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Rio : CCE : l’Or olympique français ! Scénario d’une victoire

  • Photo FFE/PSV
    Photo FFE/PSV
  • L'équipe des vétérinaires
    L'équipe des vétérinaires
  • Mathieu Lemoine
    Mathieu Lemoine
  • Rencontre CSO/CCE
    Rencontre CSO/CCE
  • Thibaut Vallette
    Thibaut Vallette
  • Astier Nicolas
    Astier Nicolas
Ils l’ont fait ! Les quatre jeunes couples du complet, dont c’étaient les 1ers Jeux, Astier Nicolas/Piaf de B’Neville, Karim Laghouag/Entebbe de Hus, Mathieu Lemoine/Bart, Thibaut Valette/Qing du Briot, ont remporté la première médaille d’Or française de ces Jeux olympiques 2016 à Rio de Janeiro, et entrent dans l’Histoire. Cette médaille, la France l’attendait depuis 2004. Le drapeau français flotte haut depuis hier soir sur Rio !

L’Or conquis de haute lutte... Qualifiée à l'issue des Jeux équestres mondiaux de 2014, l’équipe tricolore est disqualifiée après la confirmation du dopage du cheval Qalao des Mers, monté par Maxime Livio. L'équipe regagne sa qualification à l'issue des Championnats d'Europe de concours complet, en septembre 2015. La short Liste est marquée par l’élimination de Sirocco du Gers – JO/JEM, monté par Thomas Carlile, pour cause d’inflammation d’un suros...

Le sort en est jeté. Vers 15 heures heure française, ce mardi 9 août 2016, les cavaliers de concours complet disputent la dernière épreuve : le saut d’obstacles. Rien n’est joué : parmi les nations en tête, beaucoup n’ont plus que 3 cavaliers, donc toutes leurs fautes compteront : c’est le cas de l’Australie et de la Nouvelle Zélande, en tête après le cross, mais aussi de l’Allemagne, des Pays-Bas, le Canada, l’Italie. Ont encore leurs quatre cavaliers : la France, le Royaume-Uni, la Suède et le Brésil.

 

La plus grosse difficulté, c’est le temps imparti. Lae parcours, constitué d’obstacles très simples, jouant sur des couleurs, soit acidulées, soit aux tons pastels, permet deux galopades, et se corse dans un triple rose et blanc très court débutant sur un gros oxer, d’une avant-dernière combinaison piégeuse, et d’un oxer final sur un bidet à l’eau exagérément bleue. La plupart des couples se feront piéger, même si les chevaux, pour la plupart, semblent avoir étonnamment bien récupéré du cross.

Karim Laghouag, neveu de Pierre Defrance, et le bel étalon noir Entebbe de Hus-JO/JEM, fils d’Embassy, s’élancent en ouvreurs. Le meilleur de l’équipe en CSO, sa performance en complet ne permet pas de retenir son score. Il joue donc pour donner des repères aux autres. Le cheval est fatigué, Karim va le porter, et termine dans les temps. Ce cavalier sensible a un sourire éclatant : « ça va doinner du moral à l’équipe ! Je pourrai les renseigner sur le temps, les contrats de foulée. Entebbe est fantastique, il m’a tout donné ! » Il finit ses Jeux sur une belle note, le poing levé en signe de victoire !

Les fautes s’enchaînent, les couples sont fatigués, et de plus en plus tendu au plus on se rapproche de cuex dont l’enjeu est capital. Le public brésilien, très fair-play, applaudit à tout rompre. La Britannique Kitty King est sans-faute avec Ceylor LAN, consolant quelque peu l’équipe qui a tout perdu, comme Sandra Auffarth, L’Allemande championne du Monde il y a deux ans à Caen, avec Opgun Louvo, le Selle Français le plus connu du monde international du complet.

Thibaut Vallette s’avance et la France frémit. Qing du Briot*ENE-HN-JO/JEM, Selle Français né chez Patrice Planchat (Eolien II), propriété de l'IFCE, semble frais, il tient le rythme que lui impose Thibaut, avec un parcours assez fluide qui donne confiance, et c’est un sans-faute magnifique. Le jeune cavalier de Saumur, deux fois médaillé de bronze en Europe, alors que c’était sa première sélection en équipe de France, reste modeste : « On savait le chrono serré, donc j’ai serré les courbes. Je suis arrivé à me concentrer, à rester dans ma bulle avec Qing qui a été très respectueux. Du bonheur ! Mais cela va se jouer au passage du dernier cavalier. » Il ne croyait pas si bien dire...

La France en Or ?

Premier coup de tonnerre : les deux favoris fautent gravement, et l’accès à l’Or ne semble soudain plus si improbable : la Néo-Zélandaise Jonelle Price, si exceptionnelle la veille sur le cross avec Faerie Dianimo faute deux fois, et l’Australien Stuart Tinney/ Pluto Mio, va commettre quatre fautes, et un peu de temps dépassé : 17 points. Soudain les téléphones sonnent, les médias généralistes semblent se réveiller...

Pippa Funnel la Britannique, avec son beau gris Billy the Biz va laver l’honneur britannique également, par un superbe sans-faute. Puis ce sera la grande Ingrid Klimke, alors que l’Allemagne est juste derrière nous, malgré Hale Bob qui tutoie beaucoup la barre.

La France tremble

Vient le tour de Mathieu Lemoine. Bart, le petit-fils de Grimaldi, est à la hauteur du super pilote qu’il est, mais, comme le dira Mathieu, est assez fatigué, moins tonique, et il s’effondre sur les deux derniers obstacles, comme tant d’autres. 8 points pour la France, qui repart en bronze, l’Allemagne passant devant nous...

Tour à tour les 3è cavaliers néo-zélandais et australien Clarke Johnstone/Balmoral Sensation et Sam Griffiths/Paulank Brockagh réalisent un sans-faute digne de leur expérience et de leur maîtrise. La France tremble. Le Britannique Fox Pitt, blessé en novembre à Pau, est revenu avec un Chilli Morning plus extraordinaire que jamais, et le couple donne une belle leçon de feeling, de souplesse et d’élégance. Chapeau bas aux trois Britanniques pour leur sortie de piste.

Le 4è cavalier

Tout le poids est sur Astier Nicolas et Piaf de B'Neville-JO/JEM. Il va affronter rien moins que deux ténors de la discipline. De quoi perdre ses moyens. Pas lui. On n’a jamais vu des scores d’équipe aux Jeux aussi proches les uns des autres : les quatre derniers cavaliers ont une seule barre d’écart. Mickaël Jung est le premier, et il ne laisse aucune échappatoire aux adversaires. Avec le poids de l’Allemagne sur les épaules, il réalisera un parcours fluide, un travail ciselé avec Sam FBW, son complice de toujours. Astier entre alors en scène. Difficile d’analyser, les Français sont tétanisés, mais Astier réalise l’impensable, être aussi bon que Jung, avec son crack normand Piaf.

Restent deux cavaliers. Et c’est là  que tout bascule : le Néo-Zélandais Mark Todd, 60 ans, aux 7è JO, qui n’a pas non plus le choix, va fauter quatre fois. Terrible scénario pour lui... L’Allemagne passe devant, la Nouvelle-Zélande perd le podium. L’Australien Christopher Burton est le dernier à fouler la piste de Deodoro. Avec Santano ll, il fautera deux fois, preuve s’il en est de la difficulté de cette discipline, de l’importance du mental, du poids de la pression.

Cette médaille prendra à jamais le visage d’ange d’Astier Nicolas, premiers Jeux Olympiques, lorsque, dernier à s’élancer, il sait qu’il n’a pas le choix : c’est le sans-faute ou la France perd tout ! Et il tient ! Ce jeune cavalier tient la dragée haute, avec Piaf de B’Neville, né dans la Manche, à trois Monstres Sacrés. Mickaël Jung l’Allemand et Sam, Mark Todd le vieux lion néozélandais, avec Léonidas, et l’Australien Christopher Burton/Santano II.

La France est en Or ! Les quatre As le seront jusqu’au bout de la nuit, entourés par les autres cavaliers, de dressage et de CSO, pressés par les journalistes, félicités, tandis que les chevaux se reposent dans leurs boxes sous le ciel brésilien.

Cela fait douze ans que l’on attendait cela Depuis les Jeux d’Athènes en 2004, où Arnaud Boiteau sur Expo du Moulin, Cédric Lyard sur Fine Merveille, Didier Courrèges sur Débat D'Estruval, Jean Teulère sur Espoir de la Mare et Nicolas Touzaint sur Galan de Sauvagère ont remporté l’Or olympique devant la Grande Bretagne et les Etats-Unis.

C. Robert

 

10/08/2016

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