L’élevage français s’essouffle, les importations s’envolent
En pleine crise, le marché de l'élevage en France fait pâle figure. La TVA est passée de 5,5 % à 7 %, limitant les marges de manœuvre des professionnels de la filière. Si les chiffres sont relativement stables en course, la tendance est nettement à la baisse pour les traits, la viande, et surtout les chevaux de selle. La production de SF a baissé de 6 % en 2010-2011, celle des Anglos de 10 %. Les transactions sont aussi en repli général de 7 % et de 9 % en races françaises. Le clignotant est à l'inverse au vert concernant les paris hippiques (+45 % sur internet). De même, les emplois dans la filière sont en légère hausse dans l'ensemble (+0,3 %), et ce malgré la baisse des emplois dans l'élevage (-5 %). On retiendra surtout une forte poussée des importations. « Globalement, souligne Xavier Dornier (IFCE), le nombre d'équidés de selle importés augmente de
13 % : +19 % pour les poneys, +12 % pour les selles et ... +124 % pour les chevaux en provenance d'Irlande, crise oblige ».
Une production française orientée vers le haut niveau
L'intervention de Pascale Heydemann (IFCE) portait justement sur les chevaux importés destinés au sport et au loisir. Seules deux disciplines, le Dressage et le CSO, ont été prises en compte pour les chevaux de sport. Quid du Complet et de l'Endurance par exemple ? D'une manière générale, 16 % des importations en CSO et 6 % d'achats de SF relèvent du haut niveau (1,35-1,60 m). Côté performance, les SF sont plus performants en haut niveau. Les indices des chevaux importés de Dressage sont supérieurs à ceux du SF. Revers de la médaille, la production étrangère est plus chère. Par exemple, un cheval de petit et Grand Tour coûte 8 475 € contre 5 400 € pour un SF. En CSO le SF atteint un prix médian de 10 000 € contre 8 500 si l'on achète hors de France.
Pascale Heydemann a présenté dans une seconde intervention une étude sur les prix des équidés en 2010. Et notamment ceux des SF de CSO de 3 et 4 ans. A l'achat en niveau Amateur les prix sont sensiblement identiques quel que soit l'âge (5 000 € prix médian et 6 360-6 380 € prix moyen). Chez les Pro, le prix médian est de 6 000 € à 3 ans et
10 000 € à 4 ans tandis que la moyenne passe de 7 370 € (3 ans) à 11 590 € (4 ans).
Un système économique fragile
Le produit brut d'exploitation est plus élevé quand le système est diversifié. « Dans un système spécialisé, l'efficacité économique de l'EBE (excédent brut d'exploitation, ndlr) doit être de 30 %, précisent Jérôme Pavie et Loïc Madeline (Institut de l'élevage). Concernant les structures spécifiques élevage, le revenu disponible est insuffisant (inférieur au SMIC, ndlr) ». Une diversification des activités insuffisantes à laquelle s'ajoutent des prix de vente de chevaux faibles par rapport au coût de production. Les trois quarts des ventes se font à moins de 5 000 €. Dernier point, les aides pour le système équin sont de 3 766 € (système de 30 exploitations, 40 ha et 100 % herbe), alors que le système bovins allaitants bénéficie de 13 540 € d'aides.
Les aides, parlons-en. Philippe Chotteau (Institut de l'élevage) a abordé la réforme de la PAC 2014 et l'impact sur les structures équines. Il en résulte notamment un dispositif d'aides à la carte complexifié, un zonage ICHN révisé, une baisse de la dotation générale (37 % du budget de l'UE, ndlr). Toutefois précise Philippe Chotteau, « La convergence des aides et des surfaces éligibles devrait favoriser les entreprises équines, de même que les mesures renforcées du 2e pilier (le développement rural, ndlr) ».
Vous devez être membre pour ajouter des commentaires. Devenez membre ou connectez-vous