Le professeur Jean-François Chary : « Il faut prendre la génomique à bras-le-corps »
Pôle santé animale à Equita’Président du Comité d’animation et de coordination de VET 2011, l’année mondiale vétérinaire, le professeur Jean-François Chary, sommité en matière de médecine vétérinaire équine et en matière de politique du monde du cheval, avait bien des raisons d’être satisfait de cet Equita’ 2011.
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Le pôle santé, spécificité lyonnaise, occupait un vaste espace extrêmement bien documenté et d’une grande richesse pédagogique. « Nous avons voulu sensibiliser les enfants de manière simple sur des grands thèmes comme l’orthopédie, la digestion, la reproduction, expliquait le Dr Olivier Lepage, chirurgien en équine à l’école vétérinaire de Lyon. Nous avons aussi fouillé dans les archives pour ressortir les éléments que vous voyez dans les vitrines. Nous rendons hommage au premier d’entre nous, Claude Bourgelat, ainsi qu’à Jean-Baptiste Chauveau et Etienne Marey, le premier vétérinaire et le second médecin, dont la collaboration a abouti à la découverte de la cardiographie intracardiaque. Le laboratoire de physiologie de l’Ecole de Lyon possède encore les sondes, tambours et enregistreurs utilisés par Chauveau et Marey ». Grandiose cet espace santé que les laboratoires Mérial accompagnaient.
Entretien avec le Pr Chary.
Parlez-nous de cet anniversaire de la médecine vétérinaire et de VET 2011.
« Nous fêtons cette année les 250 ans de la naissance de la profession vétérinaire puisque c’est à Lyon en 1761 qu’a été créée la première école vétérinaire du monde et elle a été créée par Claude Bourgelat, un écuyer du roi, cavalier, donc il était assez normal que dans cette événement lyonnais nous commémorions cette naissance de la profession vétérinaire qui est quand même un des acteurs de la filière cheval et donc nous sommes, à plusieurs égards, grâce à la gentillesse de Sylvie Robert, présents sur ce salon qui est un petit peu une édition vétérinaire.
C’est donc la raison de ce déploiement exceptionnel ?
« Tout à fait. Le pôle santé ça a été la volonté de l’école vétérinaire de Lyon de participer à cet événement d’Equita’Lyon depuis plusieurs années, en mettant en place un stand où le grand public pouvait venir demander des renseignements sur la santé du cheval, sur son élevage, ou toute autre chose en relation avec la profession vétérinaire. Cette année le stand a pris une dimension un peu particulière parce que pour ce 250e anniversaire nous avons fait une exposition qui est un petit peu un « musée » de l’histoire de la profession vétérinaire depuis les 2 siècles et demi derniers.
Il est l’oeuvre des enseignants chercheurs de l’Ecole du département hippique et de ce que l’on appelle maintenant Clinéquine, c’est à dire la clinique de l’école vétérinaire de Lyon, avec les assistants, les résidants et les internes. Ce sont eux qui animent le stand et par conséquent sont à même de répondre, avec beaucoup de compétences, aux questions des visiteurs ».
Lyon est toujours en pointe dans la médecine vétérinaire ?
« Lyon est la première école vétérinaire du monde, donc en cette matière elle a été un petit peu novatrice pendant longtemps, mais aujourd’hui nous avons quatre écoles vétérinaires en France qui sont tout à fait au même niveau de compétence et d’expertise, chacune des écoles vétérinaires a ses caractéristiques propres, ce ne sont pas vraiment des clones, mais en matière de niveau scientifique les quatre écoles vétérinaires sont au même rang ».
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur les sports équestres et sur la filière cheval que l’on dit malade ?
« La filière équine n’est pas plus malade que le reste. C’est une filière dont l’économie est une économie secondaire. La consommation en matière de cheval et de produits dérivés n’est pas une consommation prioritaire donc c’est une consommation de plaisir, de loisir, etc., et tout ce qui n’est pas essentiel dans des périodes de crise comme nous vivons, vit nécessairement des périodes difficiles. Mais enfin quand on voit aujourd’hui ce que vous avez vu et ce que j’ai vu, cette foison de stands qui vendent des produits dérivés, etc., on se dit que peut-être sommes-nous dans une période difficile mais enfin les choses sont quand même relativement optimistes parce que ça à l’air de bien marcher tout ça et ça a l’air de marcher d’autant plus que, vous l’avez remarqué comme moi, les visiteurs du salon sont en grande majorité des jeunes, et par conséquent la petite graine, elle est dans leur tête et donc je crois que la filière cheval n’est pas dans une situation si difficile que ça ».
Vous suivez le débat sur la TVA ?
« Bien évidemment, je suis ça, comme tous ceux qui ont été aux affaires, comme on dit, et puis qui continuent à s’intéresser. Cette problématique est une problématique essentielle. J’ai été de ceux qui se sont battus - et il a fallu beaucoup de temps - pour qu’en 2005, le cheval soit déclaré produit agricole grâce à Hervé Gaymard. Aujourd’hui il faut absolument s’accrocher à ça. Cela ne fait plus partie des préoccupations qui sont les miennes sur le plan fonctionnel, moi je m’intéresse plutôt, parce que c’est là où on me conserve certaines responsabilités, aux aspects scientifiques de la filière et en particulier un aspect que je trouve absolument fondamental pour son développement qui est celui de la génomique ».
Expliquez-nous ce qu’il y a derrière le mot génomique.
« La génomique est une discipline scientifique qui permet à partir de l’étude du génome d’un individu, d’un être vivant, de diagnostiquer précocement quelles sont ses aptitudes potentielles. Tout l’élevage, toute la sélection, ont été basés précisément sur l’identification des aptitudes, dans toutes les espèces, c’est le fondement même de la zootechnie et jusqu’alors nous n’avions comme mesure du potentiel que des facteurs relativement subjectifs qui étaient : on regarde le modèle, on regarde le geste, on regarde les aptitudes de tempérament sur tel ou tel test. Aujourd’hui est en train de se développer une discipline scientifique, cette génomique, qui va vous permettre en regardant, je simplifie à outrance, dans un microscope, de pouvoir dire si tel poulain a potentiellement, on ne va pas dire a forcément bien sûr - c’est toute la différence entre l’acquis et l’inné - mais a potentiellement de hautes performances dans ses gènes. Par conséquent investissons sur celui-là et ne perdons pas de temps avec l’autre qui aura peut-être d’autres caractéristiques très sympathiques qui en feront un excellent cheval de compagnie. Aujourd’hui c’est un débat : est-ce que le cheval est un animal de compagnie? Moi je dis oui aussi, ça fait partie de la panoplie de tout ça. Et donc des thématiques comme la génomique, devons-nous la prendre en compte ? Le cheval animal de compagnie, devons-nous le prendre en compte ? Ce sont les problématiques de la filière cheval dans les années qui viennent et comme toutes ces problématiques d’avenir, il ne faut pas les prendre avec frilosité, avec crainte. Il faut les prendre à bras-le-corps et ce n’est que si nous sommes capables de les prendre à bras-le-corps, de nous en saisir et de les exploiter, au bon sens du terme, que nous serons les garants du développement de la filière cheval dans notre pays ».
Vous êtes satisfait de l’évolution de la Fédération Française d’Equitation dont vous fûtes le président ?
« Je vois ça d’abord avec énormément de joie et de satisfaction. Bien évidemment lorsque l’on a participé, d’une façon ou d’une autre, au développement de ce sport, au développement de cette filière, le fait de voir avec un peu de recul que les choses se sont développées et continuent à se développer, ça ne peut que vous remplir de joie, enfin c’est mon cas. Ce qui me remplit de joie aussi un petit peu, c’est qu’à une certaine période, je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais j’avais dit que l’équitation de loisir, l’équitation sur poney, très rapidement serait numériquement plus importante que l’équitation traditionnelle. Non seulement ma prédiction s’est réalisée mais elle est aujourd’hui complètement dépassée, et donc le fait que ce sport, et au-delà du sport, cette activité, et je dirai même cette manière de vivre, se développe de cette façon, eh bien cela ne peut que me remplir de joie. »
Propos recueillis par ER
SANTEQUINE, le premier e-carnet de santé
Merial, partenaire des vétérinaires de la filière équine a présenté à Equita’, le premier e-carnet de sante pour l’écurie. Fort du constat qu’il règne une certaine « pagaille » dans les documents papiers qui accompagnent les soins vétérinaire et qu’en France il n’existe pas d’outil dédié pour oragniser, planifier et suivre régulièrement les soins de tout un effectif, Merial a mis au point ce logiciel e-santé que les praticiens vont proposer gratuitement aux écuries. Ce logiciel conçu en concertation avec les vétérinaires et les responsables d’établissements équestres, se charge sur un ordinateur et fontionne aussi sur un téléphone mobile. La saisie des soins permet d’obtenir les dates estimées des prochains actes à prévoir et de planifier, à partir de rappels affichés sur l’écran et adressés par SMS, de planifier les interactions avec le vétérinaire. Une rubrique « conseils pratiques » donne accès à des recommandations simples, relatives aux principaux actes de prévention et constituent une aide pertinente pour répondre aux exigences règlementaires.
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