SANTE : Le Respect de la Physiologie du Cheval, pour son Bien-être et sa Santé


Nombreux sont les chevaux qui passent une grande partie de leur vie seuls dans un box ou dans un paddock, ce qui correspond, pour l’être humain, à une cellule de 2 m² ou à une cour fermée de 50 m² !

Ces conditions de vie favorisent l’ennui et, lorsque le cheval reste longtemps seul, de la dépression qui, lors de stress répétés (maltraitances, environnement bruyant, douleurs internes, …), mène à l’agressivité, à la rétivité, aux stéréotypes ou aux addictions.

La mise à l’herbage, la promenade quotidienne, le compagnon d’écurie et de paddock, le pansage, le chuchotage, les jeux, la reconnaissance précoce de maladies et douleurs, sont autant de bons moyens pour lutter contre ces problèmes.



Lorsqu’il mange au sol, le cheval se tient dans une position relaxante : les muscles du cou sont détendus, la tête étant maintenue, sans dépense d’énergie, par le ligament nucal, fixé au garrot à son autre extrémité.

Le poids de la tête est alors contrebalancé grâce au ligament supra-épineux, qui unit le garrot à toutes les vertèbres dorsales et lombaires.

La musculature est alors seulement sollicitée pour des petits mouvements de la tête et des membres, afin de pouvoir approcher la bouche des herbes à brouter.

L’ingestion au sol permet une mastication rotative, qui permet une bonne usure des tables dentaires.

L’œsophage dispose d’une puissante musculature pour remonter le bol alimentaire de la bouche vers l’estomac.

La position tête relevée, attitude de vigilance, ne détend pas le cheval.



Manger à l’auge et au râtelier ne relaxe pas le cheval, de même lorsqu’il passe la tête par dessus la porte du box. Le ligament nucal et le ligament supra-épineux étant alors relâchés, le cheval est également prédisposé à des douleurs dorsolombaires et à l’ensellement.

Comme le cheval mange en hauteur, sa bouche à l’horizontale ne sollicite que la mastication latérale, propice aux surdents et aux arthralgies temporo-mandibulaires.

De plus, l’ingestion en hauteur prolongée pendant plusieurs mois sollicite beaucoup moins la musculature de l’œsophage, qui ainsi s’atrophie, au point de favoriser les obstructions œsophagiennes, en particulier chez les chevaux boulimiques.

Enfin, le manque de relaxation épuise les capacités de vigilance et accentue alors les risques de fatigue, de dépression et de leurs conséquences.

Ainsi, au box et au paddock, l’alimentation au sol doit être privilégiée, et le temps de repas augmenté : coffre à foin grillagé, distributeur de concentrés à débit réduit, …, pour plus de temps de relaxation.



Le cheval est doté d’une puissante musculature qui lui permet de courir vite et longtemps; cette capacité nécessite un appareil cardio-respiratoire très puissant qui oblige à un volume thoracique important par rapport à l’abdomen.

Le gros intestin occupe une grande partie de l’abdomen au détriment de l’estomac, proportionnellement 3 fois plus petit que le nôtre.

Ainsi, l’estomac d’un cheval de 450 Kg ne peut digérer parfaitement, par heure d’ingestion, plus de 600 grammes de matières sèches (soit environ 10 Kg d’herbe verte, 750 g de foin ou 700 g de concentrés, dilués dans environ 4 litres de salive, puis 1 litre de suc gastrique).

La digestion de la cellulose alimentaire s’effectue dans le caecum grâce à une flore microbienne qui synthétise alors les acides aminés indispensables, les acides gras essentiels et des vitamines B, qui sont ensuite absorbés par le colon du cheval.

Dans la nature, le cheval boit une fois par jour, et hors des repas.



Les aliments au râtelier et à l’auge sont donc consommés trop rapidement : au moins 2 à 3 fois plus vite que dans la nature pour le foin, et bien plus encore pour les concentrés! 2 kg de concentrés consommés en 15 minutes par un cheval qui passe pour manger « lentement », c’est plus de 10 fois ce que ses capacités digestives lui permettent !

Le foin, et surtout les aliments concentrés, faute de mastication suffisante et trop vite déglutis, sont insuffisamment broyés et trop faiblement imbibés de salive parotidienne, composée d’eau, de bicarbonates, et d’enzymes favorisant la digestion des amidons contenus dans les céréales.

Il ne faut pas compter sur l’eau de boisson pour diluer le bol alimentaire ; cette eau glisse le long des parois de l’estomac et passe très vite dans l’intestin, sans être absorbée par les aliments contenus dans l’estomac.

Suite au manque de salive, la liquéfaction des aliments, indispensable pour permettre le passage du bol alimentaire dans l’intestin grêle, ne s’effectue que grâce à une plus grande sécrétion de suc gastrique (composé de 90 % d’eau et de 10 % d’acide chlorhydrique).

En cas d’ingestion trop rapide, si le temps de mastication est divisé par 2, cela signifie que 2 litres de salive sur 4 ne sont pas sécrétés par les glandes salivaires parotidiennes et sont alors remplacés (pour assurer une liquéfaction du bol alimentaire suffisante pour son passage dans l’intestin) par 2 litres de suc gastrique, apportant également 3 fois plus d’acide chlorhydrique dans l’estomac que la normale, avec diverses conséquences d’autant plus graves que l’animal mange vite et en grande quantité (surtout les concentrés, très peu mastiqués).

- le temps de sécrétion de suc gastrique augmente avec la demande supplémentaire, ce qui prolonge la digestion gastrique.

Progressivement, pour fournir l’augmentation de la demande en suc gastrique , la surface de muqueuse qui sécrète le suc gastrique augmente, créant des plis dans lesquels des particules alimentaires se coincent et se putréfient, ce qui diminue la quantité de nutriments digestibles et produit des toxines qui favorisent les ulcères gastriques, et nuisent à la bonne digestion de la cellulose).

- l’augmentation de la quantité d’acide chlorhydrique et le déficit en bicarbonates salivaires favorisent une hyperacidité qui brûle la muqueuse de l’estomac, provoque une gastrite chronique et l’apparition d’ulcères de l’estomac, plus ou moins douloureux selon leur localisation;

- quand, par une action, l’animal s’aperçoit que ses gastralgies sont momentanément atténuées, il la renouvelle jusqu’à en faire une addiction.

La plus fréquente des addictions est la boulimie, le volume d’aliment ingéré permettant d’absorber momentanément le suc gastrique excédentaire qui ronge les ulcères.

Les tics et autres vices d’écurie sont d’autres moyens de diminuer les brulures d’estomac : les tics à l’air, de l’ours et à l’appui favorisent la remontée par l’oesophage de l’acide chlorhydrique, gaz en suspension instable dans l’eau.

Les pica, de bois, de fumier, de sable ou de terre, permettent d’absorber une partie du suc gastrique, mais irritent la paroi des intestins jusqu’à provoquer de l’entérite ou des perforations intestinales.

Les dispositifs anti-tics, non seulement ne traitent pas le problème, mais procurent un surcroît de stress qui aggrave les ulcères gastriques.

La potomanie est un autre moyen pour le cheval de diluer l’acide gastrique et ainsi atténuer ses brûlures. Lorsqu’un cheval boit plus que de raison, il faut s’en inquiéter, et, s’il fait des coliques, ce ne sera pas parce que l’eau est trop froide, mais le plus souvent suite à une péritonite par perforation d’un ulcère gastrique.

Par ailleurs, les remontées de gaz chlorhydrique par l’œsophage, en irritant le larynx et le pharynx, provoquent laryngites et déglutitions douloureuses propices à une baisse d’appétit.

L’hyperacidité gastrique, en inhibant la musculature du muscle pylorique, favorise également une béance durable du pylore (normalement fermé pendant le temps de digestion gastrique).

Cela permet la fuite de liquides hyper-acides dans l’intestin grêle, provoquant la formation d’ulcères intestinaux, de spasmes du canal cholédoque responsables de rétention de la bile, (précieux antiacide et antiseptique naturel de l’intestin), et l’inflammation du canal pancréatique qui, en se resserrant, empêche l’écoulement du suc pancréatique.

En conséquence, la rétention de suc pancréatique nuit à la bonne digestion enzymatique des aliments et favorise une inflammation du pancréas pouvant mener à une pancréatite fréquemment mortelle...



A suivre dans notre prochaine édition du 16 février
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