Penser un problème : les cercles de réflexion
On ne passe à un autre cercle - sans oublier toutes les informations récoltées avant - que lorsque l'on a éliminé toutes les possibilités du cercle précédent.
Une explication s'impose.
Cercle 1 : Terrain et alimentation
Ce que l'on entend par terrain c'est à la fois le cheval en lui-même, son environnement et les signes présentés.
Pour le cheval en lui-même, on se préoccupe de ces antécédents personnels, autrement dit son histoire, aussi bien sa génétique (les parents), ses caractéristiques (sexe, âge, race, poids, taille, date des dernières chaleurs si c'est une jument) et sa vie (ses expériences, les compétitions auxquelles il a participé, ses changements d'alimentation, ses blessures, ses maladies et traitements...).
Outre les antécédents, il faut connaître son environnement : son mode de vie (box, pré, avec d'autres chevaux, prise de médicament...) et la région (climat, sol, plantes...).
Et enfin, les signes présentés, avec comme questions à poser : à quel moment précis (gestes depuis les deux minutes précédentes) et depuis combien de temps (à faire corréler avec des changements brusques) ?
L'alimentation est sans doute ce qui pêche le plus. La ration doit être systématiquement vérifiée (équilibre, quantité, production de poussière...), le lieu de stockage (humidité, chaleur pour des raisons de développement de bactéries ou de champignons).
L'eau est aussi un point très important et je ne parle pas seulement de quantité mais aussi de sa qualité et de l'acceptation par le cheval de l'eau qui lui est présentée. Il arrive que l'eau soit bonne mais que le cheval lui trouve un goût désagréable et refuse de la boire sauf lors d'une soif intense.
En conclusion, c'est un véritable tour du propriétaire qu'il faut effectuer. Il est d'ailleurs d'autant plus important que l'on connaît déjà les lieux. Il faut à ce moment-là essayer de tout regarder avec un œil neuf.
Cercle 2 : Pathologies, blessures et médicaments
Deuxième cercle à regarder, sans oublier les informations du premier, bien entendu.
Que l'on parle des pathologies connues ou d'éventuelles hypothèses. Il faut se replacer dans le contexte.
Les pathologies peuvent être d'origine endocrinienne, hématologique, métabolique, cancéreuse, infectieuse, allergique, hépatique, rénale...
Un compte-rendu des maladies est impossible ici. Les vétérinaires mettent des années à les apprendre, seules les plus courantes doivent être connues pour nous : emphysème, fourbure, surinfection de plaie...
Une pathologie comprend à la fois ses conséquences à court terme mais aussi à long terme et son traitement.
Les conséquences à long terme peuvent être importantes pour comprendre l'évolution (même comportementale) pouvant par la suite donner des complications avec maladie à la clé. Par exemple, certaines pathologies (parasites) ou blessures peuvent rendre un cheval aveugle ou borgne et donc induire des changements de comportement.
Le traitement d'une pathologie connue doit être pris en compte ainsi que toutes les précautions annexes liées à la maladie avec ces questions : ont-elles été respectées et en quoi cela a pu influencer le mode de vie du cheval ? Quels sont les effets des médicaments utilisés ?
Cercle 3 : Les toxiques
Les intoxications dans le monde équin sont peu courantes mais où regarder ?
Commençons par le commencement : l'alimentation (les oligo-éléments peuvent se révéler dangereux à trop fortes doses...), les produits domestiques (antigel, détergent, alcool à brûler...), naturels (glands, baies, plantes, champignons...), et les médicaments (qui ont pu être en contact avec l'animal).
Comme vous pouvez le constater, une fois que les données du premier cercle sont bien connues, le reste en découle.
Cercle 4 : Le comportement
Beaucoup passent tous les autres cercles sans s'en préoccuper vraiment et arrivent « triomphalement » à celui-ci. Il faut abandonner ce type de raisonnement et se dire qu'un comportement anormal est une tentative de communication du cheval. Les animaux ont peu de cas de mythomanie et ils n'ont pas lu « Le Malade Imaginaire » donc on peut supposer, sans trop se tromper, qu'ils expriment à leur manière un problème ou une amélioration.
Toute la difficulté est de bien interpréter le message d'où le passage obligé par les autres cercles. Mais n'ayez crainte, il n'a pas besoin d'un psychologue mais d'un technique rigoureux qui l'observe et se met à sa place, rien de plus !
Les troubles du comportement sont nombreux. Cela va de la simple anxiété liée à des modifications brusques (son habitat par exemple) à sa personnalité (caractère et expérience) en passant par la re-mémorisation d'un souvenir généralement mauvais.
Conclusion
Je vais terminer sur cette dernière note. Même dans le cas où finalement vous appelez le vétérinaire, cette réflexion n'aura pas été une perte de temps.
Toutes ces étapes vous serviront à récolter et à ordonner les informations et l'aideront pour l'établissement d'un diagnostic. Le travail d'un professionnel de santé est un travail de détective. Or si Sherlock Holmes ne trouve pas le premier indice qui le met sur la voie, il ne trouvera jamais le second aussi bon soit-il ! C'est vous qui allez lui donner ce premier indice par votre recherche.
Sans compter que l'appel sera alors une décision réfléchie et donc logique pour vous : il vous faut un spécialiste !
Vous devez être membre pour ajouter des commentaires. Devenez membre ou connectez-vous