Les Journées du Complet 2012 : une édition passionnante et passionnée !
La recette est éprouvée et fait succès. Cette 4e edition des Journées du Complet n’a pas failli à son objectif : réunir toutes les professions liées au complet (cavaliers, vétérinaires, juges, éleveurs, entraîneurs, marchands, propriétaires, étudiants, organisateurs…) autour de conférences très techniques et de « clinics », sortes de travaux pratiques en manège.
Certaines interventions ont connu un vif succès, comme celle de Jean-Michel Pinel, ex-entraîneur national de voltige et coordinateur du réseau national du Haut Niveau., déjà présent l’an passé. Intervenant sur l’équilibre du couple cavalier/cheval comme facteur de performance, il n’a pas manqué de rappeler qu’il fallait gérer l’équilibre du cheval au travers de son propre équilibre souvent perturbé par ses émotions. « Nous avons en nous des réflexes archaïques qui nuisent à la position et génèrent des compensations chez le cheval » détaille-t-il, par la suite, dans un clinic consacré au transfert d’apprentissage.
Autre intervention très appréciée, celle de Jean-Luc Force, entraîneur international, chargé de parler de la visualisation de l’abord. Une tâche ardue, dont il s’est pourtant acquitté avec brio, humour et simplicité, à l’image de l’homme, ramenant là encore le problème à la simple gestion de l’équilibre et la régularité.
Trouver un modèle économique
Mais le temps fort de cette édition fut sans conteste la table ronde du dimanche matin où Laurent Elias, directeur du Haut Niveau à l’IFCE, Michel Asseray, juge, Jean-Luc Force et Didier Livio, président de France Complet devaient débattre de l’avenir de la discipline. Un exercice plutôt périlleux, au vu des réactions suscitées. Tout était plutôt parti dans un esprit de consensus, chacun s’accordant à reconnaître que l’évolution des formats avait impliqué une évolution des techniques de chaque discipline et qu’il fallait aujourd’hui de bons chevaux, dotés d’une belle locomotion mais aussi bons sauteurs. Que la technique des cavaliers avait également beaucoup évolué. Et que les gens qui gagnent sont des gens qui travaillent énormément.
C’est lorsque l’on a commencé à parler du nerf de la guerre, l’argent, que les choses ont bougé. Didier Livio a en effet lancé le pavé dans la mare en insistant sur la nécessité urgente de trouver un modèle économique qui permette aux professionnels de vivre de leur métier. Rodolphe Scherrer a saisi la balle au bon. « Il faut savoir que, contrairement à d’autres pays, les cavaliers français ne sont que des amateurs » a-t-il lancé en préambule, revenant une fois de plus sur la prestation décevante de la France aux JO. « Ce ne sont que des Smicards, qui peinent à vivre de leur activité. Quand on vend un cheval de haut niveau, ce n’est pas pour s’enrichir, c’est juste pour remettre les compteurs à zéro. Et s’il est vrai que les propriétaires assument des risques financiers, ce sont quand même les cavaliers qui prennent tous les risques physiques. Que deviennent nos entreprises si on se casse le bassin par exemple ?
Et puis, comme on l’a dit, il faut baucoup monter or on ne monte pas assez nos chevaux de haut niveau par manque de temps. Des chevaux qui sont aussi plus chers, car on l’a vu précédemment doivent présenter des aptitudes au rassembler. Donc il faut de l’argent. Or, en France, on en brasse de l’argent. Comment pourrait-on faire pour canaliser tous ces flux financiers qui ne servent à rien ? » Et c’est un tonnerre d’applaudissements qui a ponctué son intervention, preuve s’il en fallait, du malaise ambiant.
Malgré tout, l’heure n’est pas entièrement au pessimisme. « Même si la situation est difficile, on a senti autour de cette table ronde, que tous les acteurs étaient prêts à se serrer les coudes pour avancer ensemble » conclut Didier Livio, « le monde du Complet est en train de changer et est prêt à se mobiliser pour que tous puissent en profiter. » Rendez-vous dans un an.
France Complet : à la croisée des chemins
Avec un budget légèrement déficitaire (-2000 euros) malgré l’apport non négligeable du Conseil regional de Bourgogne (50% du poste de la coordinatrice, principale charge de l’association), du Fonds Eperon et des partenaires Equissage et Synergence, la situation de France Complet, forte de ses 186 adhérents, reste très précaire.
Malgré des actions notables notamment dans le domaine de l’élevage (création d’un annuaire, mise en place d’un label “Cheval de complet”, amélioration du site internet “chevalcomplet.fr, partenariat mené avec les ventes de jeunes chevaux du Lion d’Angers et de Pau), dans la promotion de la discipline avec la 1re edition d’un cross indoor riche en emotion et les reconnaissances commentées pour accompagner les amateurs et leurs enseignants, l’association se trouve, de l’avis même de son président Didier Livio, “à une période charnière”.
“Deux scénarios s’offrent à nous” détaille-t-il “le premier, on continue comme ça, à animer la communication de la discipline. Ce scénario a sa place, mais je pense qu’il serait juste, maintenant que les choses sont bien installées, de passer la main à une autre équipe. 2e voie: réussir notre projet initial, à savoir structurer la filière. Pour faire évoluer notre discipline, une alliance entre tous les acteurs de la filière est nécessaire. Et notre avantage est qu’il y a peu d’acteurs à réunir. La SHF et la FFE en font partie. Notre intérêt est donc de conventionner avec eux.”
Dans cette hypothèse, Didier Livio s’est proposé de rester un an de plus, “afin de voir si ce 2e scénario pouvait se mettre en place”. Sept grands chantiers ont été évoqués , parmi lesquels la mise en place d’un circuit de cross indoor avec l’ENE en hiver, la structuration de l’offre des clubs labellisés, l’amélioration du niveau technique des enseignants, la regionalisation de France Complet…. Le Conseil d’administration a lui aussi été remanié pour passer à 15 collèges représentant chaque maillon de la chaîne du concours complet. “Tous les points de vue des différents secteurs d’activité seront ainsi représentés” détaille Didier Livio “et j’aimerais que 5 ou 6 personnes qui ont envie de bosser prennent en charge un dossier et le mènent jusqu’au bout.”
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