Les journalistes d'Equidia se soulèvent face à la direction
Le 9 novembre dernier, la direction et les actionnaires d'Equidia, dans le cadre d'un plan d'économie, ont décidé de modifier le traitement des courses françaises en direct en limitant la présence des journalistes sur les hippodromes (transfert des commentateurs en studio à Colombes pour les réunions hors Quinté+, hors région parisienne et suppression d'un journaliste pour les réunions Quinté+ du lundi au vendredi). Cela pour une baisse des coûts d'environ quatre cent mille euros.
Cette mesure sera effective à compter de janvier/février 2016. Conscients qu'il est nécessaire d'effectuer des économies dans le contexte actuel, nous n'en demeurons pas moins surpris des axes choisis.
- Comment informer au mieux les téléspectateurs sans être présents sur l'hippodrome ?
- Comment transmettre notre ressenti, notre passion sans être au cœur de l'action ?
- Comment dynamiser une antenne en étant seul sur un plateau ou dans une tribune ?
- Comment donner envie de se rendre sur un hippodrome sans y être présents nous-mêmes ?
- Comment comprendre que certaines réunions à l'étranger (Mons, Wolvega, Avenches, etc.), avec deux ou trois journalistes sur le terrain, seront mieux traitées que les réunions françaises ?
- Comment comprendre que certaines émissions ou séries aux audiences limitées ne soient pas plus impactées par ce plan ?
- Comment comprendre que des magazines et des documentaires ciblés “courses hippiques” vont disparaître de la grille de programmation (Le Goût des Couleurs, Le Magazine de l'Élevage, etc.) ?
- Comment comprendre ces décisions alors même que se renforce une stratégie ayant pour objectif de convertir une partie de la population des sports équestres en parieurs hippiques (communication, marketing et réseaux sociaux fortement orientés “sports équestres”, lancement d'Equestrian le Mag, 1000 kms à Cheval et Equidia Life Académie) ? Une stratégie qui nous paraît aussi onéreuse que hasardeuse. Le coût des trois émissions citées ci-dessus étant de plus de deux millions d'euros.
- Comment réagir face à une situation qui nous semble dangereuse pour l'avenir de la chaîne et, plus largement, celui de la filière ? En effet, une baisse de la qualité du direct n'engendrerait-elle pas, de manière certaine, une baisse des enjeux et une baisse de revenus pour tous les acteurs des courses (0,1 % de baisse du CA du PMU représentant environ 1,4 million d'euros de revenus en moins pour le PMU et les sociétés mères) ?
Aujourd'hui, nous avons décidé de nous exprimer publiquement.
- Pour dire le grand sentiment d'inquiétude qui règne au sein de la rédaction d'Equidia.
- Pour dire que si ces décisions sont appliquées, Equidia s'écartera encore un peu plus de sa raison d'être, valoriser l'image des courses hippiques, apporter du service aux téléspectateurs, leur donner de l'information, du plaisir, de l'envie. - L'envie de rester ou de revenir dans notre univers pour les uns, l'envie de le découvrir pour les autres.
Les journalistes d'Equidia
(Source France Sire)
Commentaire d’Arnaud Barbier, rédacteur en chef de France Sire et parfait connaisseur du milieu
« Voilà un texte très fort, qui traduit d'ailleurs de nombreuses réflexions faites depuis des années sur l'évolution d'Equidia dans les milieux socio-professionnels, toujours très attachés et admiratifs de cet outil extraordinaire, le meilleur du monde dans son registre, avec une qualité technique d'image de très haut vol, mais dont la tendance "usine à courses" a forcément mis à mal le contenu éditorial du direct. Une telle densification du programme n'est bien sûr pas du fait unique d'Equidia, puisque la chaîne dépend directement du PMU, qui lui appartient aux Sociétés Mères France Galop et Le Trot.
Pour utiliser une expression usuelle, le fait d'enfermer les journalistes dans des studios de Colombes représente pour eux "le bouquet". De là, ressortent publiquement les ressentis des journalistes face aux orientations prises par la direction, et leur réaction face aux exigences de réduction de budget. Manifestement, tout le monde ne voit pas du tout les choses de la même façon.
Si les journalistes en général sont prompts au soulèvement, ceux d'Equidia ne sont pas des révolutionnaires nés. Néanmoins, ils ont démontré par le passé savoir frapper très fort du poing sur la table. Alors qu'ils n'avaient jamais bougé une oreille jusque là, ils ont fait une lettre signée par 34 journalistes à l'époque en 2005. Elle était alors adressée aux Présidents du PMU (Bertrand Belinguier), de la SECF (Dominique de Bellaigue) et de France Galop (Edouard de Rothschild). Ce groupement de journalistes, fédéré autour des 3 rédacteurs en chef adjoints (Alexis Levy, Fabien Cailler et Arnaud Poirier votre serviteur,) ainsi que des membres de la rédaction et présentateurs du direct dont Manuela Jollivet, Pierre-Emmanuel Goetz, Guillaume Luyckx et Laurent Bruneteau, et défendu par M° Aldo Funaro, avocat pas réputé pour sa tendresse, avait conduit suite à une menace de grêve à l'éviction du directeur de la rédaction Christian Vella ainsi que de son brat droit Xavier Rouet. Nommé directeur général depuis 2 ans, Eric Brion avait conservé son poste, mais au niveau administratif, la société SAS Equidia avait été créee pour payer les journalistes, jusque là dépendant de Gény Courses dans des conditions contre lesquels justement ils s'insurgeaient. Curieux effet du hasard, pour l'anniversaire des 10 ans du grand chambardement, voici de nouveau le vent de la révolte qui souffle ».
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