Le prix de la transparence
Les lignes bougent dans le milieu un peu fermé du monde du cheval. La récente décision de la FFE (13 janvier 2015) de rendre obligatoire la licence aux propriétaires de chevaux de sport - bien que non cavaliers - fait des remous. Les « indignés de la politique fédérale » crient au scandale, d’autres prétendent que, pour compenser une baisse certaine des licenciés, la Fédé a inventé ce subterfuge.

La réalité est certainement ailleurs. La Commission européenne cherche à harmoniser les règles « cheval » dans les Etats membres. L’identification fut un premier palier en septembre 2004. Le règlement révisé prévoit un système plus sûr pour enregistrer et identifier les équidés dans l’Union. Chez nous, c’est à l’ifce que revient le rôle de « gendarme ». L’objectif est de mieux lutter contre les « accidents » ou les fraudes à l’abattage de chevaux exclus du champ de la consommation humaine. C’est une façon de tirer les leçons du scandale de la viande de bœuf remplacée par de la viande cheval en 2013.

Les règles vont encore se durcir en 2016 avec la mise en place d’un système de passeport renforcé qui servira aussi de dossier médical. Une banque de données centralisées sera obligatoire dans tous les Etats membres. Notre SIRE sera perfectionné et les Etats qui ne disposent pas d’un tel système auront jusqu’en juillet 2016 pour se mettre dans les clous.

Un autre combat est mené par le CGAAER (conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux) : il préconise des mesures très partisanes afin d’inciter les détenteurs d’équidés à recourir à l’abattage de leurs animaux plutôt qu’à toute autre solution en fin de carrière. Parmi les arguments des lobbyistes du CGAAER : la modification de la directive relative aux résidus médicamenteux (en gros tous les animaux, quel que soit le traitement vétérinaire, seront rendus aptes à la consommation humaine), l’obligation par voie législative d’une assurance « fin de vie » pour les chevaux destinés à l’équarrissage par choix idéologique de leur propriétaire ou détenteur.

C’est le délicat et onéreux problème de l’équarrissage qui est frontalement abordé ici en ouvrant tout grand les portes des abattoirs...

C’est là qu’il va falloir monter au créneau. Car imposer une assurance fin de vie, c’est aussi asphyxier financièrement des propriétaires qui doivent déjà faire face à des prix d’équarrissage exorbitants.

Les arguments de la Fédé en faveur de la licence propriétaire sont pertinents (lire page 2). Le sentiment d’appartenance à une famille ou à un mouvement rend plus fort lorsqu’il s’agit d’entreprendre des actions collectives, quelles qu’elles soient. A un moment ou à un autre, la sujet TVA reviendra sur le tapis et chacun sait qu’il ne peut être réglé qu’à l’échelon européen. Se mettre en conformité avec la législation européenne, c’est aussi avoir accès à la PAC cheval. Le flou artistique qui entoure certaines coutumes du milieu équestre risque bien de disparaître.

Un peu moins de liberté de faire n’importe quoi, c’est sans doute le prix de la transparence.



Etienne Robert
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