Pôle hippique de Lorraine : questions, réponse et mise en garde
Lettre du Collectif Rosières 2018
« Monsieur le Président,
Nous faisons suite à l’article paru dans le magazine Le Cheval le 19 octobre dernier concernant le projet sur le site du Haras National de Rosières-aux-Salines et nous souhaitons vous fairepart de notre indignation.
Depuis plus de deux ans maintenant, la Région Grand Est conjointement avec le Département de Meurthe-et-Moselle, propriétaire du site, a engagé une réflexion avec les occupants actuels du site sur l’évolution de son modèle économique et organisationnel en prévision d’une reprise du site par la Région Grand Est.
Outre sa qualité patrimoniale exceptionnelle le Haras de Rosières-aux-Salines est un site privilégié pour la valorisation de l’élevage et pour la pratique sportive. Il était question de poursuivre son développement en accompagnant la filière équine afin d’en faire un site d’excellence dans le même esprit que le Haras de Saint-Lô, à la fois pour répondre aux demandes légitimes des acteurs de la filière équine et pour concourir davantage à l’attractivité du territoire et à son développement économique.
Le Conseil Départemental était particulièrement attentif à ce que le site continue d’être un lieu d’ouverture sur son territoire et contribue au rayonnement régional, national et international de la filière équine, en partenariat avec tous les acteurs. La région Grand Est exigeait que le plan de développement n’exclue aucun des acteurs de la filière cheval.
Or à ce jour aucun acteur de la filière équine (organisateur de concours, cavalier professionnel,expert fédéral, officiel de compétitions, gérant de club équestre ou d’entreprise connexe,agriculteurs-éleveurs etc..) autre que les acteurs historiquement présents sur le site n’a été invité à participer aux discussions ni même consulté dans le cadre d’une ouverture vers des partenaires et/ou investisseurs. Plusieurs tentatives, approches ou prise de contact, sont restées vaines.
Nous apprenons donc aujourd’hui qu’un GIE s’est constitué et qu’un partenaire privé fait son entrée dans ce groupement sans qu’aucune consultation n’ait été lancée préalablement. Nous sommes en droit de nous interroger sur le bien-fondé d’une telle décision.
La Région Grand Est semble prête à prendre à sa charge un programme d’investissements ambitieux et nécessaire pour poursuivre la mission engagée en 2008 par le Département (investissement de plus de 3 millions d’euros pour en faire un site d’excellence). Ne faudraitil pas envisager une véritable dynamique de restructuration du site en recrutant un chargé de préfiguration qui serait en capacité de réunir tous les acteurs du territoire et l’ensemble des instances régionale et nationale afin de travailler de manière transparente et concertée avec l’ensemble des partenaires et ce dans l’intérêt du projet et du territoire, en prenant exemple sur le Château de Lunéville ?
Il apparaît indispensable de déterminer les besoins pour un développement dans la durée et un rayonnement économique, sportif et touristique à l’échelle régionale, nationale et internationale en s’appuyant sur une phase de concertations. Sur ces bases, le site pourra enfin chercher de vrais partenaires et investisseurs financiers autres que la puissance publique notamment dans le domaine touristique (offre de restauration et de logement).
Nous sollicitons une rencontre avec la personne de la Région Grand Est en charge de ce dossier afin de lui exposer des propositions sur une refonte globale de l’organisation du site.
Nous espérons que vous donnerez une suite favorable à notre requête (…) »
Signé « Le collectif pour le développement du site du Haras de Rosières aux Salines 2018 »
Contact : Jean-Philippe Chiarotto.
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La réponse de Philippe Mangin, vice-président de la région Grand Est
« J'accuse réception de votre courrier du 7/11 .
Je regrette qu'il ne mentionne pas les membres de ce que vous qualifiez de "collectif".
Je vous rappelle que la Région a conditionné son accord à la reprise du site de Rosières, à l'émergence d'une structure de gouvernance unifiée et ouverte à tous les acteurs représentatifs des filières équines .Â
Ainsi, le projet de constitution d'un GIE, fortement retardé par l'éventuelle entrée d'un opérateur privé qui n'a pas abouti, s'appuie sur une réelle volonté d'ouverture.
Il envisage de réunir l'Ifce, le syndicat des éleveurs Cheval GrandEst, le Comité Régional d'équitation du GrandEst, la coopérative des éleveurs de reproducteurs et une association à vocation de développement touristique.
Ce projet est en plus réalisé sous le regard et l'animation du Conseil du Cheval.
Je ne vois donc pas quels acteurs des filières équines auraient été écartés de la réflexion, en cours depuis plus de 2 ans...
Enfin si un ou plusieurs acteurs privés devaient être retenus pour contribuer à l'activité du site, ils seraient choisis dans le respect des procédures en vigueur, et conventionnés par le GIE.
Il n'est en aucun cas envisagé par la Région, de privilégier un éventuel monopole.
Au contraire, Rosières doit être animé par une volonté d'ouverture à tous les acteurs qui pourront contribuer à la meilleure promotion des filières équines du GrandEst.
La vocation touristique du site figure bien sûr dans notre projet. ( hébergement, restauration, événements,...). Mais vous conviendrez que nous devons nous donner un peu de temps pour finaliser son contenu et préciser les investissements nécessaires.Â
Le GIE évoluera ! Tant dans sa composition que dans le contenu de son projet.Â
Mais il est temps de se mettre au travail et d'engager une première étape .
C'est notre volonté.
Nous souhaitons bien sûr, que vous et d'autres acteurs professionnels, puissiez participer pleinement à l'émergence de ce pôle hippique de dimension régionale et au rayonnement que nous espérons au moins national.
Avec les services de la Région, je me tiens à votre disposition pour vous écouter et enrichir ce beau projet ».Â
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La mise en garde de Serge LecomteÂ
Courrier adressé aux présidents de CRE et de CDE
« Plusieurs d’entre vous nous ont fait part de leur souhait d’associer les Comités régionaux d’équitation à des degrés divers au développement de pôles équestres régionaux souvent issus de l’évolution de sites de l’IFCE. Si la présence d’un pôle équestre régional est de nature à structurer l’activité régionale et que la participation du CRE est séduisante de prime abord il convient d’approcher ce sujet de façon extrêmement prudente sur le plan économique et sur le principe lui-même. Les Comités régionaux d’équitation à travers notre Fédération font partie des rares structures collectives économiquement viables dans l’environnement équin régional. Il est donc bien naturel qu’ils soient approchés pour participer directement au financement ou garantir ces projets de pôles. Comme vous le savez le contexte économique de nos activités est complexe. Si la Fédération a pu maintenir son niveau d’intervention dans les projets de développement et dans le financement des Comités régionaux c’est grâce en particulier aux efforts de contraction des dépenses de fonctionnement accrus depuis 2012. Au-delà des réserves dont certains Comités pourraient disposer tout engagement financier des CRE dans ces projets de pôles aura pour premier effet d’obérer les ressources du Comité au détriment du développement de l’équitation sous toutes ses formes qui constitue sa mission première. Parallèlement tant par leur localisation que par la nature des activités qui pourraient être menées dans ces pôles équestres les Comités régionaux d’équitation doivent veiller à un développement harmonieux de la pratique sur leur territoire pour l’ensemble des adhérents. Cela signifie qu’il faut éviter de venir directement les concurrencer avec des structures financées par des ressources collectives dont les poney-clubs et centres équestres sont les premiers contributeurs. Avec les élus du Comité fédéral nous sommes très attentifs à la juste utilisation des fonds fédéraux et souhaitions de nouveau partager cette préoccupation avec vous ».
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