L’illusionniste
Subvention quand tu nous tiens
Après avoir re - précisé les missions de la mère-maison et les importantes subventions dont elle bénéficiait, tant du ministère de l’agriculture (1 million d’€) que du fonds « éperon » ( 2,7 millions d’€), il a expliqué à chacun que cette manne, unique au monde, ajoutée aux recettes des engagements (1 million d’euros) permettait de distribuer 4,7 millions de primes, elles aussi uniques au monde, dans les épreuves du cycle classique.
En plus le fonds éperon était privé. Il pouvait donner ce qu’il voulait à qui il voulait, y compris pour faire n’importe quoi.
Sauf que les engagements sont aussi les plus coûteux du monde, qu’ils commencent dès l’âge de 4 ans et que leur cumul, ainsi que les frais annexes qu’ils impliquent, font qu’un 6 ans sort de Fontainebleau avec un coût de production de 40 000 €. A qualité égale, il est beaucoup plus coûteux que ses voisins nord européens.
Un peu dur à avaler quand la solution alternative de vendre sans travail met sur le marché des 3 ans corrects et en bonne santé pour 1 000 € et que cela va être pire quand le fond éperon se retirera d’un financement improductif qui n’est pas inscrit dans le marbre, qui ne correspond à aucun de ses critères d’éligibilité et qui n’existe nulle part ailleurs, surtout en période de récession.
Le fonds éperon et les 50 000 € de subventions octroyées pour l’organisation des dernières ventes du Mans n’ont pas empêché de vendre sur place seulement 7 % des 300 chevaux présentés.
Haro sur l’étranger (= non cotisant à l’ANSF)
Dénonçant les multiples procédures intentées par des éleveurs français contre la SHF devant la Commission Européenne, le Tribunal de Grande Instance de Paris, l’autorité de la concurrence et le service de répression des fraudes, notre magicien s’est engagé à respecter enfin, dès 2014, la législation européenne et à ne pas dépasser 20-30% pour l’attribution de surprimes à une race nationale (exit donc les AA et les Ps Ar ?), ce sur l’ensemble des épreuves du cycle classique
Il avait déjà fait cette promesse avant de se retrouver à la tête de la SHF, ce qui ne l’a pas empêché de donner 2.5 fois moins de gains aux chevaux des éleveurs français non - cotisants à l’ANSF ou à l’ANAA sur 80 % du circuit SHF une fois élu.
Ceci, dit-il, pour ne pas donner aux éleveurs étrangers (qui procurent du travail aux cavaliers français) des primes qu’ils n’ont pas chez eux. Soit, mais quand ils ont inscrit pour 50 € leur cheval à l’ANSF, ils reçoivent ces primes même s’ils ne paient pas leurs impôts en France.
Quant aux français qui élèvent des chevaux étrangers ou, pire, des OC, ils ne rentrent pas dans un « programme d’élevage », seul justiciable des aides de l’état. Ce qui n’est pas le cas, bien sûr, à l’ANSF, dont 80 % des juments n’ont jamais vu un terrain de concours et qui peine à rivaliser avec les petits stud-books européens qui font pourtant naître deux fois moins de poulains depuis 14 ans.
Les 4 ans : tout est possible, surtout de continuer à payer
Notre prestidigitateur a sollicité l’opinion des cavaliers et éleveurs professionnels sur le fonctionnement du cycle classique.
Alors que l’avis était à peu près unanime pour dénoncer le mauvais rapport coût/efficacité des épreuves de formation des 4 ans, voire leur inutilité, il a promis d’examiner toutes les solutions, sans dire qu’il allait exclure celles qui retireraient un centime sur les engagements que cette génération semble être condamnée à payer à la SHF.
Les cavaliers ont donc été persuadés que les éleveurs risquaient de ne pas leur confier leurs chevaux si les compétitions de 4 ans étaient remplacées par des parcours d’entraînement à 5 euros chez les voisins.
Pour ceux qui n’avaient pas bien compris, il a été annoncé l’intention de développer les cycles libres afin de demander aux amateurs l’argent que les professionnels commençaient à accorder de mauvaise grâce. Rappelons que le règlement SHF ne permet pas à ces professionnels de présenter un jeune cheval aux finales du cycle libre de Fontainebleau.
Ces perspectives, ajoutées à l’effet mécanique de la chute des naissances SF en 2009-2010-2012 et à la hausse permanente des chevaux prêts à l’emploi venant de l’étranger (plus de 2 000 en 2012, soit 36 % des naissances SF), risquent d’impacter lourdement le nombre de chevaux au travail chez les professionnels. Les moins bien formés et les moins bien organisés professionnellement ont quelque souci à se faire dans les prochaines années.
Le conservateur du patrimoine génétique
L’illusionniste s’est aussi présenté, sans rire, comme le conservateur du patrimoine génétique tricolore, lui qui a naturalisé SF Tsunami de Hus ( pas une goutte de SF depuis 3 générations) et laissé envahir notre élevage par un sang étranger inconnu et incontrôlé qui représente aujourd’hui 50% de notre génétique.
La formation à l’heure de l’apéritif
Très attendu sur ce sujet, vraisemblablement lié aux déboires de la filière, il n’a pas déçu : quelques stages pour les cavaliers à St Lô en hiver avec un intervenant qui n’est pas encore connu financés par ?…..le fonds éperon ,vous avez gagné ! FAFSEA, connais pas.
Mais tous les cavaliers ne sont pas convaincus. Certains pensent encore que le meilleur formateur c’est le chef de piste…
Quant à la formation des éleveurs, le rosé était déjà débouché et les rondelles de saucisson tranchées. Il y a des priorités dans la vie et la SHF sait recevoir.
Chapeau l’artiste… sauf que la salle était vide ! (plus de 1 000 engagés, 20 personnes dans la salle).
François Pope pour le SEC
NDLR. Cette analyse n’engage que son auteur et l’organisation syndicale qu’il représente. C’est au nom du pluralisme de l’information que nous avons décidé de publier cette communication. Il va de soi, au nom du même principe, que si quelqu’un a des arguments différents à faire connaître, nous les publierons de la même manière.
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