Les sutures vulvaires chez la jument
La suture la plus courante est celle de Caslick. C’est de celle-ci que dérive la plupart des sutures aujourd’hui pratiquées sur les juments pour résoudre les problèmes d’infertilité et d’avortement.
L’opération de Caslick consiste tout d’abord à pratiquer une ouverture sur les deux grandes lèvres de la jument. Les deux plaies feront 1 à 1,5 cm de large pour une hauteur égale aux 2/3 de la longueur totale de la vulve.
Ces deux plaies seront reliées par une suture les juxtaposant sur tout leur longueur. Le dernier tiers de la vulve est laissé ouvert pour permettre l’écoulement des liquides (urine, liquides vaginaux...).
Les précautions à prendre pour cette opération sont une mise à jeun 24 h avant, un nettoyage minutieux de la vulve et de toute la zone qui l’entoure, un rasage des poils et la mise en place d’un travail ou d’un espace étroit pour bloquer la jument.
La jument est anesthésiée localement sauf complications ou risque de complications.
Les jours suivant l’opération (entre 3 et 10 jours), un nettoyage minutieux et une désinfection quotidiens avec un traitement à base d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires sont recommandés.
90 % des juments cicatrisent sans complication dans les 10 jours, on enlève alors les fils de suture. Les autres présentent des cicatrisations problématiques ou des infections, une deuxième intervention est alors nécessaire et le plus souvent, suffisante.
Chez les petites juments ou les ponettes, on veillera à laisser suffisamment de vulve ouverte pour permettre de passer un doigt et de vérifier que la cicatrisation n’entraîne pas de complications. Il est à noter que cette vérification peut aussi se faire par la voie transrectale mais qu’elle sera moins fine.
La suture vulvaire : quels avantages ?
Les sutures vulvaires sont connues pour limiter les contaminations microbiologiques de l’utérus et augmenter la fertilité, notamment dans le cadre des juments ayant des malformations génitales.
On favorise ainsi la fécondation et le maintien ensuite de la gestation à l’abri des infections venues de l’extérieur.
En effet, les juments atteintes de malformations génitales avec pneumovagin ou ayant une mauvaise position de la vulve absorbent les crottins, l’air et les bactéries avec. Cela entraîne des inflammations puis des infections de la vulve, du vagin, de l’utérus... et donc l’impossibilité de commencer ou de maintenir une gestation.
Dans ces cas-là , la suture des lèvres de la vulve permet de réduire le phénomène voire de le faire disparaître complètement.
Il est aussi prouvé que la plupart des juments difficiles montées, environ 86 %, le sont à cause d’irritations chroniques des voies génitales. Les crottins et les diarrhées en tombant (même sur des juments saines) vont entrer un peu dans les voies génitales et vont irriter l’intérieur des lèvres de la vulve voire le vagin. Ces douleurs chroniques ou liées au cycle (les juments clignotent de la vulve et l’ont plus ouverte quand elles sont en chaleur) s’effacent après une suture de Caslick.
Les juments seraient donc plus calmes après suture si les causes de leurs troubles sont génitales.
Enfin dans le cas d’un avortement ou d’une mise bas difficile, la suture de Caslick aide la vulve a reprendre une forme normale et évite les infections à répétition. On est alors plus proche de la vulvoplastie (reconstitution de la vulve) que de la suture de Caslick au sens strict.
Mais comme pour toutes les techniques, la suture vulvaire a ses inconvénients.
Le premier est que lorsqu’on utilise une suture pour favoriser et éviter les infections pendant une gestation, il arrive un moment où la mise-bas arrive. Et si on n’a pas prévu le coup et ouvert à nouveau le passage, le poulain se le fait lui-même... en déchirant la vulve et toute la zone génitale.
Le deuxième est que l’utilisation de la suture de Caslick pour aider les juments avec une malformation de la zone génitale est efficace seulement si la jument n’a pas d’infection utérine. En effet, une telle infection peut devenir chronique et ne plus nécessiter d’apport extérieur pour se maintenir. La suture gardera ainsi une zone infectée et ne permettra pas le début d’une gestation.
Il peut aussi arriver que la suture génère des réactions immunitaires violentes ou que l’utérus soit en constante inflammation. Dans les deux cas, la suture ne changera rien voire provoquera le problème.
Enfin, la suture peut former, en cicatrisant, des adhérences qui seront un obstacle supplémentaire qu’il faudra éliminer ou qui boucheront le trou laissé. On aura alors une rétention des liquides, dont l’urine, avec une inflammation, une infection et enfin une nécrose du vagin.
Il convient également de noter que bien que très utilisée auparavant pour éviter les prolapsus vaginaux, cette suture est aujourd’hui obsolète car elle ne permet pas de maintenir le tractus génital complet dans le bon sens.
En bref, c’est une méthode très efficace, très utile et très utilisée. Néanmoins, elle ne peut se passer d’un suivi sérieux et d’une étude préliminaire approfondie pour éviter les mauvaises surprises.
Anne Kaeffer, http://techniques-elevage.over-blog.com
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