Marie-Dominique Saumon-Lacoeuille : "S’adapter, trouver des solutions"
« Je n’y vois pas très clair, mais on va rester positifs et trouver le moyen de faire un championnat, même si pour l’instant on ne sait pas quand. C’est sous toutes réserves. On avance petit à petit, déjà on n’a absolument aucune information, aucun arrêté pour nous dire quand les manifestations importantes pourront avoir lieu. Jusqu’au 14 juillet il n’y a pas de manifestation possible, mais est-ce qu’on va passer du « rien » à « tout », je suppose que non. On attend les informations de façon à pouvoir caler ce qu’on va faire et comment on va le faire ».
Comment voyez-vous l’après Covid ?
« Le monde ne va pas s’arrêter, peut-être que ce sera différents, peut-être qu’il faudra réajuster les choses, mais j’espère en tout cas que l’après sera positif. C’est sûr que ce ne sera sans doute pas comme le jour d’avant Covid, mais on va essayer de s’adapter, de trouver des solutions pour les éleveurs, pour les cavaliers, etc.
Si on dit qu’on repart exactement comme avant, sans aucune modification, évidemment que cela ne va pas être possible. Il va falloir réduire les dépenses, aller à l’essentiel, trouver des schémas qui vont bien pour les éleveurs, qui ne sont pas trop coûteux. Je pense que les gens auront envie de se retrouver, de montrer leurs poneys, leurs chevaux. Après ce confinement ils vont en avoir besoin. Mais pour communiquer nous allons attendre d’avoir les éléments écrits parce que pour l’instant nous avons l’intervention du Président de la République, mais on ne sait pas ce que ce sera après le 14 juillet. Le tour de France est reporté en septembre, Il y aura des choses après. Peut-être que tout le monde va vouloir faire en même temps. Il va falloir faire des choix. Ce ne sera pas l’idéal, mais bien sûr qu’on va rebondir. Il y aura des solutions à trouver, mais ça va se faire, avec des gens passionnés. La filière cheval ne va pas s’éteindre ».
Comment fonctionnez-vous au sein de la SHFÂ ?Â
« J’ai un poste au Conseil d’Administration et au Commerce, je défends les poneys, au Conseil d’Administration il y a un autre président qui est le Président de la FPPCF, qui défend les autres races de Poneys, moi je défends les poneys de sport. Parfois il faut se faire entendre dans un milieu d’hommes qui sont plutôt pro cheval, et moi je suis une femme et pro poney, donc ce n’est pas toujours facile. A l’ANPFS on a mis nos filles en chômage partiel, le téléphone est tenu tous les jours pour les éleveurs, et elles dépatouillent des dossiers de naissance, elles répondent aux questions dans la mesure où elles le peuvent. On a une permanence téléphonique ».
Vos éleveurs, ils vont faire saillir comme d’habitude ?
« C’est variable : il y a chez certains de la prudence, pour d’autres, une autre façon de voir les choses. Je discutais hier avec la propriétaire d’un centre qui a plusieurs étalons ; elle disait que la monte en main marche mais que le réfrigéré transporté ne fonctionne pas très bien.
Certains se disent que ce qu’ils n’ont pas fait en dépenses pour les concours, ils vont le mettre dans une saillie supplémentaire. En fin de compte cela va affecter forcément un peu les naissances mais il est possible que la saison soit un peu décalée. Moi j’ai de la demande pour la monte en liberté : j’ai un vieil étalon et il y a des gens qui ne veulent pas risquer donc ils m’amènent les ponettes et je les lâche dans le champ. Je trouve que c’est moins catastrophique que ce que j’avais cru au départ ».Â
Donc il n’y a pas de catastrophisme chez les éleveurs de poneys ?
« Chez les poneys, l’avantage c’est que les 4 ans on les a remis aux champs, à part une poignée de 4 ans entiers qui restent un peu au travail, pour générer du commerce. Ce n’est pas grave ils vont très bien s’en remettre. Les 5 et 6 ans auront une année quasi blanche. Je pense qu’il y a des solutions pour faire un circuit à l’automne, une sorte de circuit de rattrapage. Il va falloir y consacrer un peu de temps. Il y a des idées qui ne vont pas forcément coûter des fortunes, à condition qu’on ait des organisateurs ».
Comment se comporte le marché du poney ?
« Je pense qu’il ne se passe pas grand’chose actuellement. Moi j’ai de la demande pour de la location, je n’ai pas l’impression qu’il y ait beaucoup de commerce. Les poneys qui vont bien ils se vendent bien. Le problème c’est le tout venant : le tout venant cheval coûte quand même cher, les chevaux moyens il ne faut pas mettre trop d’argent dedans, dans les poneys moyens, c’est pareil. Ce qu’il y a de différent, c’est que les poneys moyens coûtent moins cher que les chevaux moyens : s’ils sont gentils et peuvent être montés par des gamins, ils vont vite aux champs. Quant aux excellents poneys qui sont mis en condition comme des chevaux, qui coûtent cher à travailler, à élever, ceux-là ils valent de l’argent et il y a le marché pour ».Â
Pour vous c’est l’optimisme de rigueur quoi ?
« Cela remet beaucoup de choses en question, mais on va trouver des solutions pour après, pour faire sortir les poneys, ou alors c’est qu’il n’y aura plus de sports équestres ! On ne veut pas se dire ça, ce n’est pas possible ! C’est vrai que c’est un sport qui coûte cher, certes, et on aura une partie de la clientèle qui va avoir autre chose à faire que de s’occuper des poneys de leurs petites têtes blondes, ils vont peut-être avoir leur entreprise à remonter, etc... Mais c’est aussi un ballon d’oxygène ça, je pense que les gens en ont besoin pour leurs familles, pour le développement de leurs enfants. On fait plus l’impasse sur d’autres choses que sur le loisir de leurs enfants. Par contre il est certain qu’il y aura des centres équestres qui auront du mal à remonter la pente aussi, ça va faire du tri forcément ».Â
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