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Radioscopie d’un échec

L'analyse que vient de faire Serge Lecomte après l'épisode calamiteux des JO de Londres a suscité une vive réaction de la part de Philippe de Guénin, patron de l'Ifce. Entre deux remises de médailles dimanche dernier, lors des championnats de France de CSO, nous avons repris le sujet avec le président de la FFE. Photo 1 sur 1

Si, pour le CSO, la déception est incommensurable, les raisons de l'échec sont, objectivement, peu évidentes. L'olympiade fut bonne, voire excellente. « Sur le papier, explique Serge Lecomte, on avait toutes les chances de décrocher une médaille. Les performances des cavaliers sélectionnés démontrent bien que ce n'est en aucun cas un problème de fond. La victoire de la France à Aix-la-Chapelle annonçait le meilleur pronostic possible. La récente victoire de Pénélope à Vienne confirme son niveau Â». Pour lui, ni les chevaux, ni les cavaliers ni les choix de l'entraîneur ne sont en cause. A propos d'Henk Nooren, sa position est claire : « Henk est un prestataire de services, il n'y a pas de raison pour que l'on ne continue pas d'utiliser ses qualités d'entraîneur chaque fois que nous en aurons besoin et chaque fois qu'un cavalier aura une demande particulière Â».

Les raisons de l'échec alors ?
« Sans doute un excès de modestie Â». Une élégante périphrase pour nommer ce que d'autres désignent par un manque de niaque...
C'est sur l'échec du Complet que Serge Lecomte est le plus lucide. « On savait que cela allait être difficile mais on n'imaginait pas que Nicolas Touzaint allait terminer 30e au dressage. S'il avait été dans la poignée de tête, il avait toutes les chances pour être sur un podium à l'arrivée. Nous attendions peu de l'équipe. Les couples émergents ne pouvaient être là. On sort d'une époque où l'on avait souvent des militaires ou des gens du Cadre Noir qui créaient le gros de l'équipe. Des gens qui avaient le temps pour préparer leurs chevaux pour les échéances internationales importantes. On avait les Haras nationaux qui achetaient des chevaux de sport à partir desquels on pouvait faire un vrai tri. Tout cela, on ne l'a plus. Il y a vraiment une réflexion à mener sur le Complet en particulier et un travail de cohérence à faire entre les moyens mis à disposition par l'Etat et les objectifs que l'on doit avoir Â».
La faute à la RGPP....
Philippe de Guénin s'interroge : de quel désengagement parle-t-on ?, écrit-il. Et de passer en revue les moyens matériels, humains et financiers mis par l'Ifce au service de la FFE. « Il n'y a pas de désengagement, conclut-il, mais au contraire un accroissement des investissements ces deux dernières années : ces efforts se sont portés sur l'achat de chevaux et l'entraînement des cavaliers susceptibles de participer aux prochaines échéances Â».

L'avenir ?
L'avenir immédiat pour Serge Lecomte, ce sont les prochaines élections à la FFE. « Evidemment que j'ai un projet. Chaque candidat défendra son projet. Je suis candidat à ma succession car j'ai des chantiers à terminer. J'aurai une équipe renouvelée, au moins pour moitié, avec des idées nouvelles et des compétences nouvelles Â».

Pour le haut niveau, êtes-vous sensibles aux propositions qui sont faites çà et là ?
« C'est une très bonne idée que d'avoir une personne qui s'occupe de la préparation de ces événements-là. Ce serait la tête de l'équipe. Quelqu'un qui aurait une vision spécifique sur la préparation des rendez-vous mondiaux. C'est cela que je définirai en novembre. Une chose est certaine, je ne choisirai pas de personnes sans un large consensus : cavaliers, propriétaires et staff technique qui les entoure. Mais c'est beaucoup trop tôt pour annoncer tout cela Â».

Ira-t-on vers un rapprochement Fédération-Elevage ?
« J'en discute avec Yves Chauvin et nous n'avons pas de profondes divergences d'opinion. Le problème que nous avons c'est de rassembler les capitaux nécessaires pour assurer et assumer nos projets. Trouvera-t-on une synergie pour pouvoir s'aider à se compléter, je le souhaite. Comme je souhaite que dans l'avenir SHF et Fédération ne forment qu'un seul organisme. C'est ce qu'on pourra faire de mieux pour la filière Â».

Un message pour l'avenir ?
« Maintenir un niveau technique d'excellence dans tous les grands rendez-vous et sublimer l'objectif JO-JEM Â».

La TVA ?
« C'est très mal parti. J'ai le sentiment que le gouvernement va céder et remettre une TVA à 19,6 % pour toute la filière. Le contexte économique fait que plus rien ne progresse, tant au niveau des clubs qu'au niveau des licences. La casse sera bien plus importante que dans l'automobile. Ce sont 6 000 emplois qui vont disparaître Â».

Etienne Robert

03/10/2012

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