Le trio Pégase (par Jean-Louis Gouraud)

Je ne pouvais alors pas imaginer qu'un jour cet œcuménisme cavalier pourrait s'élargir encore, et s'incarner sous la forme d'un trio musical. C'est pourtant ce qui vient de se produire, le samedi 9 juin, quelque part dans le Perche – le berceau du percheron... et de quelques artistes, amateurs d'équitation.
Il y a, d'abord, la désormais célèbre Claire Veillères : célèbre depuis que l'Ecole Nationale d'Equitation lui a décerné le Prix Pégase pour son roman La Capture, captivant récit d'une traque au cours de laquelle un bel étalon – et une jeune sauvageonne – ridiculisent les beaux messieurs qui les pourchassent. A lire son livre, on devinait sans peine que Claire Veillères connaissait les chevaux, mais nul ne pouvait s'imaginer que l'écrivaine était aussi une talentueuse violoniste.
Il y a, ensuite, habitant la même fermette isolée qu'elle, un artiste peintre, très inspiré par les arbres et très passionné par les mules (quadrupèdes). Son nom, Bruno Cordilhac, n'est pas inconnu dans le monde de la peinture ; il est moins célèbre dans le monde de la musique – et pourtant, ce Bruno là est un pianiste virtuose.
Il y a, enfin, l'illustrissime illustrateur, dessinateur et sculpteur Jean-Louis Sauvat, dont tout le monde sait qu'il est également un fin cavalier, un des rares élèves de Nuno Oliveira qui ait été adoubé par le Maître. Eh bien – c'est un scoop ! – Sauvat est aussi (et enfin) un violoncelliste, certes débutant, mais très prometteur...
Ils se sont réunis pour la première fois en public chez un amateur de percherons, Pascal Barrier, qui dirige par ailleurs un atelier de création graphique à Nogent-le-Rotrou. Après avoir interprété quelques pièces de Haydn devant tout ce que la région compte de cavaliers et de cavalières, le trio, qui s'est auto-baptisé Pégase – en hommage au cheval ailé chez qui les Anciens voyaient une allégorie de la poésie, à une époque où poésie et musique ne faisaient qu'un – s'est lancé dans l'interprétation d'airs populaires : tangos argentins et mélodies tsiganes, qui mirent en joie une assemblée assez portée, il est vrai, à la gaité.
Le trio annonce pour les mois qui viennent une vaste tournée régionale, qui le mènera jusqu'à Illiers-Combray, Chuelles et autres hauts-lieux équestres et musicaux.