Pour des états généraux de la filière du cheval de sport
I – INTRODUCTION
 La filière « course » est bien organisée, elle est vivace et autonome, grâce au financement du PMU. Son organisation est cohérente et professionnelle.La filière « sport » est désorganisée. Entre sport et loisirs, le cœur des politiques balance. Chaque maillon de la filière est composé de professionnels et d’amateurs, dont les objectifs sont différents, voire opposés. Entre l’éleveur qui possède 30 poulinières et pour lequel l’élevage est la seule source de revenus et l’éleveur amateur qui a une poulinière, il n’y a pas les mêmes objectifs, ni les mêmes obligations. Ils sont tous, pourtant, membres des mêmes associations et dirigés par les mêmes instances et obéissent aux mêmes règles.
Le circuit commercial n’est pas organisé. Tout le monde élève, vend, achète, dresse, sans définition réelle des rôles, ce qui implique une pratique aléatoire aux différentes étapes de la filière.
 Une filière qui emploie plus de 70.000 personnes pour plus de 11 milliards d’euros de chiffre d’affaires mériterait un peu plus de considération de la part des pouvoirs publics.
 II – LES AVANTAGES DE LA FILIERE
 Commençons par le principal avantage de cette filière qui est son poids économique.
Eleveurs, centres hippiques, cavaliers professionnels et amateurs, vétérinaires, maréchaux-ferrants, dentistes… auxquels s’ajoutent les transporteurs, les selliers, les assureurs, les fabricants de matériel, manège, les selliers, les fabricants de granulés, complément minéraux, etc… Le poids économique de cette filière est considérable. Il faut ajouter tout ce que cette filière draine comme visiteurs, comme expertises en tout genre, visiteurs venus des quatre coins du monde.  La réglementation existante est aussi un atout pour cette filière qui bénéficie d’un support sérieux, tant au Ministère de l’Agriculture qu’au Ministère des Sports.
Cette filière crée des événements aux conséquences nationales et internationales indiscutables. Les Championnats du Monde de CCE au Lion d’Angers, les Championnats de France pour jeunes et vieux chevaux à Fontainebleau, les compétitions en CSO et CCE nationaux et internationaux. Tous ces événements drainent vers la France des centaines de milliers de visiteurs, à pied, à cheval, et en voiture, qui nourrissent ces événements par leurs participations et tous les frais ainsi induits.
La quantité de résultats obtenus, à tous les niveaux de la filière, en compétition, dans les concours de modèles et allures, dans les statistiques, computer-list, ventes aux enchères et différents championnats régionaux et nationaux, tous ces résultats créent un climat sain de concurrence, de jeu, où tout le monde participe avec passion.
 III – LES FAIBLESSES DE LA FILIERE
Cette filière, force économique, vit de la passion de ses membres ! Cette passion permet heureusement de survivre aux faiblesses reconnues de la filière.
Le commerce n’est pas organisé. Il n’existe aucune législation, aucun cadre juridique pour définir le commerce des chevaux. Tout le monde vend et achète des chevaux : éleveurs, cavaliers, enseignants, marchands, etc… Les prix des chevaux sont fixés au dernier moment pour réunir la divine conjonction du parcours parfait pour l’animal vendu et du client fortuné pour l’acheteur ! Aucun autre produit n’est commercialisé sans prix marqué dans l’univers du commerce.
La profession est structurée autour de centaines d’associations, mais il n’existe aucun syndicat professionnel, ni pour les cavaliers, ni pour les éleveurs. Pas de syndicat professionnel, donc pas de moyens de pression sur les pouvoirs publics pour défendre les intérêts des agents de la filière. Donc, pas d’interlocuteur pour des pouvoirs publics.
Dans ce magma d’associations, tout est mélangé. Les amateurs et les professionnels, les chevaux et les ânes. Les patrons de centres de profit que sont les clubs hippiques et les cavaliers en apprentissage, les enseignants et les marchands de chevaux. Cet enchevêtrement sans loi, sans logique, fait que les pratiquants de sports hippiques ne restent pas assez longtemps au sein de la filière pour pratiquer leur sport « passion ». Ils se découragent souvent devant tant d’obscurantisme et un tel niveau de dépenses.
Les éleveurs de chevaux de sport sont différenciés des autres agriculteurs et ne reçoivent ni aides publiques, ni aides des coopératives agricoles, ni soutien des régions sauf rares exceptions. Ce sont les parents pauvres du monde agricole.
Les cavaliers professionnels et amateurs pratiquent ce sport en puisant dans leurs économies. Cette pratique est coûteuse. Les aides publiques vont aux équipements, mais les cavaliers dépensent des fortunes pour pratiquer leur passion. Ils n’ont généralement pas les moyens suffisant pour une pratique sérieuse et rigoureuse.
 IV – LES COMPOSANTES DE LA FILIERE
Donc pas de syndicat professionnel, pas de stratégie nationale pour soutenir la filière si ce n’est la fédération, mais cette fédération se prend les pieds dans le tapis, car peut-on défendre deux intérêts contradictoires, à savoir celui des clubs et des enseignants d’un côté avec celui des cavaliers ? Intérêts trop souvent en opposition.
Les composantes de la filière, clubs, organismes chargés d’organiser les concours, fédération, ANSF, SHF, et plus généralement toutes les associations de la filière, tous ces organismes ou presque, financées par les pratiquants, les éleveurs, les cavaliers auxquels s’ajoute les subsides de l’état, vivent bien ou moins bien mais vivent. Leur fonds de commerce prospère à coup de cotisations, de licences, d’inscriptions, de location de boxes et bien sûr, à coup de subventions et pendant ce temps, les éleveurs et les cavaliers amateurs et professionnels, pressés comme des citrons, crèvent la bouche ouverte, avec passion, malgré l’indifférence des pouvoirs publics. Ce qui permet de perdurer c’est la passion, mais ils étouffent conscients et joyeux…. de pouvoir vivre leur passion, leur amour des chevaux, du sport hippique, de la compétition.
Toutes ces Présidents des composantes de la filière vivent comme des boutiquiers, gérant leur fonds de commerce, au mieux, et généralement bien, mais en ayant perdu de vue parfois l’intérêt commun.
 Pourquoi autant d’énergie, de savoir-faire, et d’intégrité, ne sont pas mieux utilisés ? C’est ce qui nous pousse à tenter de réfléchir pour tenter d’apporter un début de réponse. C’est ce que nous lirons un peu plus loin.
 V – LES PROFESSIONNELS DE LA FILIERE
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Associations de races, très actives, sollicitant pouvoirs publics et adhérents pour équilibrer leur boutique et apporter aux adhérents le meilleur service possible.
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Les marchands, très professionnels, maîtrisant parfaitement, en aval, un pool de clients, qu’ils cherchent à servir au mieux et en amont, traitant avec les éleveurs pour acheter avec discernement, les chevaux qui correspondent le mieux aux clients qu’ils connaissent parfaitement.
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La SHF, société savante, intègre et respectée, qui assure sa mission sur la base traditionnelle qui a fait la réputation de l’administration d’état. Peut-être un coup de balai pourrait dépoussiérer cette vénérable vieille maison qui ne tiens plus compte des réalités économiques et des réalités de la tradition equestre.
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La Fédération, toute puissante, riche et bien organisée qui gèrent ses adhérents, les clubs hippiques au mieux de leurs intérêts, hélas, souvent en opposition avec les intérêts de leurs clients éleveurs, cavaliers.
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L’UNIC, le machin par excellence, qui fait beaucoup de fumée, mais dont les agents de la filière n’ont toujours pas compris à quoi ça sert, malgré la quantité de brochures luxueuses, de voyages et de communiqués et de stands luxueux.
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Le GHN, le soi-disant syndicat, le seul d’ailleurs, mais qui, malheureusement, ne se comporte pas en syndicat, mais en patronage du 3ème âge, dont l’objet mal défini est, peut-être, de donner une occupation à ses membres dirigeants. Ce GHN pour justifier son statut organise maintenant des réunions commerciales au lieu de défendre les intérêts de ses membres
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La FIVAL, le hochet du Ministère de l’Agriculture, ni jouet, ni monument, simplement un fiasco coûteux et pitoyable à la gloire de ses initiateurs.
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Les Syndicats Départementaux et Régionaux dont les statuts et le comportement, lui-même, lié aux statuts et aux habitudes en font des associations de bons et gentils membres. On peut regretter que les intérêts vitaux et collectifs des éleveurs ne soient pas pris en compte par ces syndicats qui n’en sont pas… Ceci explique cela.
VI – LES AMATEURS DE LA FILIERE
Ce sont les valeureux, les sans grades les courageux et passionnés sportifs du dimanche. Ce sont aussi les éleveurs occasionnels et passionnés qui se jettent à corps perdus avec fougue dans la pratique de ce sport ou de ce métier d’éleveur.
Cette passion autorise l’environnement professionnel à fixer des règles, à créer une émulation qui les encourage tous à faire plus, à dépenser plus à se mettre en valeur. En un mot à se ruiner dans la joie et l’allégresse.
Ruinés par ces pratiques coûteuses sans gains de compétition sérieux, sans primes, sans aides, ils vivent jusqu’au bout de leur passion pour finir exténués, ruinés, mais heureux ! Quel paradoxe. C’est le principe de l’essoreuse. On tombe dedans et dès qu’on est éjecté par la force centrifuge, d’autres pigeons tombent dans la machine infernale qui tourne sur elle-même dans l’indifférence générale. On aime les chevaux disent les amateurs. Les amateurs sont de bons et vrais sportifs, les marchands les considèrent comme des clients, les organismes professionnels les considèrent comme des hommes du loisir et du divertissement !!! L’état finance les stades, les piscines, mais pour le sport hippique, il n’y a aucune aide, que des factures à payer sans contre partie.
VII – LES MARCHANDS PROFESSIONNELS
Certains d’entre eux sont membres d’une association la chambre syndicale, mais la majorité n’en fait pas partie. Aucune législation ne donne un cadre légal à cette profession qui fonctionne sous le régime du droit commun. Ce sont tous de grands professionnels, connaissant bien leurs clients et capables de servir les chevaux adaptés aux besoins de leurs clients. Malheureusement, ces marchands ne commercialisent qu’une partie infime des ventes de chevaux, l’essentiel du commerce étant pratiqué par les commerçants bénévoles.
La chambre syndicale qui regroupe les intérêts des marchands et des statuts « associatifs » et un comportement également associatif. Les revendications n’y sont pas à l’ordre du jour.
Certaines sociétés de ventes aux enchères, gérées par des professionnels, participent au commerce, mais surtout centrées sur les jeunes chevaux poulains de 1 à 3 ans.
VIII – LES MARCHANDS AMATEURS
 Ils sont légions. Directeurs de clubs, moniteurs de clubs, cavaliers professionnels, cavaliers amateurs… Ils achètent pour revendre ou font acheter, moyennant commissions ou sans commission, afin de satisfaire leurs clients de clubs par ailleurs. C’est souvent cette pratique du commerce qui leur permet de joindre les deux bouts.
IX – LES HARAS NATIONAUX
 Notre histoire commune ! Issus de Colbert, Bonaparte et Foch, toute l’histoire du sport hippique est liée à l’histoire des Haras Nationaux. Malheureusement, cette belle aventure se terminera, sauf à trouver une nouvelle voie de développement que nous imaginerons un peu plus loin.
 Les raisons de cette décadence sont multiples. Développement des étalonniers privés, création de nombreux, centres d’inséminations privés. Et surtout, absence totale de visions commerciales d’avenir pour cette noble institution, pourtant dotée d’une infrastructure superbe et de personnels ultra compétents. L’activité administrative du SIRE ainsi que quelques petites tâches administratives de puçages, de signalements et rendent cette institution indispensable, mais pour combien de temps ? Si rien n’est imaginé pour leur confier de nouveaux horizons.
X – LES ASSOCIATIONS DE RACES
Ces sociétés savantes, ni syndicats professionnels, ni groupements professionnels, se développent, financées par l’état et les cotisations imposées aux éleveurs et cavaliers, pour rentabiliser leurs boutiques. Les objectifs sont louables, mais souvent les moyens utilisés sont d’un autre âge ! La clé de voûte reste les concours de modèles et allures, ou des juges tentent de départager les chevaux candidats en accordant des notes dans le cadre d’une grille de saucissonnage, concoctée par des experts peu formés aux statistiques, mais passionnés par leur mission.
Dans chaque catégorie, du foal au poulain de 2 et 3 ans, ils notent les candidats du sabot aux oreilles, pour aboutir à un classement vénéré, d’où ressort le champion suprême. Les 0,01 point qui sépare ce champion du 2ème font évidemment oublier le 3ème, ainsi que les suivants qui pourtant, quelques années plus tard, s’avèrera souvent bien meilleur que le champion. Ce cinéma plaît. Aucune remise en cause du système actuel ne pointe à l’horizon, c’est vrai que nous sommes dans un pays qui adore les classements et ses champions.
XI - LA SHF
Cette ancienne société savante, pleine de générosité et d’abnégation remplie une mission difficile en organisant les compétitions pour jeunes chevaux. Malheureusement, son budget homéopathique ne lui permet d’attribuer qu’une dotation qui correspond à peine au tiers des coûts engendrés par son règlement. Ces participants du Cycle Libre et Classique doivent donc financer eux-mêmes la formation des jeunes chevaux. Une tradition un peu dépassée incite les dirigeants de cette noble institution à conserver une attitude conservatrice, parfois coûteuse et qui règlementent, mais pour quel objectif ? Les NEP et TDSO sont des formules d’un autre âge qui ne sanctionnent ni la valeur sportive du cheval, ni son niveau de dressage. Les coûts engendrés par ces contraintes pourraient être supprimés pour augmenter les dotations. Seuls 1, 2 ou plusieurs notes de manière à accorder à l’occasion des parcours pourraient utilement et économiquement remplacer tout cela. Une simplification pourrait aussi être imaginée de nature à réduire les coûts de participation pour les participants :
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pour les 4 ans : deux fois moins de parcours et une dotation double
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suppression de la finale nationale de Fontainebleau pour les 4 ans
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réduction aussi du nombre de parcours pour les 5 ans de façon à , là aussi, augmenter les dotations
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possibilité pour les 4 et 5 ans de faire un parcours sans gain supplémentaire pour permettre aux cavaliers de régler les éventuels problèmes rencontrés au cours des parcours
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organiser des parcours de formation avant les CIR
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avoir des CIR très sélectifs
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organiser une finale de Fontainebleau avec moins de chevaux et des parcours plus sautants pour mettre en valeur chevaux et cavaliers
Ainsi, Fontainebleau qui est, pour les jeunes chevaux, souvent asphyxiant et difficile serait pour chevaux, cavaliers et clients ! une fête organisée pour les meilleurs chevaux français.
Cette grande semaine de Fontainebleau, plus légère, plus gaie, plus commerciale,. Ce serait une fête à la gloire des chevaux Français.
XII – LA FEDERATION
Organisation riche, bien organisée et prenant parfaitement en compte les intérêts des clubs, pourrait être, comme par le passé, séparée en deux entités. L’une pour l’organisation, l’animation des clubs et l’autre pour l’enseignement.
Les proviseurs de lycées travaillent sous le contrôle des inspecteurs d’académie. Si les enseignants des clubs étaient contrôlés par un autre organisme que par eux-mêmes ! le niveau de l’enseignement pourrait s’améliorer. Pour le dressage des chevaux il semble que nous sommes en retard par rapport à d’autres Pays. Il faut peut-être trouver là la raison.
XIII – LES INVESTISSEMENTS TRANSVERSAUX
C’est le credo des politiques. L’investissement transversal permet aux politiques de couper un ruban sous le feu des journalistes favorise la construction de structures chères, souvent magnifiques, mais déconnectées de tout budget et de tout business plan. Pas de centre de profit à la tête duquel un gestionnaire responsable rend des comptes. Cela fait que ces structures sont peu utilisées, pas rentabilisées, et parfois peu entretenues. Les exemples sont nombreux. Tout cet argent public devrait être réorienté vers la base, cavaliers (gains) et éleveurs (primes) et c’est par eux sous forme de GIE ou autre que les investissements transversaux devraient être organisés.
Fixer des objectifs et des responsables avant de trouver des financements pour entreprendre des travaux. Actuellement, c’est exactement l’inverse qui se passe avec les dégats que nous constatons.
XIV – LE COUT DE LA FILIERE
Toute cette structure atomisée, régionale, départementale, nationale, tous ces « machins » UNIC, GHN, Haras Nationaux, Chambre Syndicale, Associations de races, SHF, Groupements et j’en oublie… et des meilleurs ont une structure, un bureau, une machine à café, une photocopieuse, un site internet, une revue, du personnel bénévole ou salarié qui consomme du temps, du train, du papier, de l’énergie au service de la collectivité, pour défendre des objectifs incertains généralement fixés par eux-mêmes.
Le coût des seuls Haras Nationaux, dont les recettes représentent une infime partie des frais de fonctionnement, est une manne de l’état dont profite en premier lieu… les fonctionnaire qui le composent.
Pour couronner le tout, des chargés de missions, des technocrates chargés par le Ministère de l’Agriculture de coordonner la filière. Ces grands technocrates, on ne les voit que dans stands, sablant le champagne, mais jamais sur le terrain pour voir ce qui s’y passe. C’est vrai que leurs interlocuteurs sont des présidents des « machins » qui les informent, mais à quel titre puisqu’ils ne représentent ni les cavaliers ni les éleveurs. Ces technocrates me font penser à Auguste Detoeuf qui disait qu’il y a trois façon de se ruiner dans les affaires : en un, les femmes c’est agréable, en deux le jeu, c’est amusant et en trois, embaucher un technocrate, c’est le plus rapide. L’utilisation du Fonds Eperon est édifiant, seuls les initiateurs ne s’en rendent pas compte.
XV – LES ENJEUX DE LA FILIERE
Maintenir le patrimoine génétique français, mis à mal depuis des lustres, le chant du cygne étant lorsqu’on a créé, hélas, un stud-book national fourre-tout disparate. Faire survivre le tissu agricole, chargé de perpétuer la tradition du cheval de sport dans toutes ses composantes d’enseignement, de matériels de professions annexes, faire vivre les merveilleux bâtiments qui appartiennent aux Haras Nationaux. Ces sites magnifiques sont souvent désertés par la filière du cheval de sport elle-même.
Voilà l’enjeu
XVI - LES SOLUTIONS
On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs d’une part et d’autre part, il faut savoir où on va et s’en donner les moyens. Pour faire simple, mais je conçois bien volontiers qu’il faudra approfondir cet objectif, il faut développer la filière en quantité et en qualité en lui permettant de vivre de son travail en mettant en place d’un côté des règles de fonctionnement basées sur la transparence et le professionnalisme et de l’autre, faire se regrouper sous deux entités distinctes, cavaliers et éleveurs, au sein de deux syndicats professionnels chargés de défendre leurs intérêts vitaux et qui serait, enfin, pour les pouvoirs publics, un interlocuteur avec qui parler. Ceux qui décident actuellement n’ont pas mis les fesses sur un cheval depuis trop longtemps, ils ont perdu le sens commun.Parallèlement à cet objectif de bon sens qui ne fait que copier ce qui existe dans les autres filières, il est nécessaire de séparer clairement l’élevage qui dépend du Ministère de l’Agriculture, les cavaliers qui dépendent du Ministère des Sports et le commerce qui dépend du Ministère du Commerce. Pour permettre cette mise en musique, on pourrait imaginer les solutions suivantes, sachant bien évidemment qu’il y en a d’autres :
1/ Les Haras Nationaux deviennent régionaux, les actionnaires en sont les éleveurs qui élisent les dirigeants de cette coopérative, GIE ou SA à définir.
La mission de ces haras régionaux est essentiellement commerciale et consiste à acheter la totalité de la production des éleveurs à trois ans à un prix bas, plus ou moins égal au prix de revient et elle verse un complément de prix à l’éleveur, le moment venu, qui représenterait un pourcentage entre le prix de vente obtenu et l’acompte déjà versé à l’éleveur. Pour vendre les chevaux, ce groupement que j’appellerai GIE pour la commodité du texte sera organisé comme le sont les grands marchands du Nord de l’Europe avec des cavaliers, des grooms, des commerciaux, un site internet sérieux et une activité commerciale classique.
Ainsi, les acheteurs de chevaux amateurs ou professionnels viendront dans ce GIE ou au lieu de courir les prés et les routes trouveront dans un même lieu un large choix des chevaux de la région. Economie d’echelle considérable qui permettra de baisser le prix des chevaux.
Bien évidemment, ces GIE seraient dirigés par de grands professionnels, comme le sont actuellement les principales coopératives composant le tissu agricole. Les petits chevaux pourraient être loués, ici ou là , par le GIE dans les clubs et seraient ainsi un réservoir à la disposition des clubs pour leur éviter de se charger financièrement.
Ce GIE serait très présent sur le circuit Cycle Libre et Cycle Classique et ferait, pour cette pratique, les économies d’échelle indispensables.
Ce GIE pourrait également regrouper pour les actionnaires, le service d’aide, d’achat et d’assistance pour permettre, là aussi, également de réaliser des économies pour l’achat des doses, du matériel et des équipements. Ces GIE organisés en groupements agricoles trouveraient facilement auprès des pouvoirs publics les financements nécessaires à leur exploitation.
La commercialisation des doses des étalons appartenant aux éleveurs pourrait également être centralisée au sein du GIE pour dynamiser la vente et surtout réduire les coûts de commercialisation.
Ces GIE avec AG, Conseil d’administration seraient sous le contrôle des éleveurs actionnaires du GIE. C’est comme cela que ça marche pour toutes les autres filières agricoles. Les éleveurs, déchargés du travail commercial, pourraient se consacrer à leur métier d’éleveur.
Les cavaliers, les marchands et les clubs trouveraient au GIE, en un seul lieu, sous la houlette de vrais professionnels, les chevaux dont ils ont besoin.
2/ L’organisation du commerce serait organisée dans le cadre d’une loi pour donner aux clients des garanties que seuls les professionnels de la filière seraient habiliter à donner. Une législation sur le commerce des chevaux de sport est à initier par les députés pour réserver aux seuls professionnels la possibilité d’accorder des garanties à l’occasion des transactions commerciales.
Il faudrait que tous les changements de propriétaires figurent sur le livret du cheval ainsi que toutes les visites d’achat réalisées à l’occasion d’une transaction.
Ces comptes-rendus de visites devraient être consultables par tous, moyennant un coût à définir. On voit trop souvent des chevaux passer un grand nombre de fois une visite vétérinaire dans l’attente d’un compte-rendu qui convienne !
Ces dispositions réduiraient un peu l’activité des vétérinaires, mais auraient, sur le plan économique, des conséquences importantes permettant de réduire les frais de transactions.
3/ Réorganisation de l’élevage
Il faut que le Ministère de l’Agriculture comprenne que les éleveurs ne produisent pas des chevaux de loisir, mais des chevaux de sport, des chevaux de travail.
Ramenées à l’hectare, les primes PAC et autres doivent être identiques pour les éleveurs de chevaux et les éleveurs de bovins par exemple. Les primes à l’herbe doivent être les mêmes pour tous. Pour permettre à l’élevage français de remonter son retard par rapport à l’élevage belge, hollandais ou allemand, il faut que l’économie réalisée par l’état, en ne soutenant plus les haras nationaux, se reconvertissent, au moins, provisoirement, en aides à l’élevage, via les primes PACE, les primes à l’herbe ou autres. La création des GIE sera aussi, pour les éleveurs, une considérable source d’économies de temps, donc d’argent. Aucun éleveur ne commercialisera plus ses produits directement, ce sont les intermédiaires, coopératives, groupements, qui feront ce travail de commercialisation. La liberté de vendre directement sera évidemment maintenue pour ceux qui le souhaitent.
La simplification des associations de races et de la SHF sera également une source d’économies très sérieuse pour les éleveurs.
Le regroupement des achats au sein des GIE permettra aussi des économies.
Enfin, la création d’un véritable syndicat professionnel regroupant les syndicats professionnels régionaux sera un interlocuteur pour l’état et une force capable de défendre les intérêts des éleveurs. Actuellement, les FIVAL, GHN ou autre ne représentent rien, ne défendent rien. On ne peut s’occuper en même temps des chevaux de sport, des pottiocks, des animaux de boucherie et des baudets du Poitou. Il faut un syndicat des éleveurs de chevaux et de poneys de sport professionnels et réservés aux seuls professionnels.
4/ Le sport
Pour enrayer la misère des amateurs et professionnels cavaliers, il faut que le maximum d’aides soit fait par l’état pour augmenter les dotations en compétition. Un cavalier doit pouvoir pratiquer son sport, soit en le subventionnant, ce qui est compliqué à organiser, soit en augmentant les gains en concours ce qui est juste et simple.
Ces gains permettraient d’alimenter toute la filière. Frais d’inscription, frais de locations de boxes, transport des chevaux, frais de coaching et frais du personnel d’écurie, cavaliers, grooms et palefreniers.
De meilleurs gains, c’est pour les cavaliers, la possibilité d’acheter les meilleurs chevaux, de mieux payer leurs salariés, d’améliorer leurs installations. Ce ne sont pas les investissements transversaux, dont le tissu professionnel de la filière a besoin, mais de moyens pour financer l’amélioration des structures existantes.
5/ Les flux financiers
Le Ministère de l’Agriculture financera uniquement les éleveurs qui s’organiseront entre eux pour définir leurs besoins au sein des GIE.
L’effort du Ministère des Sports, du PMU, sera fait uniquement au niveau des dotations en compétition.
Les « machins » seront financés par les éleveurs et les cavaliers par des cotisations volontaires.
L’état ne financera plus les « machins » mais financera la base, qui s’organisera en conséquence pour défendre ses intérêts.
Les GIE, véritables coopératives agricoles, gérés par des « patrons » formés dans l’industrie et le grand commerce, capables de proposer des objectifs, des budgets, des plans de financement, trouvera facilement auprès des organismes financiers les aides dont ils auront besoin. Le statut du personnel de l’état travaillant dans les Haras Nationaux devra être renégocié. S’ils refusent, il faudra les muter ailleurs et utiliser les structures des Haras Nationaux pour embaucher de nouvelles équipes, capables de fonctionner autour de nouveaux objectifs commerciaux des GIE.
XVII - CONCLUSION
Le principal handicap de ces propositions c’est leur simplicité ! On supprime des hectares de bureaux, des centaines de photocopieuses et de machines à café ! On ferme les machins regroupant des spectres trop larges. On rend aux haras devenus régionaux tout leur lustre :
En fait, tout revient à dire :
A/ LES ÉLEVEURS ÉLEVENT
B/ LES MARCHANDS VENDENT
C/ LES SPORTIFS PRATIQUENT LEUR SPORT
Fini l’enchevêtrement des genres. Fini le tout le monde achète, tout le monde vend. Fini les litiges à répétition.
Les aides publiques contribuent à financer la filière à la base et la base s’organise entre professionnels avec toutes les économies d’échelle, en MUTUALISANT les moyens pour le bien de toute la filière de sport. Il faut FEDERER autour de projets communs les agents de la filière. L’état simplifiant son rôle et les syndicats professionnels, interlocuteurs de l’état, chargés d’une seule voix de défendre les intérêts collectifs.
Je ne représente personne. J’ai discuté avec nombre de présidents de « machins » qui sont tous plein d’abnégation, de sérieux et de compétence, mais dont les objectifs ne sont pas expertisés. J’ai beaucoup discuté avec les éleveurs, les cavaliers, autour des terrains et je crois pouvoir dire que mon ressentiment est très voisin du leur. La solution que je propose a le mérite de répondre à un premier diagnostic. Que le diagnostic soit approfondi, que la solution soit imaginée, vérifiée et mise en musique, par les technocrates de l’état, pour le bien de tous. La filière est dynamique, il serait temps de faire les états généraux de la filière du cheval et du poney de sport, non pas avec les seuls technocrates et présidents de machins, mais dans un sens libéral avec les praticiens, cavaliers et éleveurs. Que Colbert me pardonne, que Peter Drucker m’entende et que les politiques prennent en charge ce dossier pour donner une ligne de conduite à leurs technocrates, experts en chevaux de sport, comme moi en physique quantique…
François LEVY
Le 9 décembre 2010
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