Ludger Beerbaum maître chez lui

étape de Coupe du Monde FEI de Stuttgart, sans consteste l’une des plus prestigieuses. Impressionnant de maîtrise, le Westphalien l’emporte dans cette 25e édition, devant les ?6 500 spectateurs qui s’étaient massés dans la Hanns-Martin Schleyer Halle, associé à Gotha, une jument alezane seulement agée de huit ans et qui n’est autre que la fille de Goldfever, avec lequel il s’illustra, notamment à Sydney (2000), Donaueschingen et Las Vegas (2003). Il relègue son suivant immédiat, Michel Robert, à près d’une seconde, empochant, du même coup, les vingt points attribués au vainqueur, et se replaçant comme l’un des favoris de la finale qui se déroulera du 14 au 18 avril 2010 au Palexpo de Genève. Le Dauphinois, qui a multiplié les tours et les accessit avec Kronos d’Ouilly (4 épreuves) et Kellemoi de Pépita devrait, lui aussi, effectuer une remontée importante aux Rolex Rankings. Reste à savoir si elle s’avèrera suffisante pour l’autoriser à défendre son titre en finale du Top 10 Rolex/IJRC, le 11 décembre prochain à Villepinte. L’autre fait marquant de cette étape Coupe du Monde, c’est l’incontestable réussite des « frenchies », présents chaque jour et dans chaque épreuve au niveau des tout meilleurs, et auxquels le public Bade-Württenbergeois a réservé, chaque fois, un accueil des plus chaleureux.
Dix au barrage

Il étaient quarante au départ de ce Grand Prix, « dessiné », comme les deux années précédentes, par Ulliano Vezzani. Un tour constitué de douze obstacles, « gros » et « aérés », dont la principale difficulté, outre les cotes, aura été la gestion des rythmes et des distances. Le triple N° 8 (150 - 150/160 - 155/160) aura joué le rôle de « juge de paix » (24 fautes).

A observer les mines des uns et des autres, et à écouter les échanges à l’issue de la reconnaissance, on mesurait déjà l’ampleur du défi proposé. Premiers à s’élancer, Tony André Hansen et Camiro 19, Holst (Cassini I-Lord) quittaient d’ailleurs la piste avec un passif de huit points. Les trois amazones qui lui succédaient connaissaient des fortunes diverses, Janne-Friederike Meyer (GER) et Cellagon Lambrasco (Libero H) en milieu de triple, Judy-Ann Melchior (BEL) avec Levisto Z (Leondro) sur l’avant-dernier effort, et la jeune Clarissa Crotta (SUI) associée à West Side v Meerputhoeve (Baloubet du Rouet) sur le premier, avant un dénominateur commun, un compteur bloqué à quatre points. Il fallait attendre le passage du quart des engagés, et la prestation de Philipp Weishaupt et son holsteiner de onze ans, Catoki (Cambridge), pour assister au premier sans faute, dans une ambiance indescriptible. Trois tours plus tard, Christian Ahlmann (GER) et Taloubet Z (Galoubet A/Cor de la Bryere) faisaient du barrage une réalité, bientôt rejoints par Lauren Hough (USA) qui signait, de surcroît, le meilleur temps, avec Quick Study-alias Lutin de Semilly (Quick Star-What A Joy, ps). Entre-temps, les vainqueurs du German Master, Patrice Delaveau et Katchina Mail, « pris » sur l’oxer N°2 sur bidet (1,60) puis en sortie de triple, avaient abandonné tout espoir de « doublé » et, plus dommageable, d’engranger de précieux points au général.

Ni Daniel Etter (SUI), leader de la Ligue d’Europe de l’Ouest et vainqueur à Helsinki comme à Oslo (8 pts), pas plus que Marco Kutscher et Cash 63 (4 pts) ou Steve Guerdat (SUI) avec Trésor V (Papillon Rouge/Laudanum), contraints au renoncement, ne parvenaient à étoffer le barrage. Mauvaise fortune également pour Pénélope Leprévost et Mylord Carthago*HN (Carthago, Host/Jalisco B), brillants vainqueurs de la « grosse » du jeudi et qui, en dépit d’un tour convaincant sur lequel le jeune étalon (9 ans) a fait la démonstration qu’il était du niveau, ne parvenaient simplement pas à « gérer » le triple. Dès lors, et après l’échec (16 pts) de Rodrigo Pessoa (BRE) et Champ 163, Holst (Chamonix), le vent allait tourner. Tour à tour « Bosty », Carsten-Otto Nagel (GER), Rolf-Göran Bengtsson (SUE), Ludger Beerbaum (GER), Kevin Staut, Pius Schwizer (SUI) et Michel Robert, réussissaient autant de parcours sans-faute dans le temps imparti, de sorte qu’ils étaient dix au départ du barrage, parmi lesquels deux français. Timothée Anciaume et Lamm de Fétan (Fergar Mail-Le Tot de Semilly) ayant joué de malchance sur l’avant-dernier effort (11b).
Lüdger Beerbaum et Gotha 18, innaccessibles

Premiers à s’élancer, Philipp Weishaupt et Catoki, piégés sur l’oxer naturel N°7 (1,55/1,60), ne rééditaient pas leur prestation du premier tour, pas plus que Christian Ahlmann et Taloubet Z, pris à deux reprises en défaut, en sortie du triple, transformé en double, puis sur l’ultime obstacle (N°15), le mur de la BW Bank. L’Américaine Lauren Hough ne trouvait pas non plus la clef du coffre, et c’est à Carsten-Otto Nagel et à la « divine » Corradina que revenaient le privilège de réaliser les premiers un nouveau « clear round », dans le temps de référence de 39’’19. Rolf-Göran Bengtsson optait, lui, pour la prudence (0 et 41’’13), avant qu’au terme d’une prise de risques incroyable (quel virage à l’abord de l’oxer N°5 Mercedes-?Benz !), Ludger Beerbaum et Gotha 18 ne fassent « exploser » la Hanns-Martin Schleyer Halle (38’’25). Dès lors, les dés étaient jetés, car en dépit d’un tour remarquable, le Champion d’Europe ne parvenait pas à faire progresser Kraque Boom aussi vite qu’il l’aurait souhaité (0 et 41’’90), alors que Pius Schwizer et la jeune Carlina (8 ans) heurtaient l’entrée du double et que le récent vainqueur du GCT ne réussissait cette fois que le second « chrono ».
Coupe du Monde : Steve Guerdat en « pôle »

A l’issue de cette cinquième étape des treize que compte la Ligue d’Europe de l’Ouest, Daniel Etter (SUI),vainqueur à Helsinki et Oslo, conserve la première place du classement provisoire de la Coupe du Monde 2009/2010 avec 40 pts, devant Eric vd Vleuten (NED), absent de cette étape en Bade-Wurtenberg. Troisième avec 36 pts, Pius Schwizer (SUI), ne précède désormais plus que d’une petite longueur Lüdger Beerbaum (GER), qui réalise la bonne opération du jour. Du côté des Frenchies, le Champion d’Europe Kevin Staut, au terme d’un week-end mi-figue, mi-raisin, engrange douze précieux points, grâce à sa remarquable cinquième place, et devance désormais Patrice Delaveau, brillant vainqueur du German Master, épreuve qui n’est cependant comptabilisée, ni pour le classement Coupe Monde, ni pour les Rolex Ranking. En prenant 17 points d’un coup, Michel Robert réalise également un bonne opération, tandis que Tim Anciaume, avec 14 points, est loin d’avoir renoncé. Quatre français au printemps à Genève ? Chiche !

D. S.