Saint-Lô, morne plaine (par François Lévy)
TribuneTel le roi de Patagonie qui voulait récupérer ses territoires du bout du monde, le petit éleveur lambda, ahuri et pantois, voit défiler les millions de la République sous les chapiteaux somptueux des marchands de sable. Dans « les milieux autorisés », on s’autorise à penser pour le bien commun en s’autocongratulant autour d’une coupe de champagne.
Qui arrêtera cette gabegie qui ruine les éleveurs et désespère les bonnes volontés ?
L’Etat doit cesser d’alimenter ces officines déconnectées du réel. L’aide de l’Etat devrait être orientée uniquement et directement vers les éleveurs et les cavaliers. C’est aux éleveurs et aux cavaliers seuls de choisir qui peut et doit les représenter. C’est à eux seuls de financer, par le volontariat, des officines redevenues représentatives. Seul le syndicat des éleveurs professionnels est habilité à nous représenter. Ce sont les éleveurs qui doivent piloter les « machins » et pas le contraire.
Les patrons de ces intermédiaires, rendus puissants par la manne de l’Etat, ne sont pas légitimes; ils ne représentent plus les éleveurs, ils ne représentent qu’eux-mêmes. Ils gèrent leurs boutiques comme des centres de profit. Profit pour qui, pour quoi ? L’argent de l’Etat qui ne leur suffit pas, ils tondent aussi les éleveurs et les cavaliers qu’ils sont censés défendre.
Pourquoi ne sont-ils plus légitimes ? Que faut-il imaginer ?
1. L’ANSF et la SHF utilisent des méthodes de sélection archaïques et trop coûteuses. Il faut simplifier.
Pourquoi ne pas choisir les jeunes étalons en fin de 4 ans à l’occasion de la Grande Semaine de l’Elevage. Depuis tant d’années, on sélectionne de bons et aussi de mauvais étalons de 2 ou 3 ans, en passant à côté d’autres très bons qui sont découverts plus tard !
Sortir des sentiers battus et remplacer ce Saint-Lô trop coûteux par un Fontainebleau « new look ». Quelle économie d’argent et de temps. Commencer à utiliser de jeunes étalons de 5 ans, mieux identifiés et mieux connus, n’est-ce pas plus raisonnable ?
On peut aussi imaginer de permettre aux étalonniers pressés de proposer à la saillie leurs jeunes étalons de 2, 3 et 4 ans, sous leur seule responsabilité, mais avec une sanction couperet à intervenir à 5 ans devant les juges de l’ANSF.
Créer une grande vente internationale de chevaux mâles 3 ans SF, sous l’égide ANSF, en liaison avec les marchands. Chevaux présentés en liberté sur les barres sur une seule soirée.
Abroger ces notes de NEP, certes utiles pour la reproduction, mais inutiles pour le sport. Seules les notes de manière et de dressage à l’obstacle ont du sens.
Réduire le nombre de parcours exigés pour les 4 ans. Après le TDSO, enfin abandonné, les parcours de formation obligatoires devraient être optionnels. Et non obligatoires. Le nombre global de parcours est trop important pour les 4 et 5 ans.
2. Les « machins » nationaux et régionaux n’ont toujours pas fait la différence entre la défense des éleveurs et la défense du ou des studbook ou des races. Ce sont deux choses différentes, voire opposées. Chaque éleveur doit pouvoir choisir les chevaux des studbook qu’il désire sans qu’une discrimination ne les pénalise. Les associations régionales ne devraient défendre que les éleveurs et pas un studbook au détriment d’un autre.
3. Le studbook SF est notre bien commun, mais sa promotion, sa sélection et ses règles de fonctionnement devraient être corrigées. Halte au saucissonnage des notes qui aplatissent les résultats. Halte aux classements gaulois et priorité aux classement par groupe. Sortons du système « Reine d’un jour ».
4. Les gains SHF doivent être les mêmes pour tous les chevaux, quel que soit leur studbook de naissance. Il faut, par ailleurs, que les gains jeunes chevaux puissent permettre aux éleveurs de financer la formation de ces jeunes chevaux. Le circuit doit être mieux doté ou le règlement simplifié pour que la dotation permette de financer ce qui est rendu obligatoire par le règlement ?
5. Les « machins », après s’être lancés dans l’édition de publications aux objectifs peu discernables, deviennent maintenant marchands ! Avec les résultats faiblards observés, les « machins » ne devraient-ils pas plutôt travailler en étroite collaboration avec les marchands ? Chacun son métier.
6. N’organise pas des ventes aux enchères ou à l’amiable qui veut. Il faut des professionnels qui viennent avec des clients. Le désir d’aider les éleveurs est louable, mais les méthodes choisies sont inappropriées.
7. Les éleveurs professionnels ne sont pas différenciés des éleveurs amateurs. Les primes diverses et variées devraient être réservées aux éleveurs professionnels. Seul le syndicat au nom peu marketing de ANEPCP, présidé par Monsieur Largeron, défend sérieusement notre profession d’éleveur de chevaux de sport. Tous les éleveurs devraient adhérer à ce syndicat. L’ANEPCP est seul à nous défendre. Les « machins » nous ruinent et nous conduisent dans le mur, il est temps de se réveiller.
8. L’enfer est pavé de bonnes intentions. Les responsables des « machins » sont pleins de bonnes intentions, ils travaillent tous généreusement et sans compter, mais ils sont déconnectés de la réalité du terrain.
9. Les responsables du Ministère de l’Agriculture, impliqués dans la filière, doivent être mutés. Il faut fermer leurs bureaux, les envoyer à l’Ile du Diable et l’économie permettra de recréer l’indispensable prime au naisseur, qui est la seule sanction valable discriminante et motivante.
10. Créer une réglementation sur le commerce des chevaux pour que les acheteurs n’aient de garanties qu’auprès des seuls professionnels agréés.
En conclusion, bis repetita, tout a été dit depuis des lustres dans les paddocks, loin des « machins ». Il faut écouter les éleveurs et les cavaliers. Il faut simplifier, économiser, faire confiance à ceux qui travaillent au cul des chevaux et envoyer en vacances les apprentis sorciers donneurs de leçons.
Le studbook SF a sa place avec une ANSF allégée pour défendre et promouvoir le SF notre bien commun.
Des syndicats régionaux doivent se tourner vers la défense des éleveurs et des cavaliers. Qu’ils sortent de ce mélange des genres qui laisse le champ libre aux machines à tondre.
Les règles de sélection, évidemment indispensables, doivent être allégées et modernisées par une ANSF moins dispendieuses.
Les coûts pour inscrire les poulains et faire agréer les étalons doivent être rabotés.
Les primes des concours d’élevage doivent être vigoureusement revalorisées.
Place au professionnalisme, à la modestie, à la simplification et redonnons le pouvoir à la base, éleveurs et cavaliers.
Place à la concurrence entre les studbook sans aucune discrimination.
La maison « mémère » est une invention du diable, contre-nature. Le sport et les courses ce sont deux domaines très différenciés. Le mélange des genres donne la part belle aux pouvoirs publics.
L’ANSF doit être financée directement par les cotisations des éleveurs. Les aides de l’Etat doivent être versée aux éleveurs et aux cavaliers, via les primes d’élevage et les dotations CSO.
Il faut créer une législation sur le commerce des chevaux de sport.
Il faut maintenir la TVA basse car, contrairement à ce qui se dit, les chevaux comme les bovins finissent à l’abattoir ! Nous sommes des agriculteurs.
Le syndicat des cavaliers professionnels est à créer à moins que l’ACSOF accepte enfin de faire sa mue.
Le syndicat des éleveurs professionnels existe, il faut tous adhérer à l’ANEPCP ou que nos associations régionales se transforment en syndicats professionnels…
Régionalisons, simplifions et réagissons.
L’élevage de chevaux de sport c’est aussi de l’agriculture, le sport hippique c’est du sport et pas du loisir et vendre des chevaux c’est du commerce. Défendre les studbooks est une chose, défendre les éleveurs et les cavaliers en est une autre.
Vouloir tout mettre dans le même sac, celui de la maison mère est le fruit d’une pensée archaïque, obsolète même, avant d’exister. On est à l’heure de la décentralisation, pas des usines à gaz.
Pour finir un mot de Barenton Confiseur « Pour diriger il faut connaître les hommes. Pour connaître les hommes, il faut les écouter ».
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