Le vent en poupe
La belle histoire de l’élevage a débuté avec l’achat d’Abilene des Isles en 1991. La famille, dont François le père possédait déjà un cheval de loisirs, craque littéralement pour le poney New-Forest (François est désormais président de l’association nationale de la race). Elle se rend au championnat de France de Bourges et en ramène cette fille de Fijal Soloist. Celle-ci était pleine de Woodrow Honey’s Benjamin et pouline en 1992 d’Eole des Isles. Achetée non débourrée « et même un peu sauvage », Abilene est travaillée et sortira en compétition avec Grégory, avant de retourner à l’élevage. Le clan des poulinières s’étoffe avec l’arrivée de Goutte d’Ocq et Glamour de l’Ocq (toutes deux par Vent du Galion), la première devenant la jument souche de l’élevage jusqu’à son décès en janvier dernier. « Nous avons heureusement gardé une de ses filles, Néottie du Vent (Willoway Good as Gold), à l’élevage. Elle a plusieurs titres de championne de France à son actif et nous a déjà fait une superbe pouliche de Furzley Fox Trot l’année dernière, elle assurera la relève de sa mère » ajoute Grégory. La famille Muller est aujourd’hui friande de la souche de Willoway Good as Gold chez les juments, « qu’on croise avec des étalons de l’élevage Sulaatik’s en Hollande et de l’élevage des Marronniers en Belgique. La proximité aide bien sûr, mais on s’attache surtout à chercher un excellent tempérament et des aptitudes chez les étalons utilisés, tandis que les mères doivent transmettre de vrais modèles. On était au départ portés sur le dressage, aujourd’hui on recherche plus la polyvalence, et encore et toujours le tempérament, c’est pourquoi tous nos produits passent les qualifications loisirs, on trouve ça indispensable ».
Outre les Qualifications Loisirs, les produits de l’élevage sont régulièrement présentés en modèles et allures, au niveau local comme national. La famille Muller peut s’enorgueillir de 12 titres de champion de France acquis en une vingtaine d’années d’élevage. Les meilleurs souvenirs sont notamment les sacres du premier étalon né à l’élevage, Little Boy du Vent (Willoway Good as Gold x Goutte), champion de sa catégorie à 1 et 5 ans. Lui-même a ensuite produit Unaluna du Vent, championne Suprême de la race en 2011. « C’est un étalon sérieux, qui a prouvé sa polyvalence en s’illustrant en CSO et en dressage, et en plus il est vraiment gentil. Actuellement il est disponible en IAC mais aussi en IAF chez la famille Simonin (Haras du Rond Pré dans le 88), qu’on remercie au passage pour les soins et l’enthousiasme qu’elle marque pour lui. Little Boy va peut-être reprendre la compétition, et à l’élevage on a Very Good du Vent dont on espère fort l’approbation en août prochain ». Very Good (Sulaatik’s Peter Pan x Goutte) est en effet la nouvelle cartouche de la famille Muller : champion Suprême au dernier National après avoir enlevé le titre des mâles de 3 ans, il obtiendra ou pas son approbation définitive à 4 ans, comme le veut le règlement de la race. Plus moderne que Little Boy, Very Good présente « un côté sport, tout en gardant l’os et le type New-Forest. Il résume assez bien ce qu’on cherche à produire et montre l’évolution de nos exigences. On espère qu’il ira loin et on le prépare tranquillement en ce sens ». Pas de précipitation chez la famille Muller, qui préfère aujourd’hui placer ses poneys chez de jeunes cavaliers, dans des écuries de confiance, que chez des pros : « Il y a un revers au travail fait par des cavaliers adultes et pros. Parfois vous mettez ensuite un enfant dessus et tout se dérègle, les poneys ne sont pas préparés à être livrés à eux-mêmes, habitués qu’ils ont été à être mis dans les bonnes attitudes ou les bonnes places. Sans compter ceux qui se disent pros sans l’être vraiment… ». Ainsi, les éleveurs du Vent ont des partenariats avec des cavaliers ou des écuries chez qui vont régulièrement les jeunes poneys. Le schéma choisi semble fonctionner : avec son élevage à taille humaine, la famille Muller vend ses poneys « à des prix corrects et plutôt facilement, on n’est ni obligés de brader ni de se séparer des meilleurs sous prétexte qu’on doit équilibrer la trésorerie, je crois que c’est un luxe qui devient appréciable… ». Cela a notamment permis aux Shetland d’arriver sur l’exploitation en 2009. Les juments viennent de l’élevage du Sânon de François Jung (57) et l’étalon, Sir Elegant du Trégor, de l’élevage d’Hervé Glas (22). Là également, les résultats ne se font pas attendre : le championnat de France des 3 ans montés HN en 2012 a permis d’ajouter une nouvelle ligne au palmarès fourni des éleveurs avec le sacre de Vénus du Vallon (Mistral VT Heut). Nul doute qu’ils ne s’arrêteront pas là .
Camille Kirmann
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