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Rencontre - Gireg Le Coz : « Ma priorité c’est leur bien-être »

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Gireg Le Coz est né à Vannes en 1989. Avec des parents passionnés et des frères et sœurs aînés montant déjà à cheval, c’est spontanément qu’il met le pied à l’étrier. Très vite, il débute en Complet, discipline phare de son poney club. La compétition a vite attiré le cavalier breton qui a participé à de nombreux championnats, régionaux et nationaux, jusqu’à sa première médaille en 2000 avec son poney  Gavlod Ar Carno II. Après son baccalauréat, un seul métier le tente : cavalier professionnel. Il s’oriente donc vers l’Ecole Nationale d’Equitation au Cadre Noir de Saumur et entreprend le cycle de formation initiale. Repéré durant sa formation, il intègre le Pôle France où il sera parfaitement encadré et accompagné aux côtés de Logann de Rohis, une jument avec laquelle il courra ses premières Pro Elite et quelques 5*.  

Jean Teulère et l’Angleterre

Il part ensuite travailler chez Jean Teulère en tant que cavalier de jeunes chevaux et s’illustrera même en Dressage avec Espoir de la Mare. En 2013, Gireg quitte la France pour l’Angleterre, où il côtoie les grands noms de la discipline : Sam Griffiths, Christopher Burton et William Fox Pitt. Particulièrement bien entouré durant ces années de formation, il revient en France en 2015, avec un bon bagage, dans sa région natale où il coiffe deux casquettes : celles de coach et de cavalier. En août 2020, il s’installe au Lion d’Angers avant d’emménager à Feneu dans le Maine-et-Loire. Le bonheur est dans le pré

Depuis le 10 avril les chevaux ont pris leurs quartiers selon un mode de vie que beaucoup leur envient : l’écurie active. Un projet qui lui tenait particulièrement à cœur : « ma priorité c’est leur bien-être. Les chevaux de sport ne peuvent performer que s’ils ont avant tout une vie de cheval, et que nous respections leurs besoins fondamentaux : Friends, Forage et Freedom. C’est-à-dire une vie en groupe, avec foin/herbe à volonté et en mouvement H24 ». La réalisation de ce projet a pris du temps. « il fallait trouver l’endroit idéal, avec des terres et proche d’Angers ». La douzaine de chevaux que le cavalier monte cohabiteront donc sur une surface stabilisée de 3 000 m2 avec des râteliers, 400 m2 de dortoirs et 15 hectares de prairies. « En plus de convenir aux chevaux, ce mode de vie est beaucoup moins chronophage pour l’équipe au quotidien. C’est selon moi le système incontournable du sport équestre de demain. » Si Marie-Charlotte Fuss a été la première cavalière de haut niveau à convertir ses chevaux à ce mode de vie, Gireg est le premier cavalier 5* à le faire. « Certains cavaliers sont perplexes et craignent des blessures du fait de la vie en troupeau notamment. Tout ne s’est pas fait du jour au lendemain, il a fallu une longue phase d’adaptation pour les chevaux.  D’abord nous les avons habitués à vivre dehors au maximum puis nous avons mis en place une phase d’intégration pendant plusieurs semaines avec l’équipe Equibee. » Le cavalier a opté pour une ferrure en plastique aux postérieurs pour limiter tout risque. Aujourd’hui, bien  installé, il s’exprime, soulagé et fier : « l'installation en troupeau à Feneu est une réussite. Les mentalités évoluent et ce mode de vie est amené à se développer chez les cavaliers de haut niveau, j’en suis persuadé. » 

Ce mode de vie a été choisi par ces deux autres cavaliers de CCI. Les cavaliers de CSI s’en rapprochent aussi, tels Julien Epaillard et Eric Louradour qui font vivre leurs chevaux une bonne partie de l’année dehors en petit groupe.

Aux premières « Loge »

Aisprit de la Loge (Quppydam des Horts - Dollar du Murier) né chez Jean-Pierre Bendinelli, son cheval de tête aujourd’hui, est arrivé chez lui en 2015, à l’âge de 5 ans. Le beau Selle Français sera qualifié pour le Mondial du Lion grâce notamment à une 5e place au Championnat national réservé aux chevaux de 7 ans. En 2019, le couple brille au plus haut niveau : il remporte le CCI 4*-S de Jardy et s’offre la 3e place du 4*-L de Pratoni. Ils enchaînent les classements et sont réguliers en 2020 et 2021. En 2022 le cavalier et le staff fédéral font le choix d’engager le CCI 5*- L de Badminton où ils rentreront du test de fond avec seulement quelques secondes de retard. Ils répéteront d’ailleurs ce scénario en 2023. En fin de saison 2022, le Breton s’impose dans le CCI 4*-S de Lignières. L’année suivante le couple sera sélectionné pour les Championnats d’Europe. « J’étais d’autant plus ravi d’être sélectionné que l’année précédente j’étais déçu de ne pas avoir été pris pour les Jeux Mondiaux alors que le cheval allait bien. En 2023, il était également en grande forme pour l’échéance contrairement à moi qui m’étais blessé juste avant le stage de préparation des Europes.  Forcément le fait de ne pas être à 100% de mes capacités a un peu entâché le résultat mais nous finissons tout de même 15es. » 

Un rêve…

La saison 2024 démarre correctement pour les deux athlètes avec une belle 2e place dans la Pro Elite du Grand National de Pompadour. « J’espère qu’on va continuer sur cette belle lancée notamment au CCI 4*-S Marbach début mai, puis après nous irons à Vittel. Je rêve évidemment d’une sélection olympique mais c’est vrai que nous avons une forte équipe de France et que le nombre de place est très restreint. »  

Au-delà d’Aisprit, Gireg peut s’appuyer sur un bon piquet de chevaux, notamment Caramel d'Orchis (Snaike de Blondel) qui épaule le fils de Quppydam des Horts, 2e à Pompadour cette année dans la Pro 1. On citera aussi deux 8 ans, Que Cera (Quickly de Kreisker) et Gatcombe, un fils d’Aisprit de la Loge, qui se classent respectivement 1er et 3e du CCI 2*-L de Fontainebleau en fin de saison 2023, « ils devraient faire du 3* prochainement ». Il peut compter aussi sur trois chevaux de 7 ans qu’il affectionne particulièrement : « Ils ont été formidables à 5 et 6 ans et j’espère en emmener un au Mondial du Lion cette année. » En parallèle, il poursuit la formation de ses 4,5 et 6 ans.

Alice Bonnemains

19/04/2024

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