Qui s’interesse encore aux éleveurs ? Les éleveurs de chevaux de sport sont en plein désarroi !
La crise que nous redoutions depuis de nombreuses années, vient de s’abattre brutalement et violemment sur l’élevage français : baisse de la demande récurrente entrainant pour la saison de monte 2013 une forte baisse des juments mises à la saillie et la baisse des PMV (prix moyen de vente) qui s’accentue. En parallèle et paradoxalement dans une économie de marché, les importations françaises de chevaux étrangers s’accélèrent.
De ce constat sans appel, nous devons retenir que nos instances nationales n’ont pas anticipé cette crise, qu’elles n’y sont pas adaptées, que notre offre « marketing » ne répond plus à la demande et, que l’Etat, lorsqu’il rémunérait les éleveurs pour produire, pouvait prétendre à décider pour eux, doit aujourd’hui leur rendre leur liberté d’action dès lors qu’il n’entend plus considérer cette filière à égalité avec toutes les autres productions animales.
La récente nomination du trésorier de la FFE à la présidence de l’IFCE et du président du GHN (Syndicat des clubs hippiques) à son Conseil d’Administration, en sont une preuve évidente !
Mais à qui la faute ? Si ce n’est à nous-mêmes qui n’avons même pas été capables de proposer et d’imposer quelques candidats crédibles, bénéficiant du soutien de tous !
Peut-on accepter que le GHN, bras armé de la FFE en sa qualité de syndicat des centres équestres, entreprises commerciales sous contrat de « franchise fédérale », prétende sans scrupule, représenter l’élevage ?
Peut-on accepter cette obsession à vouloir opposer éleveur amateur et professionnel quand on sait que la moyenne des poulinières par élevage est inférieure à deux, et que l’on ne peut nier que ce sont les amateurs qui font vivre ceux qui se prétendent professionnels ?
Les éleveurs sont un tout, regroupant les mécènes que certains, avec condescendance, traitent d’amateurs et ceux qui, grâce à des aides de l’Etat ou des primes au naisseur dont ils seraient les seuls ayant droit, voudraient vivre du seul élevage de chevaux de sport.
Qui peut raisonablement croire qu’un syndicat, professionnel ou non, peut défendre équitablement des intérêts économiques aussi divergents que sont ceux des naisseurs, des cavaliers, des marchands ?
Cette « prétention » n’existe dans aucune filière, dans aucune profession, dans aucun marché !
Enfin, dans une lettre adressée par Serge Lecomte au Ministre Stéphane Le Foll dont nous venons seulement de prendre connaissance, l’imposture est flagrante lorsque le Président de la FFE écrit : « Si votre ministère souhaite soutenir l’élevage des chevaux de sport en France, c’est au niveau des organisateurs d’événements sportifs et des cavaliers de compétition équestres en particulier les compétitions internationales que son intervention sera efficace… ».
Le message est-il suffisamment clair pour que les éleveurs comprennent enfin vers qui ils doivent se tourner pour sauver ce qui reste de l’élevage français ?
La SHF ne peut assurer son avenir dans un repli sur elle-même au bon vouloir et bon plaisir de quelques-uns.
Tous les chevaux nés en France sont des chevaux français.
Tous les éleveurs produisant dans l’hexagone sont des éleveurs français.
Ce n’est pas d’avantage en sabordant la SHF au sein de la FFE, comme j’ai moi-même un court instant failli le croire, que l’on résoudra nos problèmes d’élevage, mais en se dotant, à la tête de la SHF d’un véritable leader à l’image de ce qu’est aujourd’hui Serge Lecomte pour les entreprises commerciales que sont les clubs. Serge Lecomte est au cheval ce qu’Alain Afflelou est à la lunette : un Président de « franchise » dont il fait payer aux franchisés les droits à l’image, la promotion de l’enseigne et perçoit de surcroit des dividendes sur le CA de ses franchisés. Il n’y a rien à redire là -dessus si les franchisés y trouvent leur compte, ce qui semble être le cas, car l’entreprise parait prospère.
A la démagogie et au monopole d’hier, ne substituons pas une autre démagogie qui consisterait à faire croire qu’un seul syndicat peut et doit représenter et défendre des intérêts divergents. Un autre monopole : SF, FFE ou Professionnel serait-il mieux à même d’améliorer la répartition de la valorisation du « Produit cheval » entre ses différents contributeurs ? Même les naïfs ne peuvent le croire.
En revanche, et si l’on veut attirer l’attention de Monsieur le Ministre de l’Agriculture sur les difficultés que nous rencontrons, il conviendrait en premier lieu de ne pas laisser les non éleveurs parler à notre place.
Ni Serge Lecomte, ni le GHN ne peuvent prétendre représenter l’élevage et encore moins le défendre.
Vous seriez, Monsieur Lecomte, le seul acheteur et pour longtemps, à vous préoccuper du prix de revient de vos fournisseurs.Vous n’êtes pas le seul à jouer sur la conccurence, l’importation ou les réformes de courses pour gérer au mieux vos entreprises !
Nous le subissons, soit ! Mais de là , à vous laisser dire que vous défendez l’élevage français, voilà un pas que nous ne sommes pas prêts de vous laisser franchir !
Nos relations, comme dans toutes les filières agricoles seront toujours tendues et lorsqu’elles deviendront conflictuelles, l’arbitrage du ministre de l’Agriculture sera inévitable.
Si les éleveurs ne veulent pas tomber sous le charme de tels marchands de rêves, ils doivent veiller à mieux choisir leurs élus en fonction de leurs propres attentes.
Si aujourd’hui tout le monde peut s’accorder sur le constat, reste maintenant à s’accorder sur les moyens…
Le Président de la Fenecso, Philippe Martin
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