Les fausses idées sur la vue des chevaux
« Oh là là cet obstacle rouge fait peur à mon cheval et la rivière, alors là c’est le comble ! » Combien de fois la vue de nos chevaux a été pointée du doigt ! Preuve qu’au fond, on ne se représente pas assez bien la façon dont voit
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un cheval. Mise au point avec un vétérinaire ophtalmologiste.
Parce que l’on n’y fait attention que lorsqu’il y a un problème, les yeux sont trop peu souvent pris en compte dans la pratique de notre sport. Pourtant le comportement même des chevaux est expliqué par leur façon de voir le monde. Alors certes, en passant les galops ou les degrés, l’hippologie a apporté à tous les équitants de vagues notions sur la vue du cheval. En gros, il ne peut pas voir ce qu’il a sous les yeux mais voit très bien sur les côtés et derrière lui. Mais à part ça, quel cavalier fait le lien entre ce qu’il a appris pour ses examens et la pratique même ? Aucun ou au contraire, tous ceux qui ont eu, un jour, une difficulté avec un obstacle de couleur ou un obstacle d’eau…
« A priori il n’y a pas de prévention à faire sur les yeux des chevaux. Ce n’est pas comme le dentiste, une visite annuelle chez un spécialiste des yeux n’est pas nécessaire » explique Franck Ollivier, vétérinaire Diplômé du Collège Américain (Dipl. ACVO) et Européen (Dipl. ECVO) des vétérinaires Ophtalmologistes. Il est cependant important de garder à l’esprit qu’un problème de comportement du cheval (réaction inappropriée, refus d’obstacle etc.) peut être lié a un problème oculaire qui affecte sa vision et donc un examen par un ophtalmologiste peut s’avérer très intéressant. Il est également essentiel de monter à cheval en ayant en tête quelques notions pratiques sur la vision du cheval : « L’acuité visuelle d’un cheval est très bonne. Et pour cause, il est le mammifère terrestre qui a les plus gros yeux. Il voit un peu moins bien qu’un homme, environ 0.6 fois et il perçoit les choses en 16/9e avec sa pupille horizontale » explique de façon simplifiée ce spécialiste.
En pratique sur les terrains, ça donne quoi ?
Les chevaux ont également une grande sensibilité à détecter les mouvements, surtout à  la périphérie de leur champ visuel. C’est pour cela qu’ils peuvent être facilement effrayés ou distraits par des objets ou des personnes (surtout si ceux-ci bougent) situés tout à fait à la périphérie de leur champ visuel. D’autre part, et c’est peut être cela qui cause parfois du tort aux cavaliers, « sa palette de couleurs est assez limitée puisque son monde n’est qu’un vaste dégradé de vert et de gris ». Il est dichromatique, en comparaison à l’homme qui est trichromatique.
Exit le rouge donc ! « Le bleu de l’eau, d’une rivière ou d’un bidet n’est pas un problème pour un cheval. Il ne le perçoit pas. Par contre, ce sera plutôt la forme étrange de l’obstacle, sa texture particulière ou le vent qui donne un mouvement à l’eau qui peut lui faire peur » analyse Franck Ollivier. Alors la solution des peaux de mouton sur le filet, est-elle réellement efficace ? « Cette solution a pour effet de réduire la vision périphérique du cheval et donc de réduire les distractions. L’animal est alors focalisé sur le devant. Ne voyant rien d’autre, il doit par défaut s’engager sur l’obstacle » répond le vétérinaire. Mais le cheval sautera cet obstacle également grâce au travail du cavalier qui le présente devant l’obstacle de telle façon qu’il est obligé de sauter. « tout en ayant au préalable travaillé sur la confiance du cheval », souligne le spécialiste. Car on ne fera rien franchir à un cheval apeuré, comme chacun le sait.Â
Voyez comme il perçoit !
« Outre les couleurs, il faut également être conscient de la sensibilité qu’ont les chevaux à la lumière » souligne le professionnel. Meilleure que celle de l’homme, cette sensibilité ne le handicape pas pour autant puisque le cheval dispose de nombreux systèmes naturels qui contrôlent la rentrée de lumière dans l’œil avant d’atteindre la rétine. Par exemple, ?« les grains de suie, ces petits nodules faciles à voir dans l’œil des équidés, ont le même rôle qu’une visière de casquette : ils évitent l’éblouissement. Et le cristallin qui prend une teint jaunâtre, joue alors le rôle de filtre pour la rétine, empêchant certains rayons de la lumière de passer, comme des lunettes de soleil ».
Les conditions climatiques, plus que la couleur, ont une incidence sur la perception d’un obstacle. « Il ne faut pas mettre du vert sur du vert qui plus est dans un endroit en plein soleil ou au contraire dans la pénombre, le cheval le discernera sans doute mal » prend pour exemple le vétérinaire. « C’est pourquoi le sol sur lequel travaille le cheval est aussi très important. Un même parcours d’obstacles pourra donner des résultats différents, qu’il travaille sur du sable très clair ou sur de l’herbe ».
Autant de notions basiques auxquelles il faut penser et réfléchir pour monter à cheval mais aussi pour le travail à pied, comme lorsque vous mettez des obstacles sur le chemin d’un cheval !
Pour plus d’information : www.animaleyedoctor.fr/
Alix Thomas
Parce que l’on n’y fait attention que lorsqu’il y a un problème, les yeux sont trop peu souvent pris en compte dans la pratique de notre sport. Pourtant le comportement même des chevaux est expliqué par leur façon de voir le monde. Alors certes, en passant les galops ou les degrés, l’hippologie a apporté à tous les équitants de vagues notions sur la vue du cheval. En gros, il ne peut pas voir ce qu’il a sous les yeux mais voit très bien sur les côtés et derrière lui. Mais à part ça, quel cavalier fait le lien entre ce qu’il a appris pour ses examens et la pratique même ? Aucun ou au contraire, tous ceux qui ont eu, un jour, une difficulté avec un obstacle de couleur ou un obstacle d’eau…
« A priori il n’y a pas de prévention à faire sur les yeux des chevaux. Ce n’est pas comme le dentiste, une visite annuelle chez un spécialiste des yeux n’est pas nécessaire » explique Franck Ollivier, vétérinaire Diplômé du Collège Américain (Dipl. ACVO) et Européen (Dipl. ECVO) des vétérinaires Ophtalmologistes. Il est cependant important de garder à l’esprit qu’un problème de comportement du cheval (réaction inappropriée, refus d’obstacle etc.) peut être lié a un problème oculaire qui affecte sa vision et donc un examen par un ophtalmologiste peut s’avérer très intéressant. Il est également essentiel de monter à cheval en ayant en tête quelques notions pratiques sur la vision du cheval : « L’acuité visuelle d’un cheval est très bonne. Et pour cause, il est le mammifère terrestre qui a les plus gros yeux. Il voit un peu moins bien qu’un homme, environ 0.6 fois et il perçoit les choses en 16/9e avec sa pupille horizontale » explique de façon simplifiée ce spécialiste.
En pratique sur les terrains, ça donne quoi ?
Les chevaux ont également une grande sensibilité à détecter les mouvements, surtout à  la périphérie de leur champ visuel. C’est pour cela qu’ils peuvent être facilement effrayés ou distraits par des objets ou des personnes (surtout si ceux-ci bougent) situés tout à fait à la périphérie de leur champ visuel. D’autre part, et c’est peut être cela qui cause parfois du tort aux cavaliers, « sa palette de couleurs est assez limitée puisque son monde n’est qu’un vaste dégradé de vert et de gris ». Il est dichromatique, en comparaison à l’homme qui est trichromatique.
Exit le rouge donc ! « Le bleu de l’eau, d’une rivière ou d’un bidet n’est pas un problème pour un cheval. Il ne le perçoit pas. Par contre, ce sera plutôt la forme étrange de l’obstacle, sa texture particulière ou le vent qui donne un mouvement à l’eau qui peut lui faire peur » analyse Franck Ollivier. Alors la solution des peaux de mouton sur le filet, est-elle réellement efficace ? « Cette solution a pour effet de réduire la vision périphérique du cheval et donc de réduire les distractions. L’animal est alors focalisé sur le devant. Ne voyant rien d’autre, il doit par défaut s’engager sur l’obstacle » répond le vétérinaire. Mais le cheval sautera cet obstacle également grâce au travail du cavalier qui le présente devant l’obstacle de telle façon qu’il est obligé de sauter. « tout en ayant au préalable travaillé sur la confiance du cheval », souligne le spécialiste. Car on ne fera rien franchir à un cheval apeuré, comme chacun le sait.Â
Voyez comme il perçoit !
« Outre les couleurs, il faut également être conscient de la sensibilité qu’ont les chevaux à la lumière » souligne le professionnel. Meilleure que celle de l’homme, cette sensibilité ne le handicape pas pour autant puisque le cheval dispose de nombreux systèmes naturels qui contrôlent la rentrée de lumière dans l’œil avant d’atteindre la rétine. Par exemple, ?« les grains de suie, ces petits nodules faciles à voir dans l’œil des équidés, ont le même rôle qu’une visière de casquette : ils évitent l’éblouissement. Et le cristallin qui prend une teint jaunâtre, joue alors le rôle de filtre pour la rétine, empêchant certains rayons de la lumière de passer, comme des lunettes de soleil ».
Les conditions climatiques, plus que la couleur, ont une incidence sur la perception d’un obstacle. « Il ne faut pas mettre du vert sur du vert qui plus est dans un endroit en plein soleil ou au contraire dans la pénombre, le cheval le discernera sans doute mal » prend pour exemple le vétérinaire. « C’est pourquoi le sol sur lequel travaille le cheval est aussi très important. Un même parcours d’obstacles pourra donner des résultats différents, qu’il travaille sur du sable très clair ou sur de l’herbe ».
Autant de notions basiques auxquelles il faut penser et réfléchir pour monter à cheval mais aussi pour le travail à pied, comme lorsque vous mettez des obstacles sur le chemin d’un cheval !
Pour plus d’information : www.animaleyedoctor.fr/
Alix Thomas
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