Christian.

De fait elle a eu une descendance exceptionnelle, croisée à des étalons chevaux. Citons Rubis du Bary (Cyrius de la Lande) qui fit le bonheur de Margaux Ybert dans les GP amateurs ; Tekila (Euro Sometine ISH) passée sous la selle de May Huguenin et aujourd’hui en Angleterre où elle aligne les victoires en GP ; Atomic (Frascator Mail) exporté en Angleterre où il aligne les victoires en GP ; Corradino (Urlevent du Bary) en Irlande ; Sultan du Bary (Versailles) en Angleterre ; Gozzillo (Salto de l’Isle) PFS, bon gagnant actuellement en GP 7 ans TDA avec Servane Alexandre.

Le fils de Gozzilla produit bien avec de grandes juments.

La marque du Bary se distingue par le caractère facile de ses produits. « La ponette grise que vous voyez là », indique Christian, « revient de Riesenbeck où elle a été montée par les enfants de Ludger Beerbaum. Avant, elle a mis en selle les filles d’Olivier Guillon ». Comme Chistian, ses chevaux sont de grands voyageurs « plus appréciés à l’étranger qu’en France » précise-t-il.

Nul n’est prophète en son pays… 

Réseautage…

Une vingtaine de juments sont à l’élevage pour une quinzaine de poulains par an. Marina insémine ses propres juments, celles qui lui sont confiées le sont par un vétérinaire.

Le réseautage du Bary n’a rien à voir avec celui de la « tech » moderne et start-upiste. Il est basé sur l’amitié et le respect. « Tous nos clients sont devenus des amis et vice-versa ». L’empathie fonctionne.  Ajoutez à cela le contexte familial favorable : Cristian le fils de Marina et Maya Frati son amie, sont grooms internationaux de 5*. Ils ont dans leurs carnets d’adresses les contacts des cavaliers et propriétaires du haut niveau international. Et leur estime. Certaines juments du top niveau arrivent ici soit pour leur retraite soit pour faire de la repro. 

Winia van’t Vennehoff est de celles-là. Fille BWP de Kannan elle a tourné en 150 aux USA. Ses deux premiers produits ont tourné en 160 : Zinius avec Harrie Smolders et Coriander. Ici elle a produit Belle Epoque du Bary, (Bertil du Bary)  et une autre pouliche avec Dollar du Rouet. Elle est pleine de Salto de l’Isle aujourd’hui.

Verelude (KWPN x Lux Z) est arrivée ici grâce à des amis italiens. Elle a produit Etoile du Bary (Urlevent du Bary) aujourd’hui chez Benoît Cernin, Gentleman du Bary (Salto), Fellini du Bary (Nartago), James Bond du Bary (Urlevent) proposé à la vente de Ravenoville sans succès et vendu en Floride, Kopeck du Bary (Urlevent) qui sera présenté à la qualif étalon cette année, Hussard du Bary (Bassano de Nantuel) confié à Inès Vesine, une cavalière de la région parisienne.

Perle Grise de Beaumont BWP (Skippy II) est la mère de Vicking du Bary (Hurlevent de Breka), performer sous la selle de Luca Moneta, mais disparu prématurément.

« Notre façon d’élever est très nature, précise Christian. Les chevaux sont mis au Marais. On ne court pas après les finales. On laisse grandir tranquillement et nous ne sommes pas pressés de vendre. On fait ce qui nous plait ».

Bary côté pères

Salto de l’Isle, c’est la référence normande du Bary. Acheté foal par Marina, Christian et leur ami italien Franco Bissacco à Joseph Clérot, il va signer durablement et qualitativement sa descendance en chevaux comme en poneys, en CSO comme en Complet. Débuté par Benjamin Devulder et Stéphane Dufour, puis entré à l’élevage, Salto (Hurlevent de Breka et Ottes de l’Isle x Qredo de Paulstra) a 184 produits enregistrés. C’est la souche de Dea (Theo Top) d’où sont sortis entre autres Uno et Vénard de Cerisy.

Adeptes des croisements « à l’envers », Marina et Christian ont croisé des juments étrangères avec des étalons SF.

Urlevent du Bary, aujourd’hui avec Olivier Martin, est le fruit du croisement entre Hurlevent de Breka et Mette (Corrado) Holst. Elle a aussi produit Alaska du Bary (Kalaska de Semilly), exporté.

Bertil du Bary est le fils de Pommery BWP (Latano) qui a performé avec Marco Kutscher, croisée à Salto de l’Isle. Bertil est aussi le père de Beau Gosse du Bary qui a pour mère Palombe du Bary (Hurlevent de Breka et une mère près du sang). Beau gosse rejoindra rapidement le piquet de Benoît Cernin.

Benoit Cernin

Un pur hasard que cette rencontre. 

Lorsque le cavalier de Saône-et-Loire a franchi le pont du Bary, bien informé par ce qui se faisait de l’autre côté, il est tombé sous le charme des éleveurs et de leur élevage. Les essais ont été rapidement concluants avec une communauté d’idées sur l’art et la manière de pratiquer le sport et la valorisation.

Elixir du Bary (Salto de l’Isle et Nanita (kwpn) x Burggraff) qui devait partir en Angleterre a immédiatement pris la direction de Génelard (71), la base stratégique du cavalier.

Revenu en Normandie avec son sponsor, il en est reparti avec Etoile du Bary (Urlevent du Bary et Verelude x Lux Z), puis Jupiter du Bary (Clarimo et Cachemire Belmanière x Salto de l’Isle) puis l’étalon SF Ilarius du Bary (Quabri de l’Isle et Cachemire Belmanière) qui fit grosse impression lors du CIR de Cluny et prochainement Beau Gosse. 

Etienne Robert


Good Star du Bary en finale 7 ans à Lanaken

Fils de Rock’n Roll Semilly et Rosée du Bary par Oberon du Moulin, Good Star du Bary SF a réalisé à Lanaken la meilleure performance des chevaux français cette année. Le hongre gris enregistré au SBSF et non au Z comme indiqué par erreur dans la start-liste a terminé son championnat des 7 ans à la 14e place (0+0+4) sous la selle de l’Irlandaise Jessica Burke. Il est le seul cheval SF à être arrivé en finale. Good Star avait été proposé lui aussi à la vente de Ravenoville à 3 ans. Confié à Olivier Guillon et Inès Vesine, il a été exporté l’année dernière en Irlande où il fait partie des meilleurs chevaux de sa génération.

E. R.

02/10/2023

Actualités régionales