Pétition (suite)

Tribune La pétition lancée par François Lévy – publiée dans notre précédente édition - enregistre un significatif mouvement d'adhésions et continue de provoquer intérêt et réactions. La dernière en date est celle de Jean Lefèvre, alias Jean des Ixes, l'éleveur des Ardennes, aussi habile à croiser ses poulinières qu'à manier la litote, la paronomase, la prosopopée, parfois la synecdoque. Jean des Ixes aime la discussion, la confrontation d'idées, l'échange. François Lévy lui a répondu, maniant lui aussi avec dextérité l'allégorie et la métaphore. Et un peu de poésie dans ce monde butal, c'est toujours bon à lire.Pour ce qui nous concerne :1. Nous ne publions pas les écrits « sous x » (excepté ceux de Jean des Ixes) donc anonymes.2. Nous proposons à François Lévy et à Jean des Ixes « d'arbitrer » au siège du journal Le Cheval, leur confrontation « tour du propriétaire » et nous y invitons très volontiers tout éleveur intéressé.

« lettre ouverte » à mon ami François Levy après « sa proposition de référendum »

Cher François,
Oui !... bien sûr ! mon Cher François, nous nous sommes tous deux rencontrés... le week-end du 11 novembre dernier !... Et non pas , sur le « Parvis de l'Elysée »... mais dans les allées du « Grand marché » !! ...
Alzeimer naissant... ou pas, je tenais encore à me persuader de cet endroit, car, s'il existe une similitude de prénom... les 13 déclamations que, d'affilée et sans répit... pour « réorganiser la filière »... tu nous assènes... ressemblent à s'y méprendre, tout au moins par la manière... à celles desquelles, il y a quelques mois, on a tant parlé !!!...
Sans entrer dans le détail, « mon Cher Président », et avant de signer cette pétition... j'aimerais rapidement qu'on en fasse tous deux « le tour »... celui « du propriétaire » !

1 - Certes « François 1er » lui-même et déjà... (donc ton précurseur) avait lui aussi fait de Fontainebleau son lieu de prédilection !
Sur ce chapitre aussi... je te rejoindrai ! En effet, Saint Lô n'est plus à ce jour la « Capitale centrale » toute désignée... de l'Equidé ! ... car les lieux de production de l'élevage ont évolué. Doit-on réécrire l'Histoire ou refaire une guerre de cent ans ?...

2 - En revanche... je te signale, mon Cher François, ... que pour une vente, sur ce site là, comme tu l'imagines et la décris :
a) Il n'y a pas de manège
b) s'il est simpliste de rassembler ... plein de chevaux, il est extrêmement plus difficile de faire venir des acheteurs ! A fortiori... s'ils accourent du Holstein... de Colombie... de Floride... ou de Californie !
Continuons plutôt d'admirer et de plébisciter, ceux qui ont fait la preuve de leur « savoir-faire » ! Des exemples récents de certaines ventes ont été de véritables « fiasco »... dont la « crise » n'est pas la seule responsable !!! Ne suffisent-elles pas à convaincre ?

3 - Je ne pense pas non plus, qu'il soit nécessaire de faire un tel distinguo entre les éleveurs amateurs et les éleveurs professionnels !
Que l'on dégraisse le Mamouth ici et là !... « OK ! » Mais de grâce : « ne tuons pas la poule aux œufs d'or ! »

4 - Faut-il également créer des syndicats nouveaux, fussent-ils professionnels ?... On crève déjà en France d'un lourd système administratif et d'un certain « gigognisme » des structures imbriquées les unes dans les autres ou se superposant !

5 - Certes, on doit diminuer nos coûts et abolir le systématique « punctio-praetexus » ! Par contre sans fouiller plus loin dans l'escarcelle de tes « bonnes intentions » ou propositions et avant d'en discuter en détail autour d'une « table ronde » (les quatre ans, les approbations, le testage, la SHF, la TVA !... etc...) j'aurais aimé que tu évoques mon Cher François, d'autres urgences ! ...
6 - L'urgence de profiter de cette indiscutable crise pour accroître de façon drastique pour notre sélection : la logique ! l'urgence de définir enfin un véritable et nouveau « standard de race ».
Et ce : non plus en se gargarisant avec nos « gloires anciennes » et non plus en « cocoricotant » ou en pleurnichant... mais en prenant honnêtement et à bras-le-corps, conscience de ce qui aujourd'hui et dans le monde « gagne », de ce qui « fait rêver » et de ce qui « se vend » !...(les Top price du dernier marché sont à nouveau révélateurs !)
L'Imprécis... le flou doivent-ils encore longtemps à ce point régner et persister dans nos « objectifs selectifs » ?? (pour les éleveurs et pour les juges)
Pour preuve et lors des Journées de Saint Lô, en octobre dernier... un « étranger » qui examinait le Champion et le Second du Rappel des « deux ans » m'a très judicieusement demandé : « mais lequel des deux est alors le selle français ? » !!! Il avait tellement raison que j'ai fait semblant de ne pas avoir compris ou entendu !

Malgré... les divergences de nos priorités et nos points de vue, mon Cher François... je serais désolé si je t'avais fait un tout petit peu de peine !
Sache plutôt que pour moi tu restes indiscutablement de toutes façons et « contre vents et marées normandes » ... un vrai « bon poulain » volontaire avec « du sang », de la « race », un de ceux dont on a encore bien besoin !!!
Avec mon amitié la plus sincère... et toute mon affection.

Jean des ixes

François Lévy « L'écoute des humbles »
Cher Jean,
Qui mieux qu'Euripide, pourrait te répondre !
« Eloigne ton coeur des hommes qui se croient supérieurs en sagesse.
Ce que la foule la plus simple croit et pratique, accepte-le...
Oh, bienheureux, l'élu des dieux qui connaît les saints mystères,
Qui fait entrer son âme dans le cortège
Et sur la montagne accède au délire.
Brandissant le thyrse et couronné de lierre,
Il sert Dyonisos....
Ah ! qu'il est doux sur les collines de bondir et de retomber sur le sol,
De revêtir la dépouille des biches et de goûter la joie de la chair crue.
Bacchus en tête du cortège crie : Evohé !
Et la terre ruisselle de lait, ruisselle de vin,
Ruisselle du nectar des abeilles...
J'offrirai ma gorge au vent qui fraichit la rosée,
Pareille au faon qui s'ébat dans la joie verte de la prairie.
Il aime, loin des hommes, courir sur la berge solitaire de la rivière,
Il aime goûter les pousses neuves des taillis de la forêt »

Pour être plus prosaïque, mets-toi à l'écoute des humbles, des sans-grades, qui n'ont pour suggérer des changements que le bruit du vent et celui des cornemuses dont tu te fais l'écho.
Tu me proposes qu'on fasse tous les deux « le tour du ou des propriétaires avant de signer cette pétition ». Je me réjouis à l'avance de cette confrontation. Ton expérience et ton intelligence me seront précieuses pour affiner ma réflexion.
Aider les éleveurs à vendre mieux et plus, réduire les charges qui pèsent sur les éleveurs, rétablir la prime au naisseur. Voilà notre credo. C'est le sens des propositions de la pétition. Nous en discuterons.
Que la forme peu consensuelle d'une pétition puisse troubler ton coeur d'homme de consensus et d'honneur, c'est bien compréhensible. La tête de la filière étant totalement déconnectée de la base, malgré les nombreux appels à la modernisation de la filière, il m'est apparu que c'était, hélas, la forme qui convenait.
Je t'appelle rapidement pour convenir d'un rendez-vous. Entre Dyonisos et Bacchus la discussion sera vive et amicale et qui sait peut-être jaillira la lumière !
A bientôt.
Fidèle amitié.

21/11/2012