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Pratique - Tracter deux chevaux : quel est le problème avec les voitures françaises ?

  • Les grosses berlines allemandes ont souvent la préférence
    Les grosses berlines allemandes ont souvent la préférence
Dans une filière de tous temps fière de son élevage et de ses productions made in France, les cavaliers et propriétaires roulent pourtant majoritairement dans des véhicules étrangers. Décryptage.





Si nos startups regorgent d’idées nouvelles et attirent la curiosité des consommateurs, les selliers tricolores ont la part belle sur tous les marchés sportifs. Le géant LIM Group bien sûr, mais encore Delgrange et l’emblématique Antarès affichent clairement une volonté d’excellence et d’expertise équestre à la Française. Pourquoi donc les cavaliers ne posent-ils pas tout aussi volontiers leurs fesses sur les sièges des véhicules de constructeurs bleu-blanc-rouge ?


Renault, Peugeot, Citroën et plus récemment DS automobiles fabriquent depuis longtemps des breaks et véhicules tout-terrain. Pourtant, ils sont encore peu représentés sur les parkings d’écuries et des centres équestres. Tout serait d’abord une question de poids tractable. Florence Willaume, distributrice des vans et petits camions Bockmann en France explique qu’un « van contenant deux chevaux de concours, pèse en moyenne 1900 kilos. » Seulement voilà, le seul véhicule français dont le poids tracté freiné autorisé est supérieur à cela est le dernier Renault Koleos, et ce « seulement dans les motorisations élevées. » (NDLR : 4x4 175 ch DIN minimum)


Là où le Volvo XC 60 hybride et l’Audi Q5 peuvent légalement tracter deux tonnes en versions quatre roues motrices, nos fiers DS7 Crossback et Peugeot 3008 plafonnent respectivement à 1 550 et 1 700 kilos, ce qui pourrait convenir pour deux poneys.


Selon une source bien informée, 1 000 amendes par jour seraient distribuées par nos autorités routières, pour sanctionner des rapports de poids non conformes. Dans ce cas, le choix d’un véhicule en règle pour tracter un van 2 places est primordial. Fanny, 20 ans, licenciée FFE dans le Nord témoigne : « Je viens de passer mon permis EB car mes parents n’ont plus le temps de m’accompagner en concours. Je dois faire un prêt pour investir dans une voiture mais je n’aurai que 5 000 à 6 000 € de budget. Je privilégie une vieille Volvo ou une marque allemande type Audi ou Mercedes, car je pense que les modèles de plus de 150 000 kilomètres sont encore fiables. » Fanny concentre ses recherches sur « une Audi A4 quattro (PTF 1 900 kgs) ou un Volvo V70 (PTF 2 000 kgs). »





Il suffit de se déplacer un peu sur les terrains de compétitions de tous niveaux, pour constater que les équitants sont nombreux à faire les mêmes choix que Fanny. Les véhicules étrangers occupent ainsi une large majorité des parts de marché.


Dans une filière équestre où tout est devenu une question de rapport qualité/prix, force est de constater que les propriétaires de chevaux trouvent plutôt leur compte chez les constructeurs allemands, asiatiques ou suédois, pourtant plus chers à l’achat et à l’entretien, quitte à polluer coupablement avec un vieux diesel, comme le fera certainement Fanny.





Ceci dit, la situation pourrait bien évoluer dans les années à venir, car nos constructeurs principaux semblent s’attaquer au secteur premium des breaks et SUV, à des tarifs beaucoup plus raisonnables que leurs concurrents étrangers. Sans rêver d’un changement de règlementation, Peugeot, Renault et DS Automobiles montrent par exemple des signes encourageants de développement de leurs gammes. Pour ceux qui peuvent penser à un achat neuf pour tracter leurs deux chevaux chéris, les derniers modèles devraient trouver écho chez les cavaliers, tant au niveau du design que des motorisations et des rapports de poids autorisés.


Ayant fini par céder aux codes des luxueuses voitures allemandes, les récents breaks Renault Talisman Estate et Peugeot 508 SW sont déjà autorisés à tracter jusqu’à 1 850 kilos. Ils restent pour autant loin d’égaler la gamme Cross Country (quatre roues motrices) du dernier V90 du constructeur Suédois, lequel affiche allègrement de 2 000 à 2 500 kgs de poids tracté freiné autorisé…





En prenant le volant, chacun doit être certain de ne pas voir son véhicule immobilisé sur le bas-côté en cas de contrôle. Décharger un cheval sur un bord de route est beaucoup trop risqué et peut-être traumatisant pour l’animal en question.


Maintenant à vos balances et à vos calculatrices : pour savoir si vos chevaux et votre van sont tractables par un nouveau break ou SUV français, la bonne vieille méthode est la meilleure solution : pesée pour tout le monde, sacs et malles de concours compris !





Détarer un van pour être en règle (sur le papier)





Florence Willaume informe ses acheteurs : « Trois de mes clients se sont fait verbaliser dans la Marne, sur le poids fictif de leur van Bockmann (PTAC), alors qu’au poids réel ils avaient tout calculé pour être dans les clous. Pour contrer cela, nous pouvons détarer nos vans au moment de l’immatriculation. (NDLR : Détarer = abaisser le PTAC du van sur la carte grise.) »


En plus d’une amende, sachez que les autorités peuvent immobiliser votre véhicule jusqu’à ce que votre poids total roulant réel repasse en deçà de ce qui est déterminé sur vos cartes grises. Chaque conducteur d’attelage est en droit de demander une pesée aux autorités de la route, et de ne pas signer une contravention basée sur un poids fictif.


Thomas Stempffer


18/07/2019

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