Philippe Lemaistre : « Cette affaire-là regarde toute la filière »
Alors que le personnel se prononce contre le démantèlement des Haras nationaux, le comité de pilotage du GIP n’est pas au bout de ses peines.
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Si parmi les éleveurs, la très grande majorité regrette la mutation opérée par la plus vieille des institutions françaises, ils sont très nombreux à ne pas bien comprendre le fonctionnement de ce qui a été envisagé.
Pour Philippe Lemaistre, président des éleveurs du Centre Val de Loire et du Conseil équin de cette région, par ailleurs rompu aux arcanes de la gestion industrielle, « le GIP ne peut pas être que le dépositaire des seuls secteurs en pertes structurelles des Haras nationaux avec comme message complémentaire que l’Etat se désengage progressivement et recherche à passer la main à d’autres partenaires plus généreux. Le temps presse pour formuler un projet mobilisateur car faute d’organisation et de remise en route de cette maison avec un vigoureux leadership, France Haras va cette année encore perdre de substantielles parts de marché auprès de ceux de ses clients qui ne lui généraient pas de pertes, principalement le secteur sport et course. Cette affaire-là regarde toute la filière cheval et il me semble indispensable que les Conseils des chevaux, interfaces naturelles avec les collectivités, y soient impliqués. Il faut regarder comment un fonds d’élevage pourrait abonder certaines dispositions du GIP et comment va pouvoir se maintenir une offre intéressante d’étalonnage, cœur de métier de France Haras,  considérant que la population des étalons va vieillir. En effet, hors cas particuliers, l’Etat excluera très certainement une politique d’achat d’étalons. Cette offre génétique est une préoccupation essentielle et prioritaire pour nos Associations Nationales de Races, elles doivent être en première ligne dans la réflexion, ce sont les partenaires désignés pour en parler. De nouvelles formules restent à inventer, stratégie de location d’étalons en particulier.
Le transport de doses est un acquis de France Haras. Il est à repenser collectivement dans un esprit de service à l’ensemble de la filière - propriétaires d’étalons, associations d’éleveurs - de façon à ce que davantage d’ éleveurs aient accès au meilleur de la génétique. Cette offre génétique est une préoccupation essentielle et prioritaire pour nos associations nationales de race. Elles doivent être en première ligne dans la réflexion, ce sont les partenaires désignés pour en parler. En effet, une association nationale de race, c’est le regroupement d’éleveurs qui partagent un même projet stratégique sur une génétique définie en commun. De nouvelles formules restent à inventer, stratégie de location d’étalons en particulier. On doit pouvoir trouver un consensus et un partenariat ouvert avec l’ensemble des étalonniers intéressés au même titre que France Haras pour la diffusion de leur semence.
Repenser cette activité comme une filiale avec ses comptes propres, avec un strict souci d’efficacité et d’économie. Activité saisonnière à faire fonctionner avec beaucoup de réactivité,  très peu de frais généraux, avec des saisonniers et sans immobiliser ni  flotte de véhicules, ni encadrement important. C’est lui donner toutes ses chances à ce service et à son développement.
D’une façon générale bien sûr le problème de France Haras n’est pas simple. Mais ce n’est pas nécessairement le naufrage que certains prédisent. Il faut garder l’espoir. Nous devrons connaître les centres techniques qui sont rentables, ceux qui peuvent le devenir et comment, et ceux qui ne le peuvent pas. Avec ces données économiques indispensables à toute réflexion sérieuse il faudra rapidement faire des choix et développer dans chaque cas une stratégie locale de reprise et le dire, au plus près du terrain, avec l’aide des associations régionales et des conseils des chevaux qui auront leur mot à dire. Pour mettre tout cela en œuvre et se projeter sur l’avenir, les décideurs auront besoin d’un bilan analytique. Les HN l’ont-ils, dans quels délais sera-t-il disponible ? Cette réforme n’a pas été très anticipée mais il est inutile de dire qu’elle aurait dû être engagée il y a dix ans, avec du temps et de l’argent. Nous n’avons probablement plus ni l’un ni l’autre.
Il va falloir maintenant aller très vite et parler clair. »
* * *
Pour l’heure, les races dites menacées ou « économiquement immatures » sont dans le giron de l’IFCE. La politique de soutien à l’Anglo-Arabe, qui en fait partie, suscite quelques remous, notamment de la part de l’ANSF qui souhaite que les Anglo soient intégrés au GIP. Un souhait diversement apprécié, voire combattu, lorsqu’on sait que l’ANSF demande à l’Etat d’injecter l’essentiel de ses financements pour soutenir dans sa mutation le stud-book (le sien) qui a objectivement les meilleures chances de devenir un pôle d’Excellence.
J’avais demandé à Philippe Lemaistre qui est aussi secrétaire général de l’ANSF, quel était son point de vue sur les aides aux races menacées et notamment les Anglo. Il a préféré ne pas répondre tout de suite, « préférant attendre que l’ensemble du panorama se soit éclairci ».
Propos recueillis par E. R.
Pour Philippe Lemaistre, président des éleveurs du Centre Val de Loire et du Conseil équin de cette région, par ailleurs rompu aux arcanes de la gestion industrielle, « le GIP ne peut pas être que le dépositaire des seuls secteurs en pertes structurelles des Haras nationaux avec comme message complémentaire que l’Etat se désengage progressivement et recherche à passer la main à d’autres partenaires plus généreux. Le temps presse pour formuler un projet mobilisateur car faute d’organisation et de remise en route de cette maison avec un vigoureux leadership, France Haras va cette année encore perdre de substantielles parts de marché auprès de ceux de ses clients qui ne lui généraient pas de pertes, principalement le secteur sport et course. Cette affaire-là regarde toute la filière cheval et il me semble indispensable que les Conseils des chevaux, interfaces naturelles avec les collectivités, y soient impliqués. Il faut regarder comment un fonds d’élevage pourrait abonder certaines dispositions du GIP et comment va pouvoir se maintenir une offre intéressante d’étalonnage, cœur de métier de France Haras,  considérant que la population des étalons va vieillir. En effet, hors cas particuliers, l’Etat excluera très certainement une politique d’achat d’étalons. Cette offre génétique est une préoccupation essentielle et prioritaire pour nos Associations Nationales de Races, elles doivent être en première ligne dans la réflexion, ce sont les partenaires désignés pour en parler. De nouvelles formules restent à inventer, stratégie de location d’étalons en particulier.
Le transport de doses est un acquis de France Haras. Il est à repenser collectivement dans un esprit de service à l’ensemble de la filière - propriétaires d’étalons, associations d’éleveurs - de façon à ce que davantage d’ éleveurs aient accès au meilleur de la génétique. Cette offre génétique est une préoccupation essentielle et prioritaire pour nos associations nationales de race. Elles doivent être en première ligne dans la réflexion, ce sont les partenaires désignés pour en parler. En effet, une association nationale de race, c’est le regroupement d’éleveurs qui partagent un même projet stratégique sur une génétique définie en commun. De nouvelles formules restent à inventer, stratégie de location d’étalons en particulier. On doit pouvoir trouver un consensus et un partenariat ouvert avec l’ensemble des étalonniers intéressés au même titre que France Haras pour la diffusion de leur semence.
Repenser cette activité comme une filiale avec ses comptes propres, avec un strict souci d’efficacité et d’économie. Activité saisonnière à faire fonctionner avec beaucoup de réactivité,  très peu de frais généraux, avec des saisonniers et sans immobiliser ni  flotte de véhicules, ni encadrement important. C’est lui donner toutes ses chances à ce service et à son développement.
D’une façon générale bien sûr le problème de France Haras n’est pas simple. Mais ce n’est pas nécessairement le naufrage que certains prédisent. Il faut garder l’espoir. Nous devrons connaître les centres techniques qui sont rentables, ceux qui peuvent le devenir et comment, et ceux qui ne le peuvent pas. Avec ces données économiques indispensables à toute réflexion sérieuse il faudra rapidement faire des choix et développer dans chaque cas une stratégie locale de reprise et le dire, au plus près du terrain, avec l’aide des associations régionales et des conseils des chevaux qui auront leur mot à dire. Pour mettre tout cela en œuvre et se projeter sur l’avenir, les décideurs auront besoin d’un bilan analytique. Les HN l’ont-ils, dans quels délais sera-t-il disponible ? Cette réforme n’a pas été très anticipée mais il est inutile de dire qu’elle aurait dû être engagée il y a dix ans, avec du temps et de l’argent. Nous n’avons probablement plus ni l’un ni l’autre.
Il va falloir maintenant aller très vite et parler clair. »
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Pour l’heure, les races dites menacées ou « économiquement immatures » sont dans le giron de l’IFCE. La politique de soutien à l’Anglo-Arabe, qui en fait partie, suscite quelques remous, notamment de la part de l’ANSF qui souhaite que les Anglo soient intégrés au GIP. Un souhait diversement apprécié, voire combattu, lorsqu’on sait que l’ANSF demande à l’Etat d’injecter l’essentiel de ses financements pour soutenir dans sa mutation le stud-book (le sien) qui a objectivement les meilleures chances de devenir un pôle d’Excellence.
J’avais demandé à Philippe Lemaistre qui est aussi secrétaire général de l’ANSF, quel était son point de vue sur les aides aux races menacées et notamment les Anglo. Il a préféré ne pas répondre tout de suite, « préférant attendre que l’ensemble du panorama se soit éclairci ».
Propos recueillis par E. R.
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