Ni mégalo, ni innocent

Quelle belle fin d’année. Un bouquin de Gouraud et un bouquin de Depardieu. Chacun dans leur genre, deux monstres sacrés.


Rien de commun entre les deux ? Quoique... « Mes galops » (mégalo) pour le premier, « Innocent » pour le second. Il y a de l’égo la-dedans, du bon égo comme j’aime. Depardieu a les bonnes formules, des formules que ne renierait pas Gouraud. Tous les deux ont un point commun : l’amour de la Russie, en « russophiles » décomplexés. Ils en parlent tous les deux avec la même ferveur. L’un, Gouraud, l’a écrit en racontant son voyage à cheval Paris-Moscou dans « Le pérégrin émerveillé ». Depardieu frôle le mysticisme lorsqu’il évoque son attirance pour la patrie de son ami Poutine. La comparaison s’arrête là, en apparence du moins.


Gouraud rassemble dans ce livre un certain nombre de chroniques publiées ça et là (et notamment dans le journal Le cheval). Elles n’ont rien perdu de leur piquant. Son Poutine à lui, c’est Bartabas, une institution à lui tout seul, fondateur de ce que Gourand nomme l’Académie de Versailles, largement plus « cash » que les conventionnelles Ecoles de Saumur, Vienne, Lisbonne et Jerez. Ça c’est du grand Gourand. On l’aime encore quand il brocarde, sous l’ère Sarko, les pitreries du préfet Jean Etienne des Rosaie pris les doigts dans le crottin... De l’Asie à l’Afrique, Gouraud distille une foultitude d’anecdotes et de réflexions sur ses contemporains piétons et cavaliers. Du pur bonheur. Non, cet homme-là manie trop bien la dérision et l’autodérision pour être mégalo. Quant à Depardieu, ni coupable, ni innocent, la candeur lui va bien.





Mes Galops


Editions du Rocher


238 pages. 17,90€