Mégane Moissonnier : un parcours sans faute


A notre arrivée, nous trouvons son père, Bernard, en train de préparer le van : Mégane repart mardi à Madrid. Le décor est planté : cette grande fille sage habite encore chez ses parents, à Lent, à quelques kilomètres de Bourg en Bresse, où elle s’entraîne au quotidien. En effet, s’il est vrai que cette jeune cavalière a déjà acquis une renommée internationale, dans l’Ain elle s’est surtout fait un prénom, tant il est vrai que la famille Moissonnier y est connue depuis plusieurs générations. Son père, lui-même ancien cavalier de haut niveau mène de front une exploitation agricole et un élevage de renom en s’efforçant d’être le plus possible présent aux côtés de sa fille et d’assurer la maintenance et le travail des chevaux quand Mégane est en classe ou en compétition. Quant à sa mère, Christiane, elle aussi passionnée et fille d’éleveurs, elle a mis sa propre activité entre parenthèses pour l’accompagner autant qu’elle le peut.



Graine de championne



En effet, les dispositions exceptionnelles qu’elle a montrées très tôt ne pouvaient pas échapper à l’œil averti de ses parents qui ont mis tout en œuvre pour lui permettre de développer son talent. C’est ainsi qu’elle participe dès 11 ans à la tournée des As dans sa catégorie poney, avec déjà l’ambition de devenir cavalière professionnelle. En 2009 à la Motte-Beuvron elle obtient le titre de championne de France dans la catégorie D1 excellence à poney. Puis elle se classe 5e à cheval aux championnats de France de Fontainebleau, catégorie benjamins, meilleur résultat français depuis 25 ans, et concourt désormais dans la catégorie As Grand Prix, qui représente la plus haute catégorie Ponam, tout en commençant à participer à des CSI réservés aux chevaux.

En 2011, elle participe aux Championnats d’Europe de Comporta avec Prélude du Bosq (Flipper d’Elle & Urgante Moricière).



Jimmerdor



Puis c’est la rencontre avec l’excellent Jimmerdor de Florys (Nimmerdor) avec lequel elle remporte 3 victoires en Grand Prix Excellence en France. En 2012 elle se classe 2e du Grand Prix du CSIP de Fontainebleau, 2e de la Coupe des nations d’Hagen, 5e ex aequo en individuel aux championnats d’Europe de Fontainebleau. En 2013 après une deuxième place au Grand Prix du CSIP de Bonheiden, elle remporte de la Coupe des nations et arrive 7e du Grand Prix du CSIOP de Wierden puis 4e du championnat de France As Poney Elite Excellence et encore 4e par équipes du championnat d’Europe d’Arezzo.



La machine semble alors s’emballer, chaque année Mégane monte d’une catégorie et se surclasse le plus souvent sans craindre de s’affronter à des adultes expérimentés. Habituée quasiment depuis toujours à passer de poney à cheval, puis d’un cheval à l’autre, elle a développé une excellente faculté d’adaptation qui lui permet aujourd’hui d’utiliser avec bonheur plusieurs chevaux dans la même épreuve. « Je n’ai pas de modèle ou de tempérament préféré. D’ailleurs mon rêve aurait été de participer à une finale tournante ». De même, tous les aspects de la compétition lui plaisent, même si elle avoue une préférence pour les Grands Prix et les vitesses. En 2014, première Coupe des Nations, et première fracture de la clavicule en février, puis seconde fracture fin mars, juste à la fin de la rééducation !



Shampagne et Umours Batilly



Un deal « gagnant-gagnant » est passé depuis plusieurs années entre la cavalière et Jean-Claude Violet, l’éleveurs des Batilly. Il lui confie, généralement à l’âge de 7 ans, les chevaux à fort potentiel que Mégane valorise en vue d’une commercialisation future. C’est ainsi que

2015 voit arriver Shampagne Batilly, avec lequel elle accède au niveau 150 et 3 étoiles. Shampagne étant vendu en mai 2016, c’est Queffelec Drop (L’Arc de Triomphe/Trophée du Rozel) qui devient son cheval de tête pour les Championnats d’Europe Jeunes Cavaliers de Millstreet qu’elle termine 5e par équipe. Nouveau changement en 2017 : Queffelec est victime d’une rupture d’anévrisme sur le CSIO d’Arezzo et Mégane doit à nouveau changer de monture et se prépare pour les Championnats d’Europe avec Saratoga Bois Margot (L’Arc de Triomphe-Quidam). Mais une nouvelle fracture de la clavicule, au tout dernier stage organisé par Thierry Pomel pour regrouper son équipe avant le départ la prive du déplacement. Elle se rattrape en remportant magistralement le Grand Prix 145 réservé aux jeunes du CSI d’Equitalyon et se classe 3° dans la 150 de Vermezzo. Simultanément, elle commence les 4 étoiles avec son « deuxième » cheval, Umours Batilly (Quincy Bois Margot/Dollar du Murier) qui est passé en un an de 115 à 145. A ce stade, il n’y a plus vraiment de premier et deuxième cheval. Les concours s’enchaînent et il faut préserver leur condition physique. Du reste, Tarpan de Bressieux (Fusain du Defey-Obéron du Moulin), confié par son propriétaire, est arrivé à maturité dans son écurie.



Les Grillons, Miami, Mexico...



Un tel parcours ne pouvait pas passer inaperçu, et lorsque fin 2017 Sadri Fegaier, le propriétaire du Haras des Grillons et organisateur du Jumping de Valence et Carlos Lopez cherchent un jeune pour son équipe il s’adresse à elle. Mégane fait donc équipe avec Sadri Fegaier, Carlos Lopez (qui est lui aussi passé par l’Ain, ancien cavalier de Guy Martin), Dayro Arroyave, également Colombien, et Roger-Yves Bost sur le circuit du Longines Global Champions Tour où elle est la seule amazone française. Et elle tient bien sa place puisqu’elle finit 3e de la première épreuve à 145 à Mexico. Ensuite, c’est Miami et son atmosphère si particulière avec la mer comme toile de fond. Mais Mégane est consciencieuse et motivée et ne se laisse pas distraire. Du reste elle est épaulée par le reste de l’équipe, et même les autres cavaliers, et confie qu’elle apprécie beaucoup l’esprit sportif de l’ambiance. Même si, bien sûr, chacun est là pour gagner, il règne une atmosphère de bonne entente entre les cavaliers qui la met rapidement à l’aise. « Ils viennent facilement me voir, échanger, donner ou même demander des avis. »



Les études



Déterminée, elle l’est également dans sa scolarité, car bien qu’elle souhaite poursuivre une carrière de cavalière professionnelle, elle tient à terminer ses études. Après son bac et une année de droit, elle s’est orientée vers la comptabilité-gestion et accomplit sa 2e année, avec des horaires aménagés rendus indispensables par ses nombreux déplacements. Si on lui demande quel défaut ou quelle qualité elle se trouve, elle répond qu’elle pousse le perfectionnisme à l’extrême. Ses parents sourient : « elle ne laisse personne d’autre natter ses chevaux, replace toujours elle-même sa selle, n’hésite pas à refaire son box : tout doit être parfait. Même quand elle gagne, elle se remet en question, trouvant qu’elle a mal pris tel virage ou mal préparé tel abord. »



Demain ?



L’avenir pour elle, c’est « d’abord terminer mes études. Maintenant qu’elles sont commencées, il faut aller au bout ». Continuer la compétition, bien sûr, acquérir un maximum de métier au contact des tout meilleurs mondiaux, et puis s’assurer un bon piquet de chevaux car elle sait d’expérience qu’elle est toujours à la merci d’une vente ou d’un accident. Son frère Eddy et Mégane sont très proches et se soutiennent mutuellement, Eddy monte plus les jeunes chevaux

Et puis elle est bien consciente qu’elle va devoir à plus ou moins brève échéance quitter le cocon familial car, malgré son palmarès impressionnant, il est certain qu’elle n’est qu’à l’aube d’une prestigieuse carrière.

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