Pourquoi mon cheval se cabre-t-il alors qu’il est sous tranquillisant ?
Vous injectez le tranquillisant puis vous commencez l'opération, rassuré par le cheval montrant des signes de somnolence. On se demande parfois sur qui agit ce type de molécules ? Le soigneur ou le cheval ?
L'opération commence dans le calme.
Puis, en milieu d'opération, le cheval se cabre ou tente de vous envoyer un brusque coup de pied.
L'instant d'après, le cheval retrouve le même état de demi-sommeil. C'est si rapide que vous pouvez vous demander si vous n'avez pas rêvé tant le cheval paraît calme et dans les vapes.
Petit rappel sur ce type de molécule : c'est un neuroleptique. Son action est d'inhiber la transmission dopaminergique (ou pour les non-initiés, la transmission du signal par l'intermédiaire de la dopamine).
La douleur est un mécanisme complexe comme nous le montre le schéma.
Comme on peut le constater, la transmission du message de la douleur s'effectue sans l'aide de la dopamine. Les tranquillisants n'ont qu'un effet sédatif mais pas analgésique.
On peut comparer cela à la crampe au mollet du petit matin. Vous êtes dans un demi-sommeil et votre mollet vous tiraille. Vous vous étirez... puis c'est la crampe ! Vous vous redressez façon diable sortant de sa boîte tellement la douleur est forte.
Le muscle se relâche enfin et vous retombez aussi sec sur votre oreiller en grognant, replongeant dans votre demi-sommeil.
C'est exactement ce qui se passe !
Le cheval réagira peu, parce qu'il sera dans les choux, mais de façon brusque à la douleur. Il ressent la douleur et mémorise normalement. C'est un danger pour vous, qui serez faussement rassuré par l'utilisation du médicament et donc surpris par la réaction imprévisible du cheval. C'est un danger pour le cheval qui peut mal retomber, perdre l'équilibre...
En outre, l'utilisation du tranquillisant ne l'empêchera pas d'associer les soins à la douleur et donc de stresser encore plus la prochaine fois.
Ce cheval qui stresse à cause de très mauvais souvenirs, risque ultérieurement de se défendre malgré le tranquillisant et ceci même si votre opération du jour est non douloureuse.
En effet, un cheval stressé va produire de l'adrénaline et de la noradrénaline grâce aux glandes surrénales. Cette production d'hormones induit après un stress intense une réaction musculaire tout aussi intense.
Il faut cependant savoir que ces molécules ont un temps de résidence (demie-vie) courte, ce qui explique « l'explosion » du cheval et sa retombée en demi-sommeil. On peut dire que le stress va « dépasser » le tranquillisant sur un temps court mais intense.
La réaction de se cabrer est dangereuse chez le cheval. Le fait est que ces médicaments entraînent une hypotension brusque (particulièrement chez les chevaux de race lourde, les jeunes et les âgés). Lorsqu'il se cabre, le sang, de par la gravité, va descendre dans les jambes au détriment de la tête. Cette hypotension liée au médicament, plus celle liée à cette réaction, plus l'effet sédatif du tranquillisant entraîne un risque de perte d'équilibre et de malaise à l'apogée de son mouvement et donc un risque d'accident (mauvaise réception... ou il risque de retomber directement sur vous !).
On peut en conclure que ce sont des produits efficaces mais avec des limites individuelles (stress, animal ayant un caractère anxieux, souvenirs) et des limites liées à l'opération (douleur). Dans le cas d'une opération douloureuse, l'emploi de tranquillisant n'est pas indiqué contre la douleur. Par contre, dans une opération non douloureuse, le mieux est d'être deux : un pour l'opération et l'autre pour rassurer suffisamment le cheval pour garder le médicament efficace.
Cependant, le meilleur des licols est, et restera, la friandise !
François kaeffer
http://techniques-elevage.over-blog.com
L'amour des animaux, la connaissance en prime
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