Les forces françaises en présence à 7 mois des Jeux
Les sélectionneurs des quatre disciplines se sont appuyés sur les épreuves de l’été et du début d’automne, ainsi que sur leurs échanges avec les cavaliers et propriétaires. Sophie Dubourg, Directrice technique nationale (DTN) : si les listes sont issues de critères objectifs de performance et de potentiel à court terme, « On ne s’interdit pas cependant de faire entrer d’autres couples dans les prochains mois. On a déjà vu l’ascension très rapide de chevaux généralement associés à des cavaliers très expérimentés. »
Si les sélections sont encore lointaines puisqu’elles n’interviendront qu’à environ un mois de l’échéance, la révision de ces listes permet de continuer le travail d’accompagnement sur-mesure mis en œuvre par la FFE et son Fonds de dotation EquiAction.
Instabilité émotionnelle et santé des chevaux
Sophie Dubourg détaille les axes dominants de travail avec les couples cavalier/cheval à sept mois des Jeux, après le constat suivant : « Le bilan que l’on a tiré des contre-performances que l’on a pu avoir sur la dernière olympiade a mis en lumière deux problématiques : de l’instabilité émotionnelle dans les équipes et le staff et des problèmes de santé des chevaux. »
Trois axes de travail ont été mis en place : du côté santé du cheval, une écoute individualisée entre cavaliers et grooms et l’équipe de vétérinaires qui les accompagne. Et, en ce qui concerne les cavaliers, l’accompagnement sur le plan de la préparation mentale des cavaliers et du staff a été intensifié. Des préparateurs mentaux accompagnent individuellement les cavaliers dans chaque discipline, les membres du staff et les collectifs : « La pression des JO est grande et elle l’est encore plus pour cette édition en France. On apprend chaque jour à la maîtriser un peu plus. » »
Troisième axe : créer et faire vivre l’esprit de groupe. Pour cela, en plus des rencontres « encadrées lors des compétitions internationales des stages seront également organisés. »
Concours complet : 15 couples
15 couples composent la Longue liste en concours complet. Parmi eux, trois cavaliers disposent de deux montures.
Six cavaliers sont très réguliers depuis plusieurs saisons et ont maintenant l’expérience d’un ou plusieurs championnats (JO, championnats du monde ou championnats d’Europe). Ils sont les plus confirmés et apparaissent comme des piliers d’équipe. Il s’agit de Karim Laghouag avec Embrun de Reno et Triton Fontaine, Nicolas Touzaint avec Absolut Gold*HDC et Diabolo Menthe, Stéphane Landois et Chaman Dumontceau*Ride for Thaïs, Gireg Le Coz et Aisprit de la Loge, Maxime Livio et Api du Libaire et Gaspard Maksud et Zaragoza.
Des chevaux d’envergure olympique devront se qualifier en 2024 en remplissant les minima olympiques sur des épreuves internationales 4* format long (CCI 4-L) pour prétendre à une sélection. Ce sont Thomas Carlile et Darmagnac de Béliard, Benjamin Massié et Édition Fonroy, Astier Nicolas avec Alertamalib’Or et Babylon de Gamma. Parmi eux, Darmagnac et Alertamalib’Or sont deux chevaux d’expérience qui ont été blessés en 2023 et mis au repos. Ils peuvent dès le début de l’année retrouver leur meilleur niveau et avoir leur place en équipe de France.
Selon Thierry Touzaint, sélectionneur national, la feuille de route des couples moins aguerris est la suivante : « Cette nouvelle liste “ À cheval pour Paris ” est composée de chevaux qui se sont montrés performants cette année. Pour les couples un peu moins aguerris mais qui sont sur la montante et ont fait une belle saison en 2023, nous établissons le programme des stages d’hiver pour chacun et commençons à planifier le début de la saison de compétition qui reprendra au printemps. Nous serons en mesure de resserrer la liste une fois que tous les chevaux auront repris le chemin des terrains de concours. Au-delà des chevaux qui doivent obtenir leur qualification sur format long, tous auront besoin d’un résultat qualificatif sur un CCI 4*-S (format court) en 2024 pour prétendre à la sélection. L’idée est de l’obtenir au plus tôt dans la saison pour ne pas avoir à courir après la qualification à l’approche des sélections. On sait d’expérience que la route est encore longue et que rien n’est joué d’avance. Il faut rester concentrés sur l’objectif et faire du bon travail dans les prochains mois. »
•Thomas Carlile et Darmagnac de Béliard
•Sébastien Cavaillon et Elipso de la Vigne,
•Luc Château et Bastia de l’Ebat,
•Karim Laghouag et Embrun de Reno
•Karim Laghouag et Triton Fontaine
•Stéphane Landois et Chaman Dumontceau*Ride for Thaïs
•Gireg Le Coz et Aisprit de la Loge
•Camille Lejeune et Dame Decoeur Tardonne
•Maxime Livio et Api du Libaire
•Benjamin Massié et Édition Fonroy
•Gaspard Maksud et Zaragoza
•Astier Nicolas et Alertamalib’Or
•Astier Nicolas et Babylon de Gamma
•Nicolas Touzaint /Absolut Gold*HDC et Diabolo Menthe
Dressage : il manque 1 ou 2 couples
Première chose à ne pas perdre de vue : il n’y aura que trois couples et tous les scores comptent. Il faut donc des couples hyper réguliers, cela est important à prendre en compte.
Jean Morel, qui manage pour la première fois l’équipe de France pour une échéance olympique, sélectionneur national depuis 2022, a rempli une grosse part de son contrat : redonner les lettres de noblesse au dressage français, trop souvent parent pauvre à l’international. Longtemps cantonnée au bas du tableau, l’équipe de France a remporté une première victoire historique dans la Coupe des Nations du CDI4* de Rotterdam, face à l’Allemagne, la Suède, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Etats-Unis et les Pays-Bas, puis finit 6e aux championnats d’Europe de Riesenbeck (Ger). Seul bémol pour Jean Morel, sélectionneur : il faudrait au printemps « un ou deux couples supplémentaires autour des 72 % en Grand Prix pour vraiment avoir un collectif fort dès le début de saison. »
L’équipe « À cheval pour Paris » n’a pas beaucoup évolué depuis le mois de juin, elle qui comprenait comme il se doit les quatre Mousquetaires vainqueurs de la Coupe des Nations du CDI4* de Rotterdam : le Niçois Alexandre Ayache/Holmevangs Jolene (x Johson), la Haute-Savoyarde Morgan Barbançon Mestre/Habana Libre A, Pauline Basquin/Sertorius de Rima*IFCE et Corentin Pottier/Gotilas du Feuillard. Outre les nombreux concours internationaux qu’ils ont multiplié avec succès, ils ont confirmé lors de l’étape Coupe du monde de Lyon en franchissant un nouveau cap : la très belle troisième place de Pauline Basquin et Sertorius de Rima Z*IFCE (4e du Grand Prix). Pour la toute première fois, le duo a franchi la barre symbolique des 80 % lors de la Reprise libre en musique.
Morgan Barbançon Mestre et Sir Donnerhall II OLD sont 5e du CDI-W de Londres (GBR) qui vient de se clôturer, Alexandre Ayache et sa Holmevangs Jolene 7e.
Seul nouveau venu depuis la mise à jour de la liste au mois de juin, le Sudiste Arnaud Serre a mérité ses galons : « C’est un cavalier qui a l’expérience des championnats et a parfaitement joué son rôle d’équipier en septembre dernier aux championnats d’Europe. Il a montré qu’on pouvait compter sur lui même si son cheval est jeune et qu’on avait initialement envisagé de le faire entrer un peu plus tard dans le grand bain. », explique Jean.
Deuxième apparition sur la scène internationale, après le Grand Prix CDI3* de Compiègne au mois de mai où ils étaient 10e, le champion de France Pro Elite 2023 et l’étalon de 9 ans James Bond de Massa (Bravour B x Xaquiro Cip) s’illustrent au CDI4* de Wiesbaden (GER), cinquièmes dans le Grand Prix avant de finir 4e de la RLM. Suivra leur belle 2e place du CDI3* de Jardy où ils remportent la RLM en juin, et le titre de champions de France à Vierzon au mois de juillet. C’est là que Jean Morel leur donne leur chance : ils disputent les championnats d’Europe de Riesenbeck (Ger) avec la fine équipe, et loin de faire de la figuration, se qualifient pour le Grand Prix Spécial, aux côtés de Barbançon Mestre, Ayache et Basquin. Comme le dit Jean Morel, « les Bleus sont montés d’un cran dans la hiérarchie mondiale ». Et Arnaud Serre rentre dans la Liste des JO de Paris avec James Bond.
•Alexandre Ayache et Holmevangs Jolene
•Morgan Barbançon Mestre et Habana Libre A
•Pauline Basquin et Sertorius de Rima Z*IFCE
•Corentin Pottier et Gotilas du Feuillard
•Arnaud Serre et James Bond de Massa
Saut d’obstacles : 14 couples
Ils sont quatorze dans la nouvelle liste. Si Mégane Moissonnier n’en fait plus partie avec Bracadabra, Francois-Xavier Boudant et Brazyl du Mezel font une entrée remarquée et méritée depuis la Coupe des Nations de Barcelone, et leur victoire et 2e place en GP des CSI5*-W d’Helsinki (FIN) et Stuttgart (GER). Tout comme Olivier Robert et Iglesias DV, avec 2 coupes des Nations à leur actif (3e à Hickstead-GBR, 7e à Bruxelles-Be), et leur 6e place au CSI5*-W de Madrid (Esp). Pour Kevin Staut, Viking d’la Rousserie et Visconti du Telman cèdent la place à Beau de Laubry Z, qui après d’excellents classements 5* s’offre des Grands Prix à Stuttgart et Helsinki.
Henk Nooren, sélectionneur national explique l’esprit de cette nouvelle liste et de son évolution dans les sept mois qui restent avant les Jeux : « Je me suis appuyé sur les statistiques des couples en épreuves. L’idée c’est d’avoir le plus de couples possibles au meilleur niveau pour avoir vraiment le choix au moment de la sélection. On va donner un peu la priorité à tous ces couples cette saison pour qu’ils puissent avoir une préparation optimale. »
•Les deux chevaux de Julien Epaillard ont fait une saison exceptionnelle. Julien est maintenant aussi performant avec Dubaï qu’avec Donatello.
•Les trois chevaux de Simon Delestre ont aussi beaucoup de qualités. Cayman est encore au repos, Dexter a vraiment très bien évolué depuis sa prestation décevante aux championnats d’Europe. Simon a changé sa méthode d’entraînement avec lui et ça paye. Son troisième cheval I Amelusina manque encore d’expérience sur le très haut niveau mais on pense qu’il a tout le potentiel.
•Dorai d’Aiguilly*GL events la jument d’Olivier Perreau est très talentueuse. Le couple, après un formidable championnat d’Europe en individuel, a besoin de gagner encore en expérience sur les Coupes des nations, c’est très prometteur.
•Roger-Yves Bost a deux chevaux. Cassius Clay VDV Z va revenir aussi à la compétition. Comme Cayman, c’est un cheval expérimenté sur le haut niveau, donc ce n’est pas un problème de prendre ce temps. L’important c’est qu’ils reviennent vraiment en forme. Son deuxième cheval Delph de Denat*HDC fait aussi de bonnes performances. Il manque encore d’expérience sur le très haut niveau, mais il va en acquérir davantage dès le début de l’année.
•Beau de Laubry Z, le cheval de Kevin Staut, a vraiment passé un cap ces derniers mois. Il est régulièrement classé dans le Top 8 de Grand Prix 5* depuis le mois de mai et continue sa progression.
•Brazyl du Mezel et François-Xavier Boudant sont aussi très réguliers. C’est un cavalier sérieux qui a une très belle équitation.
•Iglesias entre sur la liste avec Olivier Robert. Il a pris son temps avec ce cheval qui est assez délicat. Maintenant ils montrent vraiment de belles choses.
•Bibici la jument de Grégory Cottard reprend le travail progressivement. Elle devrait revenir à la compétition début mars. Nous connaissons le potentiel de ce couple qui a déjà de l’expérience en championnats.
•Bingo del Tondou a fait une bonne saison indoor l’année dernière. La saison extérieure s’est moins bien passée. Pénélope Leprévost croit beaucoup en ce cheval.
•Arioto du Gèvres, le cheval de Marc Dilasser a enchaîné plusieurs petites blessures la saison dernière qui l’ont tenu éloigné des terrains de compétitions. Il commence à bien revenir, on espère que ça va se confirmer.
Para-dressage : 5 couples
Un cinquième couple est venu compléter le socle de base des athlètes paralympiques ayant disputé les JO de Tokyo, dans le même grade que Vladimir Vinchon, Alexia Pittier et son hongre hanovrien de 8 ans seulement, Sultan 768 par Sarotti Mokka Sahne et Weltmeyer. Sacrés vice-champions de France stade IV au Pôle hippique de Saint-Lô (50) le couple de Haute-Savoie avait très largement dépassé les 70% sur les trois épreuves du Championnat de France (73,676 % - 71,435 % - 72,105 %) qui s’est déroulé du 10 au 12 novembre.
Pour Fanny Delaval, chef d’équipe le cru 2023 de ce Championnat de France témoigne de la bonne santé du Para-Dressage français. « Tout reste ouvert, précise Fanny Delaval, qui fait ici référence à une potentielle sélection pour les Jeux paralympiques de Paris 2024. Pour la première fois, nous allons sans doute avoir plus de couples que de places dans les différents CPEDI. Cela montre que le réservoir augmente. Un processus de sélection va être mis en place. Nous allons établir un programme de compétitions sur les différents CPEDI européens. Les cavaliers devront participer à 4 d’entre eux. Plusieurs stages seront aussi mis en place. Tout le staff et toute la fédération sont mobilisés pour permettre à l’équipe de France d’arriver aux Jeux paralympiques dans les meilleures conditions. »
Si ces couples se sont imposés d’autres pourraient les rejoindre : « Notre liste comporte des cavaliers et chevaux qui ont participé aux championnats d’Europe et ont bien performé en 2023. Nous avons intégré Alexia Pittier et son cheval Sultan 768 qui ont fait de bons résultats cette saison (1re au CPEDI2* de Deauville, 2* de Waregem (Bel), Kronenberg et le 3* d’Ornago (Ita) ndlr), et aux championnats de France.
Cet hiver, il y aura encore quelques compétitions et comme à l’habitude les Master class. Nous espérons que, grâce à ce travail, nous pourrons intégrer de nouveaux couples rapidement. Concernant Chiara Zenati, un nouveau cheval a rejoint son piquet. Nous avons hâte de les voir en compétition et espérons qu’ils seront performants. »
•Lisa Cez et Stallone de Hus, Grade V
•Alexia Pittier et Sultan 768. Grade IV
•Anne-Frédérique Royon et Quaterboy LH, Grade I
•Vladimir Vinchon et Pégase Mayenne, Grade IV
•Chiara Zenati et Swing Royal*IFCE, Grade III
C. Robert avec FFE
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