Sandra Perini (élevage de la Violle) : et maintenant chef de centre
L’élevage de la Violle à Uxegney dans les Vosges, près d’Epinal, a conquis ses lettres de noblesse depuis belle lurette. Il y a vingt-cinq ans qu’ils ont entrepris de bâtir cet élevage. Au fil des années les choix se sont portés vers des juments triées sur le volet : de Sauge du Banney (Uriel) à Arielle, hanovrienne x Acord II, ancienne gloire des circuits 5*en passant par la souche du Château avec Koléa, ses filles et petites-filles, la pie Taquine Line qui a donné entres autres bons chevaux le bai Cheyenne de la Violle (Nabab de Rêve) double champion des 6 et 7 ans sous la selle de son co-propriétaire Eric Lelièvre puis le mâle bai pie Far West de la Violle (Orlando), le couple n’a jamais cessé d’entreprendre pour un meilleur confort dans les structures d’élevage et pour améliorer une génétique déjà très en pointe. Un cap a été passé lorsque Sandra a décidé de se former au métier d’inséminateur en plus de sa propre activité professionnelle. Car l’un comme l’autre, ils sont double-actifs. La formation s’est faite au haras du Pin il y a deux ans. Son diplôme en poche, elle met maintenant son savoir-faire en pratique à l’élevage. Un élevage qui compte une dizaine de poulinières nourries sur 40 hectares dont la moitié autour des écuries-manège-carrière-barre d’échographie-laboratoire.
En mouvement
« J’ai passé un BTA agricole option gestion d’une exploitation en 1999, explique Sandra, et nous nous sommes installés ici à Uxegney où je suis née, en 2002 sur un site d’une vingtaine d’hectares qui portait le nom de La Violle. Nous y avons tout construit. Habitation, stockage, première écurie de 16 boxes en 2003. Seconde écurie en 2010 de 11 boxes accolés à un manège (toiture photovoltaïque). En 2018 j’ai fait la formation d’inséminateur pour des raisons de confort pour nous et pour les juments : moins de perte de temps, moins de frais financiers et plaisir d’inséminer ses propres juments. Nous avons assez rapidement utilisé la technique du transfert d’embryons, à Montier-en-Der à l’époque, avec cinq transferts l’année des P pour Sauge et Iambe (souche Gerbe d’Or) sur des porteuses ardennaises. (NDLR : Pin Up de la Violle (Quatoubet du Rouet) deviendra vice-championne à son année de 6 ans sous la selle de Nicolas Houzelle).
Nouvelle évolution en 2017 avec l’achat de Arielle avec Pierre Kiffer et Quarmen de Toscane (Quidam-Laudanum), la propre sœur de l’olympique Rahotep de Toscane. Entre temps, très amoureuse des chevaux de couleurs, j’ai reçu en cadeau d’anniversaire, Taquine Line (Utah van Erpekom-Narcos) qui nous a donné six poulains dont Arapaho (Idéal de la Loge) vendu à Fences, Far West (Orlando) qui fait la monte chez Izia le Goff, sa nouvelle propriétaire en Normandie (50 juments servies cette année) et bien sûr Cheyenne. Sur les six, quatre sont bai-pie. Maintenant on tourne à une dizaine de naissances. Nous n’irons pas au-delà . Depuis trois ans, nous avons recours à l’ICSI chez Avantea avec Arielle, Quarmen et Roxanne, une fille de Koléa, vendue depuis à l’élevage Dorchival de Sébastien Fonck. Nous nous sommes lancés dans la vente d’embryons par les sociétés d’enchères de Fences Web, ET Auction, Zangersheid et Arquana. Tout cela est très compliqué à mettre en route et à suivre mais c’est une source de revenus non négligeables et l’occasion de belles rencontres comme celle faite avec un investisseur russe qui a acquis un embryon Emerald-Arielle et qui est venu chez nous en visite à l’élevage. Il nous a confié l’élevage du poulain et a l’intention de se servir de nos souches pour faire un élevage dans la banlieue de Moscou.
Umba de la Violle, petite-fille de Kolea x Cabdula du Tillard, ISO 152, meilleure jument de sa génération à 6 ans est à l’élevage ainsi qu’Enola, sœur utérine de Cheyenne x Nonplusultra.
Les poulains de cette année ont pour père Emerald, Baloubet du Rouet, Clarimo ASK, Comme Il Faut, Quaprice For Ever ».
Les ondes positives de Karma
La naissance de poulains est toujours source de joies immenses, un hymne à la vie. Elle est parfois aussi source d’angoisses. Ce fut le cas cette année avec la naissance de Karma, un fils de Comme Il Faut et Quarmen de Toscane, né par transfert que sa mère porteuse a rejeté très violemment à sa naissance. Enormes soucis et surveillance de tous les instants jusqu’à ce qu’une mère de substitution soit trouvée quelques jours après grâce à une alerte sur facebook. La bonne Sweet qui venait de perdre son poulain en Alsace est arrivée à la Violle où d’emblée elle a accepté d’allaiter le petit orphelin. L’histoire du sauvetage ne s’arrête pas là . Soucieuse de savoir si le poulain était suffisamment immunisé, Sandra fit pratiquer un test d’immunité qui se révéla hélas négatif. Le colostrum que la porteuse avait délivré avec beaucoup de difficultés n’avait eu aucun effet et le poulain aurait pu succomber à la moindre attaque virale. L’expérience des éleveurs fut ici prépondérante : seule une perfusion de plasma sanguin pouvait mettre le poulain hors de danger. Le salut vint d’Italie… avec deux poches du précieux liquide qui ont définitivement accroché le poulain à la vie. Karma, le bien nommé, est un chic bébé qui ne quitte plus sa mère adoptive.
Un nouveau cap prochainement
« Pour le moment, poursuit Sandra, les embryons récoltés par ICSI en Italie sont réimplantés sur des porteuses au centre d’insémination Paradi’ziac en Normandie, en collaboration avec Maud Caillaud du Haras du Pin, puis les mères porteuses reviennent ici. Il est fort probable qu’un nouveau cap soit franchi puisque j’envisage de faire une formation de chef de centre. Je ferai moi-même les transferts et la réimplantation des embryons, ce qui nous évitera les déplacements et réduira les frais inhérents à cette pratique ».
Un nouveau cap donc vers l’autonomie et vers l’hyper professionnalisation.
L’effet Cheyenne
Double champion, Cheyenne a forcément mis et installé durablement l’élevage de la Violle au premier plan de l’actualité équestre. Son exploit unique dû aussi au talent de son cavalier, a eu un effet zoom sur la notoriété de l’élevage. « C’est indéniable, constate Sandra. Beaucoup de gens nous ont contactés. Des ventes se sont faites et d’autres sont en cours. Des ventes à des prix normaux. Certains ont pensé, à tort, que nous allions afficher des tarifs importants. Il n’en est rien. Chaque cheval est estimé à sa juste valeur et la négociation fait le reste. Quant à Cheyenne, s’il est à vendre, il n’est pas à brader ».
Etienne Robert
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