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Les baudets se révoltent…

Quelle distorsion importante entre le sport hippique et les différentes disciplines sportives !La natation se pratique avec un maillot de bain, la piscine est mise à disposition par la municipalité. Le joueur de foot s’achète un
maillot et une paire de chaussures cramponnées, le terrain est financé et entretenu par la ville.

Pour pratiquer l’athlétisme il suffit d’un short et d’une paire de pointes, le stade est mis à disposition par la ville ou le Conseil Régional.

Les entraineurs ne sont pas rémunérés par les sportifs eux-mêmes, bien évidemment.

Pour pratiquer l’équitation c’est une autre paire de manches. Il faut :

A.
Acheter un cheval

B. Acheter un van ou un camion.

C. Régler des frais d’inscription et de location de boxes. En cas de retard, les frais de retard sont multipliés par 4 pour les jeunes chevaux.

Pour couvrir ces frais importants, même en se classant le dimanche dans le Grand Prix, il n’y a pas de solution… Pour les meilleurs cavaliers, les gains ne représentent qu’une infime partie des frais qu’ils doivent supporter pour pratiquer leur sport.

Contrairement aux autres disciplines sportives l’Etat ne fait rien. Aucune subvention sérieuse. Les cavaliers ne sont pas considérés comme des sportifs par le ministre des sports. On entend dire, par ceux qui dirigent notre filière, que l’équitation est un loisir. Ce n’est pas un sport… Une bonne séance de trot assis leur ferait du bien pour comprendre la différence entre sport et loisir.

Dans cette affaire il y a tout de même des bénéficiaires : les organisateurs de concours, la SHF, la Fédération. Les cavaliers, quant à eux, doivent se ruiner pour pratiquer leur sport. Sans s’en rendre compte, les organisateurs sont devenus des nouvelles charges, en plus des charges sociales…

L’éleveur de chevaux de sport est plus ou moins logé à la même enseigne. C’est un agriculteur mais sans les avantages des agriculteurs. Ces éleveurs reçoivent des primes dérisoires et sont tondus par des organismes qui sont, soit-disant, là pour les défendre mais qui, en réalité, reçoivent de tous côtés des cotisations, des subventions pour faire fleurir un petit commerce qui n’aide en rien les adhérents, ou si peu !

L’éleveur se sent tondu par ses pairs :

A.
Payer pour inscrire un foal au studbook SF.

B. Payer pour faire agréer un cheval entier étalon.

C. Payer pour pouvoir participer au circuit SHF où les gains représentent environ 25 % des coûts.

D. Payer pour préparer les chevaux d’élevage aux concours d’élevage où il faut attendre des heures pour être jugés avec des méthodes d’un autre âge et in fine recevoir des primes dérisoires par rapport aux frais engagés.

Et cerise sur le gâteau les primes au naisseur ont été supprimées. Aucun des dirigeants de la filière ne s’est insurgé contre cette décision stupide et mortifère.

Pendant que cavaliers et éleveurs s’échinent à survivre, les officines savantes, ANSF, SHF, Fédération, UNIC, FIVAL, FNC, etc, etc… gèrent leurs boutiques, soutirent l’argent de l’Etat au prétexte qu’elles nous représentent , fabriquent des sites internet, mais souvent mal ficelés, éditent des revues luxueuses que personne ne lit, participent à des colloques de réflexion, organisent des voyages d’étude, mettent en œuvre des opérations commerciales qui sont toujours des flops. (On ne s’improvise pas marchand de chevaux, c’est un métier à part entière).

Le point commun de ces manifestations officielles, ce sont les déjeuners bien arrosés sous l’oeil désabusé des cavaliers, grooms et éleveurs qui avalent leur sandwich.

La SHF ne sait toujours pas si elle doit former ou sélectionner. La fonction commerciale des CIR et de la grande finale de Fontainebleau est toujours absente car les officiels et les marchands ne travaillent pas ensemble. Ils se tournent le dos, alors que bien évidemment, les marchands devraient être associés intimement à toutes ces manifestations.

L’ANSF ne sait pas si elle doit améliorer ses finances ou celle de ses adhérents. Et c’est un euphémisme, car elle nous plume.

La Fédération ne sait toujours pas si elle doit aider les clubs ou organiser la formation des maîtres et des élèves.

L’argent public est monopolisé pour soutenir les officines et les haras nationaux dont l’intérêt va décroissant alors que l’aide devrait être affectée aux cavaliers et aux éleveurs et exclusivement à eux.

Les officines devraient être financées par les seules cotisations des adhérents comme dans les autres filières.

C’est la base qui devrait contrôler les sociétés savantes et pas le contraire. C’est vrai que les dirigeants sont élus. Il faut donc revoir les statuts et le mode d’élection ?

L’argent public devrait être utilisé uniquement pour soutenir cavaliers et éleveurs :

A.
Recréer des primes aux naisseurs très importantes pour encourager les éleveurs à confier leurs bons chevaux à de bons cavaliers au lieu comme actuellement de les brader au premier venu pour payer leurs dettes.

B. Augmenter les gains en concours pour permettre aux cavaliers de pratiquer leur sport sans se ruiner et favoriser le A précédent.

Il faut aussi une législation sur le commerce des chevaux, commerce réservé aux seuls professionnels et avec des règles simples :

1.
Toutes les transactions figurent sur le livret avec la date et le prix.

2. Toutes les visites d’achat sont indiquées sur le livret et les comptes rendus consultables.

3. Le montant des commissions est réglementé et officiel.

Pour permettre une nouvelle politique autour de cette filière cheval de sport, il faudrait redessiner le paysage :

A.
Séparer la Fédération en 2 parties distinctes avec d’un côté les clubs et de l’autre l’enseignement.

B. Créer une législation sur le commerce des chevaux de sport, contraignante mais réservée aux professionnels.

C. Multiplier par 5 les primes versées aux 0 fautes sur le circuit de la SHF pour permettre aux cavaliers jeunes chevaux de couvrir les frais de dressage.

D. Multiplier par 20 les gains en concours pour que les cavaliers puissent pratiquer leur sport et couvrir leurs frais.

E. Transformer les Haras Régionaux en GIE régionaux dont les éleveurs seraient les actionnaires pour mutualiser les moyens en locaux et en hommes pour centraliser en amont les achats des éleveurs ainsi que, en aval, organiser la vente de leurs chevaux. Ces GIE pourraient rémunérer les adhérents en leur reversant un % du prix de vente obtenu pour chaque cheval, une avance étant versée à l’arrivée du cheval au centre de promotion.. Les magnifiques bâtiments des Haras Nationaux et l’excellent personnel pourraient ainsi retrouver tout leur lustre.

Le financement de ces GIE serait réalisé par l’Etat qui déplacerait de façon plus utile l’allocation qu’il verse aux Haras Nationaux vers ces nouveaux centres de promotion et de commercialisation.

Ces GIE permettrait aux éleveurs de se consacrer à l’élevage, aux cavaliers de se consacrer au dressage de leurs chevaux et aux marchands de s’appuyer sur ces GIE pour trouver plus facilement les chevaux qu’ils recherchent.

Cette petite révolution serait salutaire pour tous. Mais pour faire cette révolution il faut des révolutionnaires.

Aux armes citoyens, la filière chevaux de sport est en danger et il me semble que les « politiques » pataugent car mal conseillés par les représentants de notre filière.

Ce sont des idées il y en a d’autres certainement.

En conclusion, en bon démocrate, mettons tous nos idées sur la table…

1.
entre l’usine à gaz que représente la Maison du Cheval de Sport qui est très exactement l’inverse de ce qu’il faut faire (centralisation des moyens par le haut, au lieu de centralisation des pouvoirs par le bas)

2. la sélection à outrance sur modèle et allures de nos chevaux qui aboutit par le saucissonnage même à noter tous nos meilleurs 2 ans entre 15.98 pour le meilleur et 15.01 pour le moins bon… (si, si, je l’ai vu à Saint-Lô, c’est vérifiable ). Tout le monde sait qu’il faut 4 notes toutes simples : TB, B, AB et insuffisant.

3. l’absence de stratégie claire du Ministère de l’Agriculture et des Sports pour favoriser la production de bons chevaux et la pratique de l’équitation en améliorant encore la qualité de l’enseignement.

4. il faut trouver une nouvelle voie… Je propose que ?chacun rédige et adresse ses idées au journal ?« Le Cheval » qui pourrait regrouper, à l’attention de nos petits chefs, un livre blanc et ouvert au titre qui ferait rêver…

« Restauration de

la filière Cheval »
François Levy

13/08/2010

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