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Michel Guiot : les grands chantiers de la SHF

Fonctionnement, organisation, finances, dotations, fin de vie, Grande semaine, J.O. : tour d’horizon avec Michel Guiot, président de la SHF à l’aube du grand rassemblement de l’élevage français à Fontainebleau. Pas mal de choses ont changé depuis le début de cette présidence avec un Comex actif et motivé. La SHF évolue à grands pas dans sa mission de maison-mère, sa raison d’être.

Enquête. « Dans un premier temps, j’avais dit qu’on allait faire une enquête auprès des adhérents pour prendre en compte leurs besoins. Cette enquête a été faite avec un taux très élevé de réponses, 20 %. Le dépouillement a pris du temps mais l’enseignement est super instructif. Ce document-là servira de base de travail à un séminaire du Comex à l’automne. J’ai la chance d’avoir un super Comex avec des gens variés, transversaux, qui travaillent vraiment et qui ont beaucoup d’idées. On va travailler sur la stratégie des trois prochaines années à partir de ce document-là ». 

Management. « On a optimisé au mieux les ressources humaines de la SHF. Le climat était un petit peu délicat mais avec des gens hyper compétents et motivés. On a changé le management qui se fait maintenant par projets avec un pôle Valorisation et un pôle Commercialisation-Communication. Et franchement, on a eu des bons résultats. Les filles ont réappris à travailler ensemble, sans les clivages d’autrefois. Et on a gardé tout le monde. J’ai nommé Emilie Morichon comme nouvelle directrice avec le Comex. C’est une fille qui est issue de Fédération des Poneys et Petits Chevaux et Poneys de France où elle était chargée de missions. Elle a une vision transversale de la filière. Et la SHF doit vraiment tenir son rôle de maison-mère. Aujourd’hui elle peut le faire ». 

Dotations. « Le premier travail a été de monter un seul dossier d’appel à projets pour toutes les disciplines et les organismes de sélection. L’Etat a joué le jeu en nous octroyant 650 000 €, soit beaucoup plus qu’auparavant. Je pense que la nouvelle gestion de la SHF va encourager les financeurs, c’est-à-dire l’Etat et le Fonds Eperon dont la dotation est repassée à 3,2 M€ à faire mieux. Cela nous permet de revoir les dotations à la hausse.  On est repartis sur des dotations beaucoup plus fortes, en s’inspirant de 2019 mais en faisant une différence pour les 6 ans dont le coefficient est passé de 3 à 3,5. Pour les 4-5 ans on multiplie l’engagement par 2, et par 3.5 pour les 6 ans, y compris aux CIR. D’autre part, le prix du sans-faute qui était précédemment différent d’une région à l’autre, a été unifié. Ce qui est logique puisque le règlement est le même pour tous ».

Règlementation. « Autre gros chantier qui a pris du temps, mais qui n’est pas très visible : la mise en conformité avec le règlement zootechnique de l’Union Européenne, sorti il y a déjà trois ans mais non appliqué, pour être Organisme de Contrôle de Performance au service des Organismes de Sélection que sont les stud-books. Du fait de notre organisation de concours de jeunes chevaux, on participe aux contrôles de performances au service des OS. On est plus dans l’outil au service des éleveurs et des OS ».

Bien-être animal. « C’est un sujet qui n’était pas du tout abordé, alors que l’ADN de la SHF, c’est le bien-être et le respect des jeunes chevaux. On en faisait un peu sans s’en rendre compte mais en tout cas on était à la traîne. C’est le vice-président, Yves Leroux, qui mène ces débats-là. C’est vraiment un gros dossier ». 

La PAC. « La SHF était fort absente de toute cette discussion-là. Avec le Ministère on a travaillé sur le sujet. Notre crainte était que les jeunes chevaux soient exclus de la PAC parce qu’il y a toujours ce fameux débat où le cheval est considéré soit comme produit agricole soit comme animal de compagnie. Nous avons marqué notre position et le Ministère de l’Agriculture est en phase. La conseillère du Ministre, Urwana Querrec, nous a confirmé que le cheval était bien considéré comme un animal de rente, un produit agricole. Et ça, c’est hyper important pour l’avenir. Si demain le cheval devenait animal de compagnie, ce serait une catastrophe. C’est un sujet dont on s’occupe beaucoup, à travers des réunions entre un petit groupe et le Ministère ».

Fin de vie des chevaux. « On a travaillé aussi sur des dossiers transverses avec la filière cheval, donc la gouvernance où j’étais un peu représentant PAC sur la viande. Il y a là un vrai débat. Je pense que les gens ont peur de dire qu’ils mettent des chevaux à la boucherie et aujourd’hui avec le système actuel, on ne peut pas garder tous les chevaux en retraite. L’éleveur, à un moment donné, est obligé de faire le tri. Cela dit, toutes les situations sont respectables. Notre action pour soutenir le marché de la viande est importante parce qu’elle marque aussi notre attachement aux produits agricoles, même si on ne produit pas des chevaux pour la viande. C’est un débat qu’il ne faut pas éluder et on doit être aux côtés de la SFET et  des courses, qui mettent des chevaux à la viande. Ce qu’on souhaite aujourd’hui, c’est que le cheval puisse rentrer dans un sas sanitaire de 6 mois, c’est-à-dire que, s’il a été mis sous antibiotiques, il ne soit pas exclu de la consommation humaine indéfiniment. Si au-delà de 6 mois il n’a plus rien, il doit pouvoir retrouver la chaine alimentaire. La situation n’est pas claire en ce moment, elle peut donner lieu à de la tricherie et nuit à la traçabilité. On est en cours de discussion là-dessus, c’est un sujet important. Ce sas de 6 mois existe pour les chevaux de l’étranger qui viennent en France, il n’est pas question que nous soyons moins bien lotis que les étrangers. Jusqu’ici la gouvernance de la filière n’était pas très active sur beaucoup de points. Aujourd’hui j’ai l’impression qu’on s’entend sur beaucoup plus de sujets, notamment avec Loïc Malivet (courses). Il faut qu’on avance et qu’on se soutienne.

Les courses ont déjà bien travaillé sur le bien-être animal. Le Conseil des Chevaux a fait aussi un gros travail là-dessus et on se met avec eux. Aujourd’hui, je pense qu’il y a beaucoup moins de tension entre la SHF et toute la filière, et ça c’est une bonne chose. Je dois rencontrer Serge Lecomte la semaine prochaine au Sologn’Pony. J’essaie de faire un peu toutes les finales. Du moins cette année-ci. La SHF était très, très saut d’obstacles, Selle-Français, et je veux montrer qu’aujourd’hui c’est transversal et que le poney a autant d’importance que le cheval d’attelage, que le cheval de dressage, etc. On veut jouer en plein notre rôle de maison-mère ». 

SHF Market. « On n’a pas supprimé SHF Market, on l’a continué. Aujourd’hui ce service ne nous coûte plus rien. On a remis des chevaux. On va travailler cet hiver pour le rendre plus performant parce qu’on s’est rendus compte que beaucoup de chevaux étaient au-dessus de leur prix de marché et ça nous fait du tort. On va essayer de mettre en place c’est une petite cellule d’experts conseilleraient une fourchette de prix ». 

SHF Vidéo. « Lourdement déficitaire. On a maîtrisé les charges en réduisant un petit peu le nombre de concours filmés et en développant un système de partenariat. On ne devait pas perdre d’argent cette année. On est plutôt fort en avance par rapport au budget qu’on s’était fixé. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle parce c’est un bon système. D’autres actions sont prévues pour essayer de le rentabiliser un peu plus ».  

Grande semaine de Fontainebleau. « On retrouve le Cycle Libre comme avant. La grande difficulté c’est le terrain en herbe, qui fait aussi la réputation de la Grande Semaine de Fontainebleau. Le terrain en herbe, les cavaliers ne veulent plus y aller parce qu’il est en mauvais état. La plupart des gens souhaiteraient continuer sur un terrain en herbe mais à condition qu’il soit vraiment de qualité. Cette année, la carrière des Princes a été refaite et fortement agrandie mais il n’y a plus la carrière de Diane qui servait de détente. Il nous manque donc une carrière de détente ou une carrière de concours, si on n’utilise pas le terrain en herbe. On n’a plus que le Petit Parquet et la carrière des Princes, donc il nous manque une carrière si on veut faire tout sur le sable. Cela veut dire que si il pleut fort on sera très embêtés parce que du coup on est obligés de faire ça sur le puits Cormier on le coupe en 2 pour faire 2 carrières de détentes mais il nous manquera toujours une carrière pour les essais. Donc cette année on espère qu’il va faire beau pour aller sur le terrain en herbe. J’ai gardé les 7 ans et les 6 ans sur le sable, les 4 et 5 ans iront sur l’herbe et le Cycle Libre ira sur l’herbe aussi. Tant que le terrain ne sera pas refait je pense que j’aurai du mal à faire aller les gens sur le Grand Parquet. » 

Terrains en herbe. « On est en manque de terrains d’herbe dans les régions et je m’aperçois qu’il y a pleins d’éleveurs et de cavaliers qui n’ont pu aller sur l’herbe cette saison. Compiègne et Cluny ont supprimé le terrain en herbe. Il faut qu’on retrouve des terrains en herbe dans les régions et qu’on refasse le terrain en herbe comme il faut sur le Grand Parquet. Je compte bien rencontrer les politiques et les décider de remettre le paquet sur le Grand Parquet pour qu’on puisse avoir un terrain digne de ce nom. Parce que c’est ce qui fait vraiment la spécificité de Fontainebleau. Ce serait dommage de perdre ça. 

Le Selle-Français fait toujours ses 2 et 3 ans. Le village des exposants change un peu parce que le centre névralgique cette année sera la carrière des Princes où toutes les finales se dérouleront.

Effectifs. (1 177 en CC 4, 5 et 6 ans, 137 en 7 ans, 785 en CL). « En diminution dans les Cycles Libres en raison d’un démarrage tardif à cause de la crise sanitaire. En revanche, augmentation du nombre de partants dans les Cycles Classiques et augmentation aussi du nombre d’adhésions. On va mettre les petits plats dans les grands pour le cycle libre parce que depuis deux ans il n’y a pas eu de finales. Il y a un vrai engouement pour le Cycle Libre et je pense qu’il faut qu’on favorise ça. Il faut aussi qu’on travaille en région pour qu’il y ait plus d’organisations de Cycles Libres. Comme ce n’est pas rentable les organisateurs hésitent. Mon idée est d’associer les organisateurs de concours aux décisions de la SHF et de les aider financièrement. C’est aussi notre rôle à la SHF ». 

Sur les Jeux Olympiques. « Le format a fort changé, il y a sûrement du moins bien et du bien notamment pour le grand public qui a plus de visibilité, ça c’est évident. Grégory Whatelet  me disait que pour le grand public, la compréhension est meilleure. Au final, les grandes nations se sont quand même imposées, ça c’est une chose. Le Complet ça a été super pour la France, c’est fantastique, et pour l’élevage français encore plus ; ça multiplie les chances pour les éleveurs de vendre des chevaux à l’étranger, donc commercialement c’est un très, très bon coup.

Après dans le saut d’obstacles, la France a été super malheureuse mais si elle avait été médaille d’or il y aurait eu un petit hold-up. Pénélope n’a pas eu de chance avec son cheval et ça doit être hyper dur. Je me mets à sa place, ce qu’elle a dû subir comme pression ça devait être énorme, et puis quand ça c’est mal passé les gens se sont défoulés sur les réseaux sociaux de façon honteuse. Les Français sont quand même incroyablement râleurs. J’ai regardé sur la Suisse quand Steve Guerdat et Fuchs n’ont pas bien fait, il n’y a pas eu de commentaires désagréables, ni pour les Allemands. En France les gens se déchainent, et des gens qui ne savent même pas faire un tour sans-faute sur 1 mètre. C’est quand même une fille qui a ramené beaucoup de médailles, qui a énormément de pression sur ses épaules. Quant à son cheval, il a été visiblement très impressionné et son premier refus dans la chasse ne l’a pas préparé pour la suite.  C’est fou, parce qu’on est passé d’une médaille d’or à plus rien du tout.

Nicolas, lui, a fait de supers JO, il n’est passé pas loin, il a fait une belle démonstration. Simon Delestre et Mathieu Billot aussi. Quand ils rentrent en piste, ils ont le couteau dans les dents, c’est impressionnant, c’est des guerriers.

Il y a 4 ans Flora avait eu des coliques, le petit des Hayettes s’est blessé, on a quand même beaucoup de guigne en général dans ces grandes échéances-là. Alors, est-ce que les chevaux ne sont pas assez préparés ou peut-être de trop, je ne sais pas, mais en tout cas ce qu’il y a de sûr c’est qu’on a quand même vite de la casse. Même dans le Complet, l’équipe a fort changé au dernier moment.

J’ai trouvé quand même que les équipes étaient très soudées et ça c’est top.  Quand j’ai vu les réactions de soutien de Simon, Mathieu et Nicolas auprès de Pénélope, malgré leur déception j’imagine j’ai trouvé ça sportivement très beau.

Maintenant, on se réjouit d’être en 2024 ». 

Propos recueillis par ER

27/08/2021

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